Louise Leduc - C'est bien une divergence de vues au sujet de la vocation de l'Université Concordia et non «les raisons personnelles» initialement évoquées qui expliquent le départ de la rectrice Judith Woodsworth deux ans seulement après son entrée en fonction et ce, avec une prime de départ de 703 500$.
Cela ressort clairement dans un «message à la communauté de Concordia» écrit par Peter Kruyt, président du conseil d'administration de l'Université Concordia et vice-président de Power Corporation.
Concordia aspire «à se classer parmi les meilleures universités généralistes du Canada d'ici dix ans et à s'imposer comme premier choix pour les étudiants et les professeurs d'ici et de l'étranger dans les domaines ciblés qui font sa réputation. C'est donc dans ce contexte et à la suite de discussions avec les membres du conseil d'administration que Mme Woodsworth a décidé de démissionner.»
Un peu plus tôt dans son message, M. Kruyt a aussi évoqué que Concordia cherche à trouver son équilibre «entre sa tradition d'établissement accueillant et engagé et notre mission d'excellence en enseignement, en recherche (...)»
Qu'est-ce que cela signifie? Que l'Université Concordia entend resserrer ses critères d'admission? Est-elle prête à limiter le nombre d'inscrits dans certains départements ciblés pour en rehausser la réputation et attirer plus d'étudiants étrangers?
Il n'a toujours pas été possible de parler à Peter Kruyt, qui n'accorde aucune entrevue.
Chose certaine, Mme Woodsworth n'est pas partie parce qu'elle a enfreint des règles éthiques, insiste M. Kruyt dans sa lettre. «Certains ont avancé que le départ de Mme Woodsworth serait lié à une mauvaise utilisation des fonds par elle ou son mari. Ce sont des calomnies et des affirmations injustes et irresponsables. En outre, tout conflit d'intérêts potentiel a été porté à l'attention du conseil d'administration, conformément à nos règlements.»
M. Kruyt fait ici référence à des informations du Journal de Montréal confirmées par le service de communications de l'Université Concordia selon lesquelles Mme Woodsworth et son mari sont allés aux Jeux olympiques de Vancouver, toutes dépenses payées par Bell. Sept mois plus tard, Bell, qui était déjà fournisseur de services à l'Université Concordia, décrochait un autre contrat de 900 000$.
Selon le service de communications de l'Université Concordia, Mme Woodsworth s'était au préalable retirée de toute discussion future concernant Bell. Au surplus, sa voiture de fonction a été louée auprès d'une entreprise appartenant à un autre membre du conseil d'administration, Norman E. Hébert, sans que la chose ne soit dévoilée au président du comité d'éthique du conseil d'administration. Christine Mota, porte-parole de l'Université, a admis que c'était là une erreur. Il n'est pas possible de joindre Mme Woodsworth. Chez elle, on nous a indiqué qu'elle était en vacances à l'extérieur du pays.
Son départ suit celui de son prédécesseur Claude Lajeunesse qui, lui aussi, était parti en plein milieu de son mandat de recteur, celui-ci avec une prime de départ de 1,3 million.
Line Beauchamp, ministre de l'Éducation, a souligné qu'il s'agit d'une question de régie interne de l'université, mais a néanmoins pris contact avec l'université récemment pour y voir plus clair.
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