Certitude et indépendance du Québec.

"Quelles sont les conséquences de notre dépendance?"

Tribune libre

J’ai pris quelques heures de mon temps pour tenter de vous expliquer la certitude géopolitique qui fait du Québec un pays libre et indépendant.
Premièrement, il y a quelques mots qui sont fréquemment utilisés dans le texte que j’aimerais voir avec vous.
* Certitude : Une certitude est l’opposé de l’opinion. L’opinion est la forme la plus basse de pensée parce qu’elle n’apporte rien. La certitude est la forme la plus haute de pensée parce qu’elle est opérative. Les démarches pour en arriver à une certitude peuvent prendre plusieurs années de travail et elles sont souvent remises en thèse de doctorat. Quand la certitude est acceptée par le regroupement de docteurs du domaine en question, elle ne peut plus être remise en question parce qu’elle est simplement une définition de la réalité de l’homme. On ne peut remettre en question la réalité.
*Communication : Dans ce texte, quand je parle de communication, je parle de communication au sens géopolitique du terme. Ce que je veux dire par communication, c’est tout ce que nos sens peuvent percevoir. Je parle de décision politique, télévision, radio, route, voie navigable, électricité, ressource naturelle, végétation, architecture, langue, panneau publicitaire, journaux, livre, cinéma, relations internationales, agriculture, environnement, saison, téléphonie, éducation, etc. Ce que je veux dire par communication, c’est tout ce qui peut nous influencer à court ou à long terme.
Deuxièmement, il y a quelques principes géopolitiques à comprendre avant de commencer.
1 : Un gouvernement vit de ses communications! Si un gouvernement n’a pas d’emprise sur les communications, il est inexistant.
2 : Les sociétés humaines se développent toujours dans les régions où les communications sont les plus faciles. Ces régions sont appelées « écoumène ». Les écoumènes sont divisés en centre de gravité. Pour prendre possession d’un autre centre de gravité, nous devons nous emparer de son centre des communications « La capitale ». Quand nous avons pris possession sur le centre des communications, l’État nous appartient.
3 : Au Canada, il existe plusieurs centres de gravité. Concentrons-nous plus précisément sur les deux qui nous intéressent plus particulièrement. Par là je parle des deux centres de communication « Capital » qui sont en conflit. Donc le centre de gravité d’Ottawa et du Québec. Le centre de gravité du Québec se situe tout le long des basses terres du Saint-Laurent. Pour Ottawa c’est le long des Grands Lacs.
Explication : Pourquoi la plupart des centres de gravité se situent, la majorité du temps, près des fleuves, lacs ou mers?
Premièrement, la majorité du temps, quand nous sommes près de l’eau cela veut dire que nous sommes près du niveau de la mer. Donc, nous sommes le plus bas possible, ce qui facilite le transport et l’agriculture. Le rivage offre souvent un terrain plat ce qui facilite l’organisation de la cité.
Deuxièmement, l’eau offre une excellente voie de communication, ce qui englobe commerce, politique et culture.
4 : La culture, d’où vient-elle?
Premièrement, nous devons comprendre que l’être humain est en relation constante avec son environnement. L’homme a le pouvoir de modifier son environnement à sa guise. Mais l’environnement a aussi le pouvoir de modifier l’homme.
Ex : Les Noirs ont la peau foncée parce que dans leur environnement immédiat, ils étaient plus exposés au soleil que les autres peuples. Le Québec est le champion au monde des barrages hydroélectriques parce que son environnement lui offre cette chance.
Deuxièmement, chaque centre de gravité vie dans sa réalité. Il n’existe pas deux centres de gravité avec le même environnement. Si nous savons que l’environnement a un impact sur les individus et que chaque centre de gravité a sont propre environnement « Réalité » unique, nous devons comprendre que les centres de gravité ont un impact sur le peuple qui l’habite.
Troisièmement, l’origine du peuple. Un peuple avant d’envahir un nouveau centre de gravité arrive avec un bagage, une histoire. Ce bagage va l’influencer au début, les décisions prises pour l’organisation de la cité. Ex : comment on divise la cité, comment on organise le territoire, quel type d’architecture allons-nous utiliser, etc. En prenant ces décisions, très importantes, le peuple va graver son origine dans sa nouvelle réalité. C’est pour cette raison et plusieurs autres que les générations futures vont continuer à être influencées par leurs origines. Parce que leur origine est gravée partout dans l’environnement et l’environnement influence l’homme.
Donc maintenant quand nous sommes au courant de ces certitudes qui influencent les peuples, nous pouvons tenter de tirer quelques conclusions sur notre situation.
Le Québec est-il un peuple? Oui.
Le Peuple du Québec est complètement unique. Il a son propre centre de gravité. Pour ce qui est de son origine, il est le seul peuple d’origine française en Amérique du Nord. Quand le peuple français est arrivé dans les basses terres du Saint-Laurent, il a modifié son environnement d’une marque indélébile avec sa façon d’habiter le territoire.
