Cette hallucinante lutte pour le voile

Réplique au cours laïcité «ouverte» des profs d'université

Tribune libre

On dirait un concours de titres.
Voilà maintenant que nous avons des « "professeurs d'Université" » [1] qui disent du haut de leur grand savoir ce que les pauvres gens "sans connaissances" (sic) et par conséquent "sans jugement" (sic) doivent penser.
Les gens aiment bien se servir de leur titre [2] comme s'il était un argument ou comme si le titre rendait l'opinion infaillible. C'est sans doute le syndrome de l'infaillibilité papale. Nos profs universitaires ne sont pas papes mais leur ton n'en est pas moins condescendant.
Les titres universitaires servent à donner du poids aux opinions en dispensant de les étayer avec des arguments structurés. La rhétorique universitaire sert souvent à perdre le sens des choses et à couvrir d'un glaçage intellectuel hautain des discours soporifiques et désorientants.
Lorsqu'on a beaucoup lu, beaucoup appris, on peut argumenter avec plus de précision. Ça ne semble pas le cas pour ces érudits. On fait la morale, mais sans argumentation structurée. Tout le discours repose sur des considérations intellectuelles tordues qui sont totalement débranchées de la simple réalité du monde dans lequel nous vivons. On nous dit que la neige n'est pas vraiment blanche parce qu'elle contient toutes les couleurs et que les rayons du soleil qu'elle nous renvoie sont ci et ça. Mais voyez-vous, la neige est tout simplement blanche.
Tous ces discours sur la laïcité se résument à cette lutte hallucinante pour le voile. On dirait que le voile est devenu l'emblème féministe de tous les temps, l'emblème de la liberté, l'emblème de la liberté de conscience, l'emblème des droits Humains, l'emblème de la tolérance. Lorsqu'on lit ce fabuleux "manifeste", on constate à quel point la matière grise universitaire peut faire preuve de prouesse pour démontrer l'inverse de la réalité.

