J’écris des articles sur la tribune libre de Vigile depuis le 9 janvier 2011 et je me sens choyé de pouvoir y présenter mes réflexions sur divers sujets. Bénéficiant de la belle naïveté de la recrue qui fait le saut dans les majeures, et n’en déplaise à certains vétérans, je me permets toutefois de vous communiquer mon malaise devant les propos pour le moins belliqueux de certains articles. Loin de moi l’idée de critiquer les faits et gestes antérieurs de certaines personnalités publiques dénoncés par les auteurs de ces articles. En tant qu’adultes majeurs et vaccinés, elles se doivent d’assumer leurs responsabilités face aux propos qu’elles ont tenus et aux décisions qu’elles ont prises par le passé!
Ceci étant dit et une fois que c’est écrit, pourquoi ne pas orienter notre discours sur les solutions proposées pour tenter de régler le problème détecté? Prenons comme exemple la nomination de Lucien Bouchard dans l’épineux dossier des gaz de schiste; à mon sens, une fois que nous avons relevé à juste titre son passé plutôt tortueux, il m’apparaît que la voix la plus éloquente et la plus retentissante devrait se faire entendre en direction d’un moratoire sur l’exploitation des gaz de schiste. À partir du moment où nous aurons lancé, à coups d’arguments, notre message à Lucien Bouchard, la balle sera dans son camp! Et si, comme plusieurs le pensent, il frappe la balle hors ligne, nous ne pourrons pas dire que nous n’avions pas raison de penser, en raison de son parcours professionnel sinueux, qu’il n’avait pas les qualités requises pour faire avancer les coureurs sur les buts!
En d’autres termes, si nous désirons que notre discours dépasse le débordement de fiel à l’endroit d’une personnalité publique et que notre voix fasse écho au-delà du lectorat de Vigile, peut-être aurions-nous avantage à troquer le langage de la confrontation stérile pour celui d’une analyse des faits rigoureuse (ce que les vétérans exécutent très bien!) alliée à des propositions de solutions. À cet effet, à ma souvenance, le fondateur du Parti Québécois, le seul parti officiellement reconnu encore aujourd’hui revendiquant ouvertement la souveraineté du Québec en priorité, a toujours affirmé courageusement ses idées dans la dignité sans dénigrer ses adversaires! Certains seront peut-être tentés de rétorquer que la démarche n’a pas porté fruit. Je leur répondrais que ce n’est pas l’affirmation de ses idées dans le respect de l’autre qui a fait défaut mais plutôt le manque de courage et de détermination des dernières recrues qui ont pris la relève du flambeau!
En résumé, je ne crois pas que nous allons bâtir un pays en dépensant nos énergies à dénigrer nos adversaires. En bout de ligne, à quoi peut nous servir la sempiternelle confrontation si nous n’arrivons pas à mobiliser nos joueurs autour de l’objectif ultime de la victoire?
Henri Marineau
Québec
Message aux vétérans
Commentaire d'une recrue
Objectif : mobiliser les joueurs!
Tribune libre
Henri Marineau2093 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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2 commentaires
L'engagé Répondre
30 janvier 2011Mon analyse politique c'est d'abord que les gens ont la mémoire courte et qu'ensuite, que les médias contrôlent « l'agenda » et vous savez aussi bien que moi qui contrôle les médias.
Vous avez tout à fait raison de proposer des actions constructives, mais cela concerne notre propre camp. L'autre camp, celui qui pille et qui dépossède le Québec autant économiquement que politiquement ne s'embarrasse pas de mentir, de tricher ou de violer la loi.
La stratégie consiste à mon sens à bâtir logiquement, avec intégrité et dans un souci d'exactitude nos projets (projet de pays, projets économiques, énoncés linguistiques) et c'est encore plus important lorsque nous sommes en désaccord entre nous.
Mais dans le contexte actuel (société de consommation, atomisée, individualisée , qui évolue dans un temps accéléré), on ne gagne pas seulement parce que notre option est bien présentée et bien communiquée. On gagne aussi parce que le public éprouve de l'aversion envers notre adversaire.
Si nous construisions cette aversion sur des mensonges, notre comportement serait honteux, mais nous avons la vertu de notre côté : nous défendons notre pays, notre nation des vautours, des pilleurs.
Pour ce faire, le public doit comprendre qu'il est menacé par des prédateurs et des charognards. Pendant que certains intellectuels et artistes construisent littéralement notre nation, d'autres plus populistes, j'en suis, discréditent nos adversaires.
Ainsi je n'ai aucune honte à diffuser une photo truquée de Bouchard qui nous fait un doigt d'honneur, cette image, quoique fausse, incarne un niveau de vérité symbolique que l'on avait pressenti et qui se confirme de jour en jour. Ainsi, quand la vérité est pire que le mensonge qui la met en scène, la caricature sert à faire tomber les masques et montre au public le monstre qui se cache sous le joli déguisement.
Quand un travail rigoureux, comme celui de Le Hir, vient consolider nos intuitions, le public a accès à un peu plus de vérité : la vérité symbolique du pamphlet vient porter celle de l'enquête.
J'ai dit que le public avait la mémoire courte, en accompagnant le combat rigoureux, honnête et intellectuel d'une crucifixion symbolique, nous nous assurons que ce que le public aura oublié d'une manière rationnelle, il s'en souviendra d'une manière affective.
Stefan Allinger Répondre
30 janvier 2011Merci pour ce beau message M. Marineau.
Je suis d'accord que mettre autant d'énergie sur nos adversaires nous empêche de construire. Il faut par contre reconnaître qu'il est difficile de bâtir un bâtir un pays lorsque d'autres veulent l'empêcher de naître.
Stefan Allinger