Charest a son premier discours électoral en poche

Et il en réserve l'exclusivité à la Chambre de commerce de Québec

Élection Québec - 8 décembre 2008

Les invitations sont déjà lancées pour le premier discours que Jean Charest prononcera lors de la campagne électorale. Tout est prêt pour le déclenchement des élections la semaine prochaine, sous le thème de l'économie.
Québec -- Le chef libéral Jean Charest prononcera le discours de lancement de sa campagne électorale le jeudi 6 novembre, devant la Chambre de commerce de Québec. Le titre de son allocution: Un plan pour protéger la sécurité économique du Québec.
La Chambre de commerce de Québec a fait parvenir à ses membres, hier, une invitation pour venir entendre le premier ministre au Capitole de Québec donner «sa vision et son plan pour protéger l'avenir économique du Québec». Un court résumé de ce discours donne un avant-goût de l'importance que Jean Charest accordera à l'économie lors de l'élection générale qu'il déclenchera mercredi, le 5 novembre. «Le Québec doit se prémunir contre les turbulences engendrées par la crise financière qui sévit sur les marchés nord-américains et même mondiaux», peut-on lire. Ce texte a été fourni par le cabinet de M. Charest. Ce n'est que mardi que les aides de camp du premier ministre ont fait les arrangements pour la tenue de l'événement.
Hier, son attaché de presse, Hugo D'Amours, continuait d'affirmer que la décision de déclencher des élections mercredi prochain n'avait pas été prise.
Or Jean Charest aurait voulu maintenir le suspense au sujet du déclenchement d'élections cet automne qu'il n'aurait pas pu. À l'Assemblée nationale hier, la chef du Parti québécois a présenté une motion, qui a reçu l'assentiment des élus adéquistes, demandant au premier ministre de renoncer à tenir des élections précipitées cet automne. Les députés libéraux ont voté contre.
Si Pauline Marois ne semble pas souhaiter d'élections cet automne, c'est qu'elle aimerait bien choisir elle-même le moment de renverser le gouvernement. «On aura l'échéancier pertinent [pour une élection] où il sera possible, d'une part, de renverser le gouvernement, mais que la situation [économique] se sera relativement stabilisée», a-t-elle avoué dans un point de presse. Lors de la période de questions à l'Assemblée nationale, Jean Charest n'a pas manqué de relever cette remarque. «Ce n'est pas pour rien qu'elle décorait son autobus», a-t-il laissé tomber.
Selon Mme Marois, si des mesures adéquates sont mises en oeuvre maintenant, les résultats ne sauraient attendre. «Ça ne prend pas de temps pour constater les effets réels», a-t-elle dit. «Si les bons gestes se posent, on peut sortir convenablement de cette crise au Québec. Et à ce moment-là, ce sera le temps de déclencher des élections». La chef péquiste semble ainsi accréditer la thèse qui circule chez les libéraux et qui veut que le PQ cherchera à défaire le gouvernement au printemps.
Par ailleurs, Pauline Marois rejette l'idée que le PQ et l'ADQ fassent une coalition pour former le gouvernement. Un gouvernement de coalition est parfaitement possible dans un régime parlementaire britannique, ont soutenu Me André Binette et Me André Joli-Coeur dans une lettre publiée hier dans Le Devoir. Plusieurs précédents existent au Canada, notent-ils. Me Joli-Coeur a été candidat péquiste dans la circonscription de Louis-Hébert à l'élection de 2007 et il est membre de la commission politique depuis mars 2008.
Pour Mme Marois, un gouvernement de coalition PQ-ADQ n'est pas la voie à suivre pour l'heure. «Ce n'est pas beaucoup dans nos traditions», a-t-elle fait observer. En outre, le PQ et l'ADQ seraient trop différents. «On a des points de vue un peu différents sur certaines orientations sociales et aussi sur l'avenir du Québec.» La chef péquiste préfère laisser le pouvoir aux libéraux pour qu'ils assurent que le Québec traverse la crise financière sans encombres. «Avec nous, il [le gouvernement Charest] peut être pas pire», estime-t-elle.
Le chef de l'opposition officielle, Mario Dumont, n'a pas voulu commenter la possibilité de former un gouvernement de coalition. À l'Assemblée nationale, il s'est fait l'écho de la déception des gens d'affaires qui auraient aimé que le premier ministre dirige la mission économique en Chine, comme il s'y était engagé.
Croisé au dîner de la Chambre de commerce de Québec, l'ancien ministre libéral Michel Després a indiqué qu'il ne serait pas candidat et qu'il ne comptait pas non plus contribuer à l'organisation de la campagne dans la région. «Non, parce que maintenant que je suis membre de la haute fonction publique comme président de la Commission des normes du travail, je dois d'abord m'occuper de mes fonctions.»
Les responsables du succès du 400e auraient sûrement fait de belles prises pour les libéraux, mais il appert que ce ne sera pas le cas. Le directeur général, Daniel Gélinas, répète que ça ne l'intéresse pas. Quant au président du conseil d'administration, Jean Leclerc (député libéral de Taschereau de 1985 à 1994), il assure qu'il ne se lancera pas. «Non, moi, j'ai fait neuf ans en politique et je ne me représenterai pas. On ne peut jamais dire "Fontaine, je ne boirai pas de ton eau", mais ce n'est pas dans mes projets.»
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Avec la collaboration d'Isabelle Porter


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