S'il faut en croire l'ex-ministre Claude Castonguay, le Québec aurait tout à gagner à ce que l'ADQ devienne l'opposition officielle.
Bien que nuancé, cet appui tombe comme une surprise. Le père du régime d'assurance maladie a toujours été proche du Parti libéral du Québec. Dans une entrevue accordée hier à La Presse, M. Castonguay précise qu'il s'attend à une réélection des libéraux le 26 mars; il la souhaite même. Mais, selon lui, il serait salutaire pour le Québec que ce gouvernement soit minoritaire.
Ancien ministre de Robert Bourassa, il était aux côtés de Jean Charest quand celui-ci avait lancé la plateforme santé de son parti aux élections de 1998. Sans ambages, il dit prévoir que les libéraux seront réélus, mais il serait sain, selon lui, que l'ADQ occupe une plus large place, dans le débat public autant qu'à l'Assemblée nationale. «M. Dumont représentait 18 % des électeurs en 2003, ils n'ont pas eu les moyens correspondants. Ce parti a apporté et continuera d'apporter une contribution importante», relève-t-il.
Minoritaire «une bonne chose»
Pour Claude Castonguay, «la campagne actuelle permet un réalignement des forces très sain pour la démocratie. L'absence de la question de la souveraineté, dans la campagne, «laisse prévoir pour le lendemain du 26, un changement qui pourrait être significatif dans la représentation à l'Assemblée nationale».
«Les sondages permettent d'espérer que l'ADQ devienne l'opposition officielle et que le Parti québécois soit relégué en troisième place, ce qui le forcerait à revoir son orientation», d'ajouter M. Castonguay, qui avait été nommé au Sénat par Brian Mulroney, en 1990 il avait cependant démissionné deux ans plus tard.
«L'arrivée de l'ADQ sur la scène fait que le débat portera beaucoup plus sur les vrais débats du Québec, l'économie, l'emploi, plutôt que sur l'habituelle division entre fédéraliste et souverainistes», observe M. Castonguay, qui se trouvait hier midi à l'allocution de Jean Charest à l'Institut économique de Montréal. «Et je serai à celle de M. Dumont la semaine prochaine.»
Selon lui, on s'oriente vers un gouvernement minoritaire : «Je pense que ce serait une bonne chose l'attention porterait vraiment sur les enjeux importants.»
Selon lui, Mario Dumont a «la compétence et la stature pour devenir un chef de l'opposition efficace et devenir ultérieurement premier ministre», a poursuivi l'ancien collaborateur de Robert Bourassa.
Quand on lui rappelle les critiques voulant que le chef adéquiste n'ait pas d'équipe forte autour de lui, il minimise le manque d'expérience des candidats adéquistes: «Ils vont faire leurs armes se préparer dans l'opposition pour un jour arriver au pouvoir.»
Medicina
Appelé à commenter la manchette de La Presse révélant qu'une firme de Montréal, Medicina, se spécialise dans l'accélération du traitement des patients qui acceptent de payer plutôt que d'attendre une intervention, M. Castonguay dit désapprouver «des comportements qui peuvent discréditer toutes les cliniques privées, et l'idée d'une plus grande présence du privé en santé. Ce que je vois dans le journal me paraît étrange. Si c'est le seul et unique service que cette organisation rend, je trouve que ce n'est pas dans l'esprit de ce qu'on a dans le système de santé».
Il y a cinq ans, il avait participé avec le Dr Réjean Thomas, ex-candidat péquiste et proche d'André Boisclair, à un congrès de l'Action démocratique sur la santé. Déjà, les observateurs avaient relevé la parenté des idées de M. Castonguay avec les orientations de l'ADQ.
M. Castonguay refuse toutefois d'entrer sur le terrain du programme de l'ADQ en matière de santé. Le parti de Mario Dumont propose un régime mixte, qui laisse une place importante au privé. «Je ne veux rien dire là-dessus, Chaque fois qu'on dit le mot changement en santé, on ressort des histoires de système à deux vitesses», constate-t-il.
«Après les élections, il sera grand temps de reprendre la question de la santé, et je compte bien intervenir», a-t-il précisé.
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