Coalition pour l'avenir [libéral] du Québec!

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La CAQ, un second PLQ avec un vernis identitaire

Il est absolument indéniable que la CAQ de François Legault est très populaire auprès d’ex-militants, candidats et députés libéraux, beaucoup plus que tout autre parti.


Il ne suffit que de s’arrêter à la liste des candidats déjà annoncés par le parti de François Legault pour avoir une meilleure idée de la popularité de la CAQ auprès d’ex-libéraux. À un point tel qu’il sera difficile de ne pas y voir une sorte d’abordage.


On parle ici d’environ le tiers des candidats annoncés jusqu’ici, hors députation. Ce n’est pas banal.


Des ex-employés libéraux, députés, militants, donateurs politiques; la plupart au provincial, quelques-uns au fédéral, une «récolte» impressionnante. Manifestement, la conversion hyper-fédéraliste de François Legault et le choix du parti de se positionner résolument comme solution de rechange « libérale » ont été entendus par nombre d’ex-sympathisants libéraux.


Dans certains cas, la conversion «caquiste» de ces libéraux a de quoi surprendre tant elle fut soudaine.


Tous connaissent le cas de l’ex-ministre libérale Marguerite Blais qui un jour est de toutes les photos de l’investiture libérale dans Prévost et qui, le lendemain (presque!), s’annonce comme candidate de la CAQ contre celle à qui elle venait de donner son appui.


Ça fait penser à la conversion «caquiste» de Sarah Lacasse-Dwyer, la candidate de la CAQ dans Argenteuil qui, jusqu’à récemment, était la présidente de l’association libérale de son comté. L'appel de la politique semble très fort pour cette candidate au parcours, disons, étonnant. En 2015, c'est plutôt au NPD qu'elle avait tenté sa chance. Mme Lacasse-Dwyer ayant perdu l'investiture du comte Argenteuil-La Petite Nation devant Chantal Crête. NPD---PLQ---CAQ...


Aussi, on ajoutera les Benoit Vachon dans Sherbrooke, Nadine Girault dans Bertrand, Vincent Caron dans Portneuf, Svetlana Solomykina dans Taschereau, Éric Girard dans Groulx, Jean Boulet dans Trois-Rivières, ont tous été membres, militants ou contributeurs au Parti libéral du Québec.


Il y a aussi d’ex-candidats, militant ou employé du Parti libéral du Canada au sein de l’équipe de candidats caquistes. Pierre Dufour dans Abitibi-Est par exemple.


Ou encore, la candidate caquiste Adriana Dudas dans Fabre, qui fut de l’équipe de Justin Trudeau en 2015 dans Repentigny. Fait cocasse, on se demande toutefois si celle-ci sera bien à l’aise avec l’étiquette «nationaliste» de son parti quand on constate que, lors d’une entrevue de campagne en 2015, Mme Dudas avançait que le politicien fédéral qui l’avait le plus inspiré était Pierre-Elliot Trudeau, «un des plus grands bâtisseurs du Canada moderne» selon elle.


Notons également le candidat de la CAQ dans Mille-iles Mauro Barone, un ex employé du tristement célèbre (scandale des Commandites) ministre Alfonso Gagliano. Ce dernier se félicitait d’ailleurs que certains de ses ex-employés fassent carrière en politique provinciale, au PLQ et à la CAQ.


Cela enchantait pas mal moins le chef de la CAQ François Legault cependant. Quand celui-ci avait présenté son candidat il y a quelques mois, il avait soigneusement pris soin de ne pas mentionner le lien avec M. Gagliano présentant plutôt Mauro Barone comme «ancien conseiller dans le gouvernement de Jean Chrétien». C’était faux. M. Barone était un employé du ministre Gagliano.


Si l’équipe de candidats de François Legault comprend aussi quelques candidats à qui on prêtait des sympathies péquistes – notamment Chantal Rouleau dans Pointe-aux-Trembles ou encore Suzanne Dansereau dans Verchères –, il est absolument indéniable que c’est du côté des libéraux que l’empreinte est la plus forte à la CAQ.


Cela n’est guère étonnant puisque François Legault s’est assuré que son positionnement politique soit attrayant pour l’électorat libéral.


Discret sur l’aspect «nationaliste» du programme - comme son affirmation du refus du rapatriement de la constitution de 1982 et la nécessité de conduire un Meech 2 – et plus affirmé quant à la défense du fédéralisme et dispersion de toute affirmation nationale, assurances répétées qu’il n’y aurait jamais de référendum, etc.


Passage obligé pour un ancien péquiste qui veut se rendre acceptable auprès de l’électorat libéral.


Et c’est là le plus ironique de la situation dans laquelle se trouve la CAQ à quelques mois des élections. Si François Legault réussit à prendre le pouvoir en octobre prochain, ce sera par sa capacité à fédérer assez du vote libéral pour y arriver. Mais pour fédérer ce segment de l’électorat, il lui faudra aussi, dans une certaine mesure, inscrire sa gouvernance dans la continuité libérale.


Et c’est son candidat dans Groulx, Éric Girard, donateur régulier à la caisse du PLQ, banquier de son métier, qui l’a le mieux exprimé quand il a vanté la gouvernance économique du Parti libéral et plaidé pour la continuité en la matière...


Pour aider François Legault, je lui propose donc le slogan électoral suivant :


«La CAQ, le plus petit dénominateur de changement. Mais du changement quand même!»