Voici quelques exemples pour montrer à quel point nous sommes complètement différents du pays d’en face.
Nous ne parlions pas la même langue, nous avions une politique différente, nous habitions le territoire d’une façon différente, nous pratiquions une religion différente, nous avions un bagage culturel différent et nous n’étions extrêmement pas nombreux, ce qui nous a métissé avec les peuples autochtones. Ce qui veut dire qu’en plus d’être déjà le seul peuple d’origine française en Amérique du Nord, nous sommes le résultat d’un métissage entre l’Europe et l’Amérique. Pour vous prouver cette réalité, essayez de trouver quelque chose de notre culture qui n’est pas d’origine amérindienne.
Ex : Sirop d’érable, raquette, traineau à chien, hôtel de glace, pêche sur glace, la chasse, le canot et même le hockey, qui a importé certains aspects du jeu de la crosse (comme la dureté physique), joué par les Amérindiens de la famille iroquoise.
Nous venons de prouver la certitude que le Québec est un pays différent et unique au monde.
Alors, selon vous, est-il normal qu’un autre pays prenne les décisions à notre place? Si la liberté des individus est une valeur en soi, il en est de même de la liberté des peuples. Je crois qu’un peuple unique avec sa façon de voir, imaginer et construire le monde est une richesse pour l’humanité.
Quelles sont les conséquences de notre dépendance?
C’est simple, c’est la mort de la culture et du peuple. Pas des individus! On parle ici de la mort à petit feu de notre façon unique d’appréhender le monde.
Pourquoi lorsque l’on prend possession d’un centre de gravité, finit-on toujours par tuer le peuple qui l’habite ?
Pour comprendre ce principe, nous devons nous souvenir des points énumérés plus haut. Un centre de gravité différent du nôtre prend les décisions à notre place. Sous quel principe cet État prend-il ces décisions? Il prend ces décisions en fonction de sa culture et sa façon d’imaginer le monde. Donc, l’État d’à côté transforme notre environnement et nos communications comme si nous étions dans sa réalité. Ce qui n’est pas le cas puisque les Grands Lacs et les basses terres du Saint-Laurent sont des environnements complètement différents. Donc, le peuple du Québec se fait influencer de plus en plus par la modification du territoire, imaginé par une autre culture. C’est ce que l’on appelle l’assimilation. Cette technique finit tôt ou tard par détruire la culture et le peuple du territoire inféodé.
Si nous décidons collectivement d’accepter notre mort et de devenir Ontariens, pourquoi est-il toujours impossible que cela fonctionne?
Pour plusieurs raisons, mais pour vous expliquer ce principe, je vais utiliser l’exemple des empires et des colonies. Pourquoi les empires et les colonies n’ont pas fonctionné?
Commençons par les Empires :
Les empires ont pris possession de plusieurs centres de communications pour tenter de transformer les autres États en citoyen du pays conquérant. Cette façon de faire est simplement un suicide politique parce que lorsque l’on inféode un autre peuple nous fabriquons une minorité. Fabriquer volontairement une minorité, c’est participer soi-même à son propre déclin.
Pour vous l’expliquer, je vais utiliser un exemple que nous rencontrons tous les jours au travail. C’est comme lorsqu'un siège social de fonctionnaire qui n’a jamais fait le travail des ouvriers tente de dire aux ouvriers comment ils devraient le faire. Ça ne fonctionne pas. C’est la même chose avec les empires. Un gouvernement anglais ou français tente de dire au peuple conquis comment il doit vivre. Cette situation crée inévitablement des conflits. Parfois ces conflits prennent tellement d’ampleur qu’ils vont participer au déclin du conquérant.
Finalement les colonies :
Les États envoient sur un territoire leur propre peuple avec leur culture, leur façon de voir le monde et leur façon d’habiter leur territoire et ils se sont quand même tous fait trahir.
Pourquoi ?
C’est plus simple qu’on le croit. C’est simplement le fait que le peuple arrive dans une nouvelle réalité et comme nous l’avons appris, la réalité modifie le peuple. Donc, après cent ou deux cents ans, le peuple n’est plus du tout le même que celui qui a débarqué sur le territoire. Donc, ce peuple qui est maintenant complètement différent ne se sent plus comme un citoyen anglais, français ou espagnol. Ce peuple est maintenant complètement unique, donc il a plutôt l’impression d’être un peuple soumis à une politique étrangère. Il sent qu’il est soumis à un empire et il arrive la même situation qu’expliquée plus haut.
Si nous revenons à notre Québec, même si nous acceptons notre statut de colonie et tentons de toutes nos forces de devenir Ontariens, cette décision ne ferait que créer du conflit et de la tristesse au sein du peuple. Parce que notre réalité différente, c’est ce qui nous influence le plus en tant que peuple.
