Conférencière bannie: pitoyable censure

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Peut-on encore débattre au Québec ?


L’Alliance des professeures et professeurs de Montréal a interdit à la professeure de l’Université de Montréal Nadia El-Mabrouk, qu’elle avait pourtant invitée, de participer à l’important colloque « pédagogique » que le syndicat organise en février.


Comme l’a rapporté Le Devoir dans son édition de vendredi, Nadia El-Mabrouk devait donner une conférence sur la laïcité et participer avec la journaliste et chroniqueuse Pascale Navarro à une table ronde sur le mouvement #MeToo, l’éducation à la sexualité et l’émancipation des femmes. Or sa présence a suscité un « malaise » parmi les membres de l’Alliance et des « commentaires violents » sur Facebook, ce qui a conduit les délégués syndicaux à voter pour le bannissement de la conférencière, dont les opinions sur la laïcité et sur le cours controversé d’éthique et culture religieuse (ECR) tranchent avec les positions du syndicat.


Néo-Québécoise d’origine tunisienne et de culture musulmane, membre du groupe féministe Pour les droits des femmes du Québec (PDF Québec), Nadia El-Mabrouk milite en faveur de la laïcité et contre le port de signes religieux par les employés de l’État.


Il est certes légitime pour l’Alliance et la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) à laquelle elle est affiliée de s’opposer à l’interdiction du port de signes religieux visant les enseignants, une mesure que le gouvernement caquiste entend instaurer. On comprend aussi que c’est le devoir d’un syndicat de défendre chacun de ses membres, en l’occurrence les enseignantes qui portent le voile à l’heure actuelle.


Il ne s’agit pas ici de juger de la valeur des positions de Mme El-Malbrouk, qui par ailleurs n’ont rien de marginal et représentent un courant très présent au Québec. Ce qui est révoltant, c’est qu’un syndicat, une organisation qui se veut démocratique, foule aux pieds la liberté d’expression en refusant de débattre de sujets qui concernent ses membres et qui sont loin de faire l’unanimité en ses rangs.


Qu’un syndicat d’enseignants s’en prenne ainsi à cette liberté fondamentale est inquiétant alors que, ironie du sort, une interprétation qu’ils contestent de leur devoir de loyauté les bâillonne.


On peut y voir un signe des temps où les « commentaires violents » sur les réseaux sociaux prennent le pas sur l’argumentation, où les jugements lapidaires remplacent le dialogue, où l’intolérance, souvent drapée de vertu, répond à la contradiction. Il s’agit d’une tendance censoriale, observable aussi à l’université, qui menace les fondements mêmes d’une société libre et démocratique comme la nôtre.











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