(Québec) Dans un livre publié par Septentrion, L'Affaire Michaud, l'historien Gaston Deschênes revient sur un événement qui, aujourd'hui encore, fait honte à la démocratie parlementaire québécoise.
Le 14 décembre 2000, l'Assemblée nationale du Québec adoptait une motion dénonçant des «propos inacceptables à l'égard des communautés ethniques» tenus la veille par Yves Michaud devant la Commission des États généraux sur la situation et l'avenir de la langue française. Commission qui siégeait à Montréal.
Cette motion, rappelle l'historien, fut adoptée après avoir été évoquée dans une question orale du chef de l'Opposition, Jean Charest, sans que les «propos inacceptables» d'Yves Michaud n'aient été lus aux députés. Et, plus intrigant encore, sans que l'accusé n'ait eu la moindre possibilité de se défendre.
On n'a jamais su qui était l'auteur de cette motion votée dans l'urgence. En effet, cette motion fut présentée conjointement par le député libéral de D'Arcy-McGee, Lawrence Bergman, et le député péquiste de Sainte-Marie-Saint-Jacques, André Boulerice.
Cette motion était ainsi libellée: «Que l'Assemblée nationale dénonce sans nuance, de façon claire et unanime, les propos inacceptables à l'égard des communautés ethniques et, en particulier, à l'égard de la communauté juive tenus par Yves Michaud à l'occasion des audiences des états généraux sur le français à Montréal le 13 décembre 2000.»
L'affaire a été réglée en moins d'une heure. Sans débat et à l'unanimité des 109 députés présents.
Une situation vue par de nombreux observateurs comme un lynchage politique.
À l'époque, le Parti Québécois était au pouvoir et Lucien Bouchard était premier ministre. Yves Michaud, lui, était candidat à l'investiture du Parti Québécois dans la circonscription de Mercier.
Ce livre de 256 pages, L'Affaire Michaud, est tout à la fois passionnant et désolant.
Passionnant, parce qu'il donne toute l'information relative à cette histoire et démontre que ce qu'a dit Yves Michaud n'avait rien de scandaleux. Désolante, parce que l'on constate à quels dérapages et à quels mensonges sont prêts certains politiciens!
Gaston Deschênes a fait carrière à l'Assemblée nationale, notamment à titre de chef du Service de recherche et directeur des Études documentaires. Il a publié plusieurs ouvrages à caractère historique.
Également chez Septentrion, les historiens Xavier Gélinas et Lucia Ferretti publient Duplessis, son milieu, son époque. Une magistrale étude de 520 pages à laquelle ont collaboré une trentaine de personnes. Parmi lesquelles Roch Bolduc, Gaston Deschênes, Denis Monière, Louis O'Neil, Jean-Noël Tremblay et Denis Vaugeois.
Au sommaire, les thèmes et les controverses qui ont marqué les années Duplessis et qui demeurent terriblement d'actualité. À savoir : l'identité nationale, le fédéralisme, l'administration publique, le développement régional, les droits et libertés, les moeurs politiques, etc.
Un livre qui rappelle de manière documentée que ceux qui ont fait la Révolution tranquille durant les années 60 ont été formés pendant cette «fameuse Grande Noirceur», ainsi que l'on qualifie la période pendant laquelle Maurice Duplessis exerça le pouvoir.
Denis Vaugeois va jusqu'à dire que René Lévesque avait bien des raisons de sortir la statue de Duplessis du placard et de lui accorder une place d'honneur sur la Grande-Allée.
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