Ce qui veut dire que chaque jour, les Ontariens et les Québécois deviennent de plus en plus différents et il n’y a malheureusement rien à faire avec ça. Même si le Québec avait été, à l’origine, un peuple anglais, nous vivrions aujourd’hui le même problème. Parce que nos réalités sont tellement différentes, que les deux colonies anglaises, ce serait développé dans deux directions complètement différentes. Aujourd’hui, nous serions en conflit. C’est triste à dire, mais tant qu’un des deux centres de gravité va tenter de prendre possession des communications de l’autre, nous serons inévitablement en conflit.
En conclusion, pourquoi en 2013 est-il plus urgent que jamais pour le peuple québécois de reprendre possession de ses communications?
Je vais vous expliquer cela en faisant un paradoxe avec le monde animal. Nous savons qu’une espèce animale qui finit par prendre trop de place participe à son propre déclin. Parce que les animaux en haut de la chaîne alimentaire sont les plus vulnérables et c’est la même chose avec les peuples.
Mais pourquoi ?
Parce qu’un peuple trop grand est plus vulnérable à ce qu’on appelle les conditions changeantes. Pour la simple et bonne raison que pour ce peuple la logistique est trop lourde pour changer un comportement établi.
Qu’est-ce qu’une condition changeante ?
Une condition changeante est un événement géopolitique incontrôlable qui vient modifier la réalité du centre de gravité. Si le peuple ne change pas ses façons de faire pour s’adapter au changement, il risque de s’éteindre. ICI L’ON PARLE DE MORT D’HOMME! Les gros territoires ou les empires ou les gros peuples, par exemple les États-Unis, sont des peuples qui sont les plus vulnérables à ces changements parce que la logistique qu'ils devront mettre en place pour survivre à ce changement est tellement lourde qu’ils risquent de ne pas y arriver à temps. Tandis que les petits centres de gravité comme l'Islande ont l’avantage de pouvoir bouger plus rapidement et changer leur façon de faire avec moins de contraintes bureaucratiques.
Oui, mais quelles conditions changeantes?
Comme vous n’êtes pas sans savoir, l’humanité est sur le point de vivre plusieurs conditions changeantes auxquelles nous devrons nous adapter pour survivre. Les trois changements principaux sont les changements climatiques, la crise économique mondiale ainsi que la crise sociale mondiale qui va découler des mesures d’austérités. Il est donc indispensable que les États se divisent de plus en plus en centres de gravité pour tenter de garantir leur survie.
C’est pour cette raison qu’il ne serait pas surprenant de voir le Canada se diviser de par lui-même dans un avenir rapproché. Parce que dans les cinq centres de gravité qui forment le Canada, les changements climatiques et les changements économiques n’auront pas le même impact puisqu’ils se dérouleront dans des réalités différentes. Donc, il est tout à fait normal pour ces cinq cités de prendre des mesures différentes pour survivre à des changements différents. Si certaines cités sont obligées d’imposer des mesures qui ne sont pas en lien avec les conséquences des conditions changeantes uniques à sa réalité, dans le pire des cas il pourrait y avoir extinction de la cité.
Donc, si d’ici quelques années, on se fait mettre à la porte de la confédération, ce ne sera pas par rancune, mais bien par instinct de survie. Parce que si la confédération ne met pas en place ces mesures, elle risque de se détruire elle-même.
Si vous vous êtes rendus jusqu’ici vous êtes censés avoir compris les certitudes qui font du territoire du Québec et du peuple qui l’habite un pays libre et indépendant.
Si ce que je vous dis ici était faux, Ottawa ne nous aurait jamais donné le titre de nation distincte, ce qui prouve que nous sommes en rapport de force. Ottawa est conscient du fait que nous sommes libres et indépendants, ils ont donc changé leur fusil d’épaule. Ne pouvant plus dire que nous étions Canadiens, ils s’attaquent à nos communications. Ils tentent de nous faire croire que nous le sommes. Ce qui fait que nous sommes tous mélangés et nous ne savons plus faire la différence entre le Canada et le Québec. Il est si simple de faire croire quelque chose à un peuple, il suffit d’imposer son idée sur les écrans.
Quand je pense que nous n’avons qu’à dire oui pour assurer notre survie. Moi un jour je vais mourir, mais j’aimerais mourir en sachant que mon peuple lui va vivre éternellement.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    16 janvier 2013

    @ Maxime Nadeau
    J'ai trouvé votre texte très intéressant.
    Comme nous n'avons pas vos coordonnées dans les notes biographiques des auteurs de Vigile il serait intéressant d'avoir les commentaires de René Marcel Sauvé qui lui nous informe de ses antécédents par une petite biographie dans les notices des auteurs de Vigile.