Ces honorables professeurs nous mettent en garde. Ils avisent la population en leur disant: «Le débat sur l'identité prend un virage dangereux.»
Attention, attention, pauvres gens, dans ce débat il y a deux "dangereux" courants, qui "conjugués" sont en "rupture" avec les grandes orientations du Québec «moderne».
Bonnes gens, vous êtes en train de rompre avec vos grandes orientations «modernes». Ouf! C'est bon de se le faire dire. C'est même salutaire de se le faire dire «à temps». Imaginez un instant que par inadvertance, inconscience ou insouciance nous faisions reculer notre société de plusieurs décennies en un claquement de doigts!
On nous parle de la vision «nationaliste conservatrice» qui repousse de façon, disons, maladive l'interculturalisme. Selon cette vision, l'interculturalisme met en péril le pur laine «éclipsant la mémoire de la majorité historique».
Et l'autre vision, tout aussi désastreuse au niveau de l'ouverture du cœur Humain, c'est-à-dire, cette vision qui récuse les manifestations religieuses ostentatoires dans la sphère publique. Au nom, «cette fois», d'une mauvaise conception de la société.
Le grand mal est alors dénoncé: ces deux courants se rejoignent comme des v'limeux et se renforcent dans l'intolérance envers ces minorités qu'ils voudraient mouler aux pures laines.
N'écoutant que leur lucidité universitaire, nos professeurs nous indiquent «LA» voie à suivre si on veut que notre société connaisse le salut éternel par «le pluralisme et l'interculturalisme».
Il est malheureux que leurs brillantes études n'aient pas été suffisantes pour se rendre jusqu'au communautarisme. La pluralité c'est bien, mais le communautarisme c'est un réel danger pour toutes les sociétés. Cette ghettoïsation de la société en communauté plus ou moins hermétique.
Aucune société ne peut vivre en Paix si on ne réussit pas à unir les Êtres Humains derrière des valeurs communes. Au Moyen-Orient les sunnites font sauter des chiites, en ex-Yougoslavie, les ethnies religieuses (!) se sont entretuées de façon génocidaire, au Rwanda les ethnies se sont massacrées. Partout où les valeurs communes disparaissent, il y a source de conflits violents ethniques ou religieux. La laïcité, l'égalité entre les Femmes et les Hommes, sont des valeurs universelles qui peuvent servir de dénominateur commun et permettre la vie paisible avec nos différences.
Rien n'est plus "dangereux" pour une société que le communautarisme (les ghettos). Pensons simplement à la France où on a favorisé les quartiers de "pieds noirs" ayant fui l'Algérie indépendante, ou du Maghreb ou de communautés noires africaines. Les banlieues comme on les appelle en France. Il faut se souvenir de l'automne 2005 3] où chaque nuit des voitures étaient incendiées et où les émeutes étaient devenues courantes. [Le communautarisme… c'est à éviter. [4]
Nos professeurs considèrent que de tenir fermement à vivre dans un État laïc, met en péril le pluralisme et l'accueil des cultures. Ce n'est pas parce qu'une femme n'a pas le droit de porter son voile au travail qu'on va se priver d'aller déguster un bon couscous en sa compagnie. Comme si la loi fermement laïque pour l'image et le fonctionnement de l'État mettait en péril le droit à la différence.
La laïcité ne menace en rien la culture des nouveaux arrivants. La laïcité c'est tout simplement comme le climat. Ici, même si vous venez d'un pays où il fait toujours chaud, vous devrez vous mettre un manteau pour sortir en hiver. Ici, notre climat politique dit que si vous travaillez pour l'État vous devez enlever votre voile. Chaque pays a son climat géographique, politique et même religieux. Au Québec, notre climat religieux a beaucoup évolué le siècle passé. Dans notre Québec «moderne», nous avons résolument dit que la religion ne doit d'aucune façon s'ingérer dans les affaires de l'État.
Nous avons aussi dit que dans notre Québec «moderne» les Femmes ont exactement les mêmes droits et privilèges que les Hommes. On a fait disparaître les tavernes réservées aux Hommes, ce n'est pas pour installer aujourd'hui des services publics sexistes.
Demander que la laïcité complète de l'État soit respectée (image et fonctionnement) ce n'est pas faire preuve d'intolérance, de racisme ou de fermeture. C'est tout simplement se tenir fermement debout et défendre des valeurs pour lesquelles nous nous sommes battus pendant notre Révolution tranquille.
La laïcité et le racisme
La laïcité n'a que peu de rapport avec notre malaise identitaire. Cette association facile de la lutte pour la laïcité et dudit malaise identitaire repose sur une logique tordue.
La lutte pour le maintien de la laïcité ici est exactement la même lutte que celle des Turc-ques qui manifestent contre le voile à l'université [5] ,
la même lutte que les Égyptiens-nes qui se battent pour préserver des espaces sans voile [6]
, la même lutte que la France qui veut conserver sa société laïque [7]
, même lutte que les Suisses qui veulent maintenir un mode de vie où la religion est pratiquée chacun pour soi [8]
, même lutte que les Somalien-nes qui veulent une société laïque [9]
(lire Ayan Hirsi Ali [10] ). La lutte pour la laïcité n'est pas une lutte québécoise, mais une lutte universelle. On utilise l'argument identitaire de façon démagogique.
Le voile est un puissant symbole religieux tout comme la neige est blanche.
Nous avons des valeurs auxquelles nous tenons fermement. La laïcité de l'État en est une. Nous refusons qu'un symbole religieux soit présent dans nos institutions gouvernementales. Respecter les valeurs issues de notre Révolution tranquille ce n'est pas, non plus, rejeter les cultures du monde entier.
