Commission Bastarache

Charest nie en bloc les allégations de Bellemare

la commission Bastarache est insuffisante

Commission Bastarache

Le premier ministre du Québec, Jean Charest, n'a pas attendu de comparaître devant la commission Bastarache avant de réagir au témoignage de son ancien ministre Marc Bellemare.
Une quarantaine de minutes après la comparution du témoin vedette de cette commission, mardi, le premier ministre Charest a démenti, au cours d'un bref point de presse, les principales allégations de l'ancien ministre de la Justice.
M. Bellemare n'a pas soulevé avec moi la question d'influences indues dans la nomination des juges. J'ai encore moins dit à M. Bellemare d'accepter la nomination d'une personne parce qu'il était sous pression
de qui que ce soit.
— Le premier ministre Jean Charest

Jean Charest a également démenti être un proche du collecteur de fonds du Parti libéral Franco Fava, au sujet duquel M. Bellemare a soutenu qu'il avait exercé des pressions sur lui, en 2003, pour qu'il procède à la nomination de deux juges à la Cour du Québec.
M. Charest l'a plutôt présenté comme une « connaissance ». « Je croise M. Fava deux ou trois fois par année dans le contexte d'événements du parti », a-t-il soutenu.
Je ne suis pas un proche de M. Fava, je connais M. Fava. Je ne l'ai jamais reçu dans mon bureau
et il n'a pas d'accès privilégié.
— Le premier ministre Jean Charest

Le premier ministre a par ailleurs ajouté que M. Fava n'était pas avec lui le soir de la victoire électorale de 2003, contrairement à ce qu'a laissé entendre M. Bellemare lors de son témoignage.
« J'ai voulu faire cette mise au point à la première occasion, a-t-il ajouté. Je vous signale que je témoignerai devant la commission Bastarache et que je le ferai de bon coeur. » M. Charest a par ailleurs précisé qu'il ne réagirait pas de façon quotidienne aux témoignages de la commission.
« Je n'ai pas l'intention de commenter à chaque jour et chaque témoignage de la commission Bastarache. Je me réserve le droit de commenter si je le juge nécessaire », a-t-il conclu.
Un témoignage davantage apprécié par l'opposition
S'il convient que le contre-interrogatoire de Marc Bellemare pourrait révéler certaines failles, le Parti québécois juge pour l'instant ses propos crédibles.
La porte-parole péquiste en matière de justice, Véronique Hivon, fait valoir que les déclarations étaient bien documentées, faites sous serment et qu'elles provenaient d'un ancien ministre de la Justice, nommé par Jean Charest lui-même.
La députée qualifie les allégations de Marc Bellemare de très graves. Le rôle du collecteur de fonds libéral Franco Fava dans le choix du juge Marc Bisson suscite plein de questions, soutient-elle.
On est en droit de se demander si ce sont les collecteurs de fonds qui mènent au gouvernement. Il semble que le premier ministre accorde plus d'importance et de respect à ses collecteurs de fonds qu'à son propre ministre de la Justice. Est-ce la même chose avec son ministre de la Famille, son ministre des Transports? Je pense que les Québécois sont en droit de se poser la question.
— La députée Véronique Hivon

Le PQ, qui réclame depuis des mois une enquête publique sur d'éventuels liens entre l'industrie de la construction, l'octroi de contrats gouvernementaux et le financement des partis politiques, répète en outre que la commission Bastarache est insuffisante.
La députée Hivon en veut pour preuve certaines allégations soulevées par M. Bellemare au cours de son témoignage, mais qu'il n'a pas eu l'occasion d'étayer, le procureur de la commission ayant indiqué que cela ne faisait pas partie du mandat de la commission.
Marc Bellemare a affirmé que Denis Roy, un ancien conseiller politique de Jean Charest, lui avait demandé, en 2003, d'intervenir dans un procès criminel. Il a ajouté avoir discuté de la question avec le premier ministre.
« Ça a vite été coupé et moi je pense que c'est une preuve de plus que cette commission-là ne pourra pas aller au fond des choses », a estimé Mme Hivon.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé