Rien à en attendre sans le combat indépendantiste

Ces contrats du fédéral

«Cette bouchée de pain qu'on nous refuse»

Tribune libre

Le dossier du fédéralisme s'alourdit encore
Voilà bien ce qui me vient à l'esprit après l'annonce que le gouvernement fédéral pourrait ne pas donner suite aux engagements des Conservateurs dans le projet Resolve qui aurait donné du travail aux Chantiers Davie pour deux ans.
On vient en effet d'apprendre que la signature du contrat, qui devait être qu'une formatlité, serait reporté pour au moins 2 mois, dès suites d'une plainte en provenance d'un chantier concurrent, situé dans les Maritimes et qui appartient à la richisme famille Irving.
Ce cher Canada est fondé sur une injustice profonde. Le concurrent d'une entreprise québécoise peut invoquer les lois canadiennes pour couler son adversaire.
Je n'ai pas de penchant particulier pour les entreprises capitalistes. Quelles soient étasuniennes, comme Seapan à Vancouver, canadiennes, comme Irving, ou québécoises (à possession étrangère), mais la Davie fait vivre des milliers d'ouvriers qui eux, sont bien des Québécois.
J'étais allé à un diner de la Chambre de Commerce de Lévis il y a quelques jours où un haut dirigeant du chantier naval prenait la parole pour expliquer aux gens d'affaires de Lévis l'importance de l'entreprise pour la ville et la région.
C'était peine perdue : parce que son entreprise est au Québec, elle se verra peut-être privée de contrats et son échec pourrait bien se traduire par «des milliers de pertes d'emplois» selon le jeune président du syndicat, Raphael Jobin.
Notre solidarité et notre empathie pour les ouvriers nourrissent notre déception partagée par bon nombre d'entre eux.
Combien le fédéralisme peut-il s'alimenter, lui, de profondes inégalités, de cruelles injustices et de vives luttes pour la survie ? Il ne sera pas dit que nos convictions indépendantistes ne sont pas justifiées. Je me sens bien naïf d'avoir cru qu'une cause comme celle des ouvriers des Chantiers une fois reprise par la CSN, par l'Assemblée Nationale, par le Conseil Municipal de Lévis et par une grande parti du mouvement indépendantiste dans sa partie la plus militante, aurait un minimum d'impact.
Non rien que le froid calcul des intérêts des capitalistes en lutte les uns contre les autres. C'est ce à quoi se réduit maintenant un Canada dirigé par des Libéraux, une famille politique qui ignore la solidarité. Couillard fait semblant d'être offusqué et a oublié pour longtemps le rapatriement du Diefenbaker dont il avait pourtant demandé le retour aux Chantiers. Son Canada est une arène où s'affrontent avec un sang froid glacial les intérêts de grands groupes financiers ou industriels jusqu'à la mort de l'un ou l'autre des protagonistes.
L'avenir des Chantiers ? D'un parti fédéraliste à l'autre on se relance la balle sans le moindre sentiment de culpabilité à cause des décisions politiques qui ont présidé au désastre annoncé.
Les Conservateurs se sont particulièrement acharnés sur ce chantier maritime, le condamnant ni plus ni moins à la fermeture, succédant à la faillite parce qu'ils lui ont interdit de soumissionner sur les 33 milliards de contrats fédéraux.
Les Libéraux ont parlé de construction navale au lieu de coûteux F-35, mais sitôt au pouvoir ils reportent la signature du contrat à deux mois de délai, i.e. deux mois de chômage dont les ouvriers hériteront. Ce délai prédit est causé par une plainte de Irving, de Halifax, accusant le fédéral de ne pas avoir procédé par appel d'offre.
Le NPD s'en lave les mains pour ne parce qu'ils doivent tenir compte de l'opinion public de l'Ouest ou de l'Est.
Quelle leçon en tirer s'il est impossible de défendre une répartition équitable du travail disponible au Canada ?
Le quitter ! Le plus vite possible.
Souhaitons quand même que le mouvement indépendantiste ne baisse pas les bras et reprenne là où elle se retrouve la lutte des ouvriers des Chantiers Davie. Je ne me priverai pas de continuer de les interpeller sur le sujet.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    22 novembre 2015

    Comme vous avez raison sur toute la ligne monsieur Roy sauf qu'il va en falloir pas mal plus que ça pour un jour convaincre un peuple de pleutres de quitter le navire.