Nous ne tolérons pas plus qu'une pure laine québécoise porte le voile lorsqu'elle est en fonction pour l'État. Nous ne tolérons pas, non plus, un curé en soutane ou une bonne sœur avec son voile pour servir les citoyens québécois. La Québécoise voilée, la bonne sœur et le curé sont totalement de notre culture pure laine et pourtant nous ne tolérons pas qu'ils et elles affichent leurs signes religieux lorsqu'ils ou elles sont agents ou agentes de l'État au service des citoyens. Notre Révolution tranquille a clairement établi que la laïcité pour l'État était une valeur à laquelle nous tenons fermement.
Nous ne tolérons pas non plus que la Femme soit traitée différemment de l'Homme. Nous ne tolérons pas dans notre société que la Femme soit la subalterne du mâle. Le voile est LE symbole de la domination et de la soumission des Femmes.
Il est hallucinant de voir une personne comme Françoise David, lutter pour que des femmes aient le droit de porter le signe de leur soumission dans la fonction publique.
Interdire le port du voile pour les agentes de l'État au service des citoyens, ce n'est pas brimer les Femmes. Ce règlement n'empêche aucune Femme d'occuper cet emploi. Si une Femme ne peut accepter un tel poste parce qu'on l'oblige à porter le voile, il faut mettre en place des mécanismes pouvant la libérer de ce joug physique et moral.
Si une Femme ne peut accepter un emploi parce qu'on l'oblige à porter le voile, il faut poursuivre son oppresseur.
Et ce n'est pas parce qu'une femme doit enlever son voile pour occuper certains postes qu'on lui enlève le droit à ses convictions religieuses. Les curés qui enlèvent leur soutane ou leur col romain, nos religieuses qui enlèvent leur voile et leur capuche gardent toute leur tête vouée au seigneur.
Si une Femme juge que son voile a plus d'importance que l'emploi, c'est son choix exactement comme celui qui refuse un poste parce qu'il refuse l'uniforme ou le code vestimentaire. Dans la vie nous devons tous vivre en fonction de nos choix. Nous sommes tous confrontés à un moment donné à choisir de marcher un peu sur nos valeurs pour accéder à un poste ou à un endroit. Nous pouvons alors choisir de rester conforme à nos convictions et nous priver par le fait même d'un poste ou d'un lieu. Si pour entrer dans une mosquée je dois enlever mes bas, je les enlève ou alors je me prive de la mosquée. Si je dois mettre une cravate et enlever mes jeans pour entrer dans une discothèque "huppé" (sic), je renie mes valeurs ou je reste à l'extérieur.
Nos professeurs universitaires tentent de culpabiliser les gens lorsque ceux-ci veulent simplement faire respecter des valeurs fondamentales longuement élaborées par l'évolution de notre société «moderne». Tous ces discours qui font la promotion du voile accusent les gens de fermeture et du refus des autres cultures. La religion n'est pas une culture. En Algérie, il y a des islamistes et il y a des chrétiens, ils ont sensiblement la même culture, ils écoutent la même musique et mange sensiblement les mêmes mets. Ils ont des rites religieux différents, mais leur peau est née sous le même soleil, ils ont marché dans les mêmes rues et ont vécu les mêmes mouvances politiques. La culture ce n'est pas la religion ou disons ce n'est pas QUE la religion.
Un exemple: Nous sommes accueillants et charmés par la culture algérienne, mais nous refusons que des lois religieuses remettent en question nos valeurs fondamentales. Pourquoi donc devrait-on avoir plus "d'accommodements" pour les Algériens islamistes que pour les Algériens chrétiens ?
Et pourquoi donc nous dire que nous nous fermons à la culture algérienne, à son couscous succulent et à sa musique magique si l'on refuse que des signes religieux islamiques envahissent notre État et change son image de neutralité ?
Les gens d'une même culture peuvent avoir des croyances totalement différentes.
Bien que la religion influence considérablement les cultures, lutter pour un État laïc ce n'est pas refuser les cultures différentes.
Tous les États sont confrontés au problème de l'ingérence religieuse. Lorsqu'un pays devient sous le contrôle religieux, beaucoup de ses citoyens en souffrent. Les pays contrôlés par la religion sont intransigeants et leurs citoyens perdent rapidement plusieurs libertés. Lorsque la religion envahit l'État et les tribunaux, la société devient très vulnérable. Pensons à la charia, ce délire humain qui mène politiquement des pays et fait la loi dans certains tribunaux islamiques. Au début du millénaire passé (1000- 1300), c'était la foi catholique qui avait sa charia. Les bûchers flambaient régulièrement. Il y avait des fatwas contre les "hérétiques". Ces lois religieuses sont du moyen-âge. Aujourd'hui dans notre monde «moderne» nous n'acceptons plus l'ingérence divine dans nos gouvernements.
L'État laïc favorise la société neutre et les valeurs communes. Personne n'est exclu. La neutralité n'est pas le contraire de la diversité. La neutralité est le dénominateur commun de la diversité. Ce dénominateur commun est essentiel pour vivre la diversité de façon pacifique. Sans ce dénominateur commun, nous nous dirigeons vers le communautarisme et les tensions qu'il peut engendrer.
Nos professeurs semblent penser que la laïcité de l'État est l'imposition d'une loi obligeant les citoyens à renoncer à leur croyance et pratique religieuses. Comme si le devoir de réserve politique pour les agents-es de l'État imposait l'abdication des convictions politiques et enlevait le droit de vote.
Nous parlons de la laïcité de l'État et non d'imposer la laïcité à la société et de poursuivre les individus qui se promènent avec leurs signes religieux dans les rues. On nous dit avec le plus grand sérieux et sur un ton solennel:
« l'interdiction pure et simple de toute manifestation d'appartenance religieuse ne répond à aucune nécessité sociale.»

Qui donc parle « d'interdiction pure et simple de toute manifestation d'appartenance religieuse» ? Nous parlons de code vestimentaire et de devoir de réserve pour les agents-es de l'État au service du citoyen.
Il faut vraiment être professeur d'université pour mettre sur le même pied, la couleur de la peau, le sexe et la croyance religieuse.
Un-e juge peut être Femme ou Homme, un-e juge peut avoir la peau blanche, noire, jaune ou rouge, son jugement sera tout aussi valable et on ne peut présumer d'un penchant en fonction du sexe ou de la couleur de la peau [11]. Par contre, un islamiste ne jugera pas comme un catholique, ni un catholique comme un juif, ni aucune personne ayant des convictions politiques ou religieuses profondes ne jugera de la même façon qu'une autre ayant des convictions opposées ou vraiment de philosophie différente. Les valeurs, les convictions religieuses profondes altèrent la neutralité pour juger totalement "objectivement". Lorsqu'un juge est nommé à la Cour Suprême, que ce soit chez nous ou au États-Unis (et partout ailleurs), on évalue toujours ses convictions politiques et religieuses. On sait bien que la coloration politique altère les jugements et que la coloration religieuse est encore pire.
Pourtant nos érudits professeurs disent: «Pas plus que la couleur de peau ou le sexe, on ne peut présumer que cette affiliation religieuse constitue une subjectivité qui interfère dans la manière dont le fonctionnaire applique la loi ou le règlement.»
Il faut vraiment être totalement débranché de la réalité!
Quelle magistrale absurdité de dire: « on ne peut présumer que cette affiliation religieuse constitue une subjectivité qui interfère…» Lorsque dieu ou allah nous guide, on ne se trompe pas (sic) et notre subjectivité interfère beaucoup dans l'application des lois.
On peut facilement présumer que la loi sera appliquée d'une certaine façon si on sait que celui qui l'applique est d'une religion quelconque, tout comme chaque accusé se fait dire par son avocat avant son procès que le jugement risque fortement d'être en sa faveur ou pas, tout dépendant des croyances religieuses et politiques du juge. Juste par les convictions religieuses d'un juge on peut s'attendre, sans se tromper beaucoup, au fort penchant de son verdict. Ceci se vérifie dans tous les procès, à tous les niveaux.
Nos profs disent « La laïcité s'impose à l'État, non aux individus. » Et du même souffle ils s’ingénient à nous démontrer que les individus représentant l'État ne doivent pas être contraints à offrir cette image laïque. En plus, nos profs semblent dire que d'imposer un devoir de réserve RELIGIEUX aux agents-es de l'État c'est l'imposer à l'ensemble de la société. Quelle incroyable confusion!
Les valeurs communes.
Les valeurs "communes" ce n'est pas "nos" valeurs, ce sont les valeurs de tous. Qu'on soit Magrébins, Israéliens ou Latinos, nous formons une société qui véhicule des valeurs communes. Les valeurs communes sont les valeurs de tous.
Les profs nous disent : «On parle beaucoup des «valeurs québécoises». Selon certains, les accommodements, le programme Éthique et culture religieuse et autres mesures feraient primer les valeurs minoritaires sur celles de la majorité»
Il ne s'agit pas de valeurs «québécoises» mais de valeurs universelles. Je ne crois pas que la laïcité soit «québécoise». Cette valeur a été "conquise" par les Français bien avant nous. Je ne crois pas que l'Égalité Femme – Homme soit une valeur «québécoise», c'est une valeur universelle. Ces valeurs «universelles» et non pas uniquement «québécoise» ont été "découvertes" lors de notre Révolution tranquille. Une Révolution qui nous a fait «évoluer» vers la «modernité». Nous avons délaissé le joug politique religieux et les Femmes se sont affranchies de la société patriarcale qui les oppressait.
Ces deux valeurs universelles fondamentales que notre société québécoise a adoptées sont remises en question par les demandes de nouveaux arrivants n'ayant pas encore vécu leur «Révolution tranquille». Nous devons les aider à vivre leur propre Révolution tranquille. Nous ne devons pas revenir en arrière pour recommencer les mêmes luttes féministes et celles du refus de l'ingérence religieuse dans les affaires de la vie courante des citoyens.
La «crise des accommodements raisonnables» a révélé que certains défendent l'indéfendable. Cette crise a aussi révélé que ceux qui ont des convictions religieuses savent habilement manœuvrer pour que la religion reprenne sa place dans les affaires de l'État. Cette crise révèle que le pouvoir de ces forces religieuses (autant, islamiques, catholiques ou juives) risque de faire perdre les frêles acquis des luttes féministes. Quand on voit d'anciennes féministes lutter pour le port du voile, c'est à revenir au latin.
Cette crise a révélé que la charte des droits individuels peut servir à limiter les droits collectifs.
Ne craignant aucune arabesque, les profs imbus de leur science infuse nous disent: « Les droits et libertés sont plus qu'un ensemble désincarné de normes. Au contraire, le respect des droits des minorités, notamment religieuses, fait partie de notre tradition, dont les chartes des droits sont les héritières. »
On en vient où avec une telle "déclaration"?
Finalement, on semble dire que les droits et libertés protègent tout et même leur contraire. Protéger les minorités ça fait partie de nos traditions. Mais renier nos valeurs, est-ce vraiment protéger les minorités, même les religieuses?
On parle des «critiques du pluralisme». Je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de gens au Québec qui soient racistes et xénophobes au point de vouloir blanchir un Haïtien ou faire parler sans accent un Latino ou un Asiatique. Je crois tout simplement qu'au Québec nous avons des valeurs laïques et nous tenons à les faire respecter. Le pluralisme n'est pas en cause. Il s'agit d'un débat sur l'ingérence religieuse dans la vie publique. Il est désolant de constater que ceux qui luttent avec acharnement pour le port du voile en reviennent toujours à accuser ceux qui refusent les accommodements religieux, de vouloir tout formater en pure laine.
Nous avons toujours été une société accueillante et nous le serons toujours.
Les sociétés ont leur Histoire et leur cheminement. Nous n'installerons pas notre mode de vie en Afghanistan et nous ne changerons pas notre mode de vie pour des nouveaux arrivants. Chaque société chemine à sa propre vitesse. Chez nous nous en sommes à la séparation du religieux et de l'État et nous en sommes à l'égalité indiscutable sur tous les plans de l'Homme et de la Femme.
Nous adorons le pluralisme et nous sommes convaincus que plusieurs immigrants venant de partout à travers le vaste monde choisissent d'adopter le Québec comme Pays parce que cet État vit en fonction de valeurs qui les attirent et qui nous sont communes.
Les fallacieux arguments de nationalisme identitaire conservateur sont insultants. Ils s'apparentent aux insultes du secrétaire général de Québec Solidaire qui traitait ceux en désaccord avec sa vision de racistes, de xénophobes et d'islamophobes.
La laïcité ainsi que toutes ces valeurs universelles communes que nous avons avec les immigrants de toutes les cultures sont les dénominateurs communs qui peuvent faire en sorte que notre société évolue pacifiquement vers une pluralité enrichissante et vivante.
Seules ces valeurs communes peuvent garantir un authentique vivre-ensemble.
Il faut éviter à tout prix le communautarisme pouvant résulter à faire des accommodements effritant les valeurs nous unissant.
En plus d'être Pacifiste, Altermondialiste, Antiraciste, je suis totalement pour un Québec pluraliste.

Vive la laïcité des institutions
et vive le pluralisme de la société.
À bas le communautarisme.
Serge Charbonneau
Québec
[1] « Manifeste pour un Québec pluraliste »
Les auteurs sont tous professeurs à l'UQAM, à l'Université de Montréal ou à l'Université Laval.
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/282309/manifeste-pour-un-quebec-pluraliste
[2] Benoit Renaud, le « secrétaire "général" de Québec solidaire » s'est affublé de titres impressionnants comme « militant pacifiste », « altermondialiste » et « antiraciste », pour donner plus de poids à sa vision.
Port de signes religieux - Québec solidaire ose aller à contre-courant
http://www.vigile.net/Quebec-solidaire-ose-aller-a
[3] Les émeutes de 2005 dans les banlieues françaises sont des violences urbaines qui ont commencé à Clichy-sous-Bois le 27 octobre 2005 puis se sont répandues dans un grand nombre de banlieues à travers la France. L'état d'urgence a été déclaré le 8 novembre 2005, puis prolongé pour une durée de 3 semaines consécutives.
En 21 nuits, 9 193 véhicules ont été incendiés.
2 921 personnes ont été interpellées.
Et 56 policiers ont été blessés.
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89meutes_de_2005_dans_les_banlieues_fran%C3%A7aises
[4] Observatoire du communautarisme
http://www.communautarisme.net/A-propos-des-violences-de-novembre-2005_r50.html
Le Communautarisme, c'est quoi?
http://www.dailymotion.com/video/xthze_le-communautarisme-cest-quoiy_news
[5] La Turquie autorise le voile à l'université
http://www.lefigaro.fr/international/2008/02/09/01003-20080209ARTFIG00349-la-turquie-autorise-le-voile-a-l-universite.php
[6] Jugement d'un tribunal égyptien contre le port du niqab
http://civitas.blog.tdg.ch/archive/2010/01/04/e5e44d66ae6a457a8dab72ae7955f7ff.html
[7] Un rapport partiellement contre le voile intégral
« L'Assemblée nationale considère qu'il est nécessaire de réaffirmer les valeurs républicaines de liberté, d'égalité et de fraternité qui fondent notre vivre-ensemble et qui s'opposent à toutes les formes d'intégrisme, de communautarisme et de sectarisme. » — Première conclusion du rapport
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2010/01/26/003-france-voile-islam.shtml
[8] Suisse-Minaret-Référendum-Vote
http://laiciste.over-blog.com/article-suisse-minaret-referendum-vote-40364521.html
[9] Somalie: les islamistes arrêtent plusieurs dizaines d’hommes glabres
http://www.islam-pluriel.net/archives/3279
Un Racket Hallal en Somalie
http://www.lepost.fr/article/2010/01/06/1873246_un-racket-hallal-en-somalie.html
[10] Ayaan Hirsi Ali,
Femme politique néerlandaise, Née à Mogadiscio, Somalie le 13 novembre 1969
« Il n’y a pas de cohabitation possible entre l’Islam et l’Occident »
http://www.evene.fr/celebre/biographie/ayaan-hirsi-ali-25362.php
[11] Tout dépendant des causes, bien entendu. Un procès racial peut être jugé différemment si le juge fait parti de la "couleur" ou de "l'ethnie" en cause ou encore dans un procès concernant un avortement ou un viol, une femme juge risque d'être plus "sensible" au choix et aux souffrances de la femme.


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    7 février 2010

    Excellent texte démistifiant une panoplie de préjugés portant sur l'identité et mettant en valeur une vision éclairée, ainsi que précise des différentes formes de carcans idéologiques qui englobent l'enseignement universitaire. Certains pourraient y voir une caricature cinique de l'élite professoral. J'y vois plutôt une image malheureusement trop présente auprès de notre intelligencia québécois. La cohésion des idées dans un ensemble précis et concis semble, trop souvent, échapper aux élites du monde de l'enseignement, a priori relié aux sciences politiques et philosophiques. Ces perpétuels combats littéraires, plus souvent qu'autrement fumistes, ne rejoignent que trop rarement la majorité des lecteurs qui peuvent difficilement interpréter leur contenu dénudé de cohésion. Merci, pour cette révision en règle du symbolisme religieux et ses enjeux.

  • Colette Provost Répondre

    7 février 2010

    Relisons le "Portrait du colonisé" d'Albert Memmi. Les "élites" colonisées sombrent dans un racisme inversé, dirigé contre leur propre peuple. Nous en avons un exemple dans ce texte que vous dénoncez fort bien.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    7 février 2010

    @ Serge Charbonneau:
    «Voilà maintenant que nous avons des « "professeurs d’Université" » [1] qui disent du haut de leur grand savoir ce que les pauvres gens "sans connaissances" (sic) et par conséquent "sans jugement" (sic) doivent penser.»
    Et si on en parlait, de leur grand savoir, justement? On pourrait en profiter pour déboulonner un mythe, disons...
    Les diplômés en question, sont des spécialistes; ils ont une vision étroite, et théorique, des choses, souvent. Il savent beaucoup de choses, peut-être, mais dans un seul domaine, bien pointu... On parle de gens à qui il manque parfois, une bonne vue d'ensemble.
    Ils ont des diplômes? Il n'y a pas deux universités qui ont exactement les mêmes programmes de formation, ni les mêmes exigeances, pour l'octroi d'un diplôme ou d'un grade. Alors, il faut toujours se poser des questions pas seulement sur le grade de son interlocuteur, en présence d'un de ces professeurs-là, mais aussi de la qualité de sa formation et de son oeuvre, au niveau du mémoire ou de la thèse.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 février 2010

    En effet la laïcité de l'État est un grand principe universel. En tout temps, nous ne devons pas "dépersonnaliser ou désincarner" l'État. Ce sont les individus qui donnent sa couleur à l'État et mettent de l'avant sa neutralité et sa laïcité. Certains individus ou petits groupes "religieux" occupent beaucoup trop de place dans nos médias. Ils jettent de l'ombre sur la grande majorité des nouveaux arrivants. La majorité des immigrants s'intègre sans faire de vagues ni de réclamations indues. Ces gens sont heureux de vivre en liberté au Québec et veulent vivre selon nos valeurs et nos lois démocratiques.

  • Christian Montmarquette Répondre

    6 février 2010

    En un mot comme en cent :
    Merci !
    Site d'intérêt :
    http://www.cciel.ca/

  • Archives de Vigile Répondre

    6 février 2010

    Un gros merci pour votre texte clair et bien argumenté. En fait, je suis un peu jalouse, j'aurais bien aimé l'écrire! Mais je n'ai malheureusement pas votre talent.
    Il est désolant de voir que des universitaires puissent ainsi se mélanger autant dans leurs concepts. Et ça me désole de voir quelqu'un comme Françoise David s'empêtrer ainsi dans d'obscures contradictions et de dangereuses généralisations. Cette dame, dont j'ai déjà admiré le travail et les idées, a perdu énormément de mon estime avec cette lutte en faveur du voile et de la laïcité dite ouverte.
    Dans la jeune vingtaine, j'ai quitté mon Saguenay natal pour m'établir à Montréal. Je n'ai réussi à trouver un emploi décent qu'à la mi-quarantaine, après m'être corrigé de mon très handicapant unilinguisme francophone. J'ai dans mon entourage, de très nombreuses personnes immigrées et qualifiées, qui peinent à trouver de l'emploi pour la même raison. J'aimerais beaucoup que Mme David démontre autant d'empathie et de compréhension face à cette injuste cause d'exclusion du marché du travail, qu'elle en démontre face à ces femmes qui portent le voile. Moi, on me force tous les jours à parler une autre langue que la mienne, sous peine d'expulsion du marché du travail. Ces deux droits, celui de travailler et celui de le faire en français semblent, à Montréal, devenus incompatibles.
    Alors, si moi, migrante de l'intérieur, j'ai du m'accommoder au marché du travail montréalais , je vois mal au nom de quel sacro-saint prétexte, je laisserais ainsi le peu d'espace de liberté qu'il me reste, être compromis au nom d'une laïcité ouverte d'un seul bord. Il faudrait que certains intellectuels cessent de se voiler la face!

  • Archives de Vigile Répondre

    5 février 2010

    En tant que croyant catholique, et je tiens à le préciser, je suis totalement en accord avec l'argumentaire de Serge Charbonneau. Je pense qu'il est indispensable de distinguer le pluralisme culturel, ethnique, religieux d'une société de la fonction de l'État qui se doit de répondre en tout premier lieu aux grandes valeurs qui le fondent (ce que notre auteur identifie à la résultante de notre révolution tranquille: entre autres, la laicité). J'ai beaucoup apprécié le parallèle que fait l'auteur entre celui qui veut s'introduire dans ume mosqué, une synagogue ou une église, il s'adapte le plus normalement du monde aux pratiques de chacune d'elles et celui qui veut servir dans l'État doit faire de même en s'adaptant aux valeurs qui en régissent le fonctionnement. L'argumentaire me rejoint et me donne des munitions pour participer au débat. Vous aurez remarqué que l'auteur ne fait pas de la question du voile une question religieuse, mais un signe qui vient à l'encontre de notre conception de l'égalité des sexes. Il ne saurait être acceptable dans la fonction d'un service de l'État pour qui cette égalité est fondamentale. Qu'elles le portent dans leurs mosqués, c'est autre chose, tout comme les pasteurs et les rabbins portent leurs habits de célébration....