Ce que Zemmour aurait dû dire à Jack Lang

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La thèse de la transmission de la philosophie grecque par les musulmans vient d'une ancienne nazie


 

 



En défendant, comme il le fait dans son dernier livre, l’idée que la langue arabe est un « trésor de France », consubstantiel à notre civilisation, parce qu’ayant « fertilisé » le Moyen Âge, Jack Lang pourrait bien défendre une thèse d’origine… nazie (!).




C’est un fait que lors de leur confrontation sur CNews, Eric Zemmour a atomisé Jack Lang. Bien plus qu’un homme du passé, ce dernier est apparu comme l’un des derniers nomenklaturistes d’un totalitarisme finissant, comme l’un des membres du Parti communiste Est-allemand vantant, contre toute réalité et contre tout le peuple, « l’avenir radieux du socialisme » (en l’occurrence, l’avenir radieux du progressisme et du vivre-ensemble) quelques semaines avant la chute du mur.


Eric Zemmour aurait pu cependant l’attaquer sur deux points :


L’un concerne l’objectif de son livre. En effet, Jack Lang joue en permanence sur une ambiguïté. Il confond, ou fait semblant de confondre, la défense de l’arabe comme une langue étrangère utile (auquel cas il doit avoir le même statut et le même traitement que d’autres langues étrangères utiles, comme l’anglais, l’allemand, l’espagnol ou l’italien), et par ailleurs, comme le suggère le titre du livre (« trésor de France ») la nécessité de la promotion de cette langue (et de l’islam par la même occasion) parce qu’elle fait, historiquement, partie intégrante de notre civilisation. Or ce n’est pas du tout la même chose. Il est vrai qu’Éric Zemmour a bien répondu sur le fond, en citant le livre de Gouguenheim Aristote au Mont Saint-Michel qui règle la question une fois pour toutes, en expliquant que les traducteurs d’Aristote n’étaient pas des musulmans, mais des arabes chrétiens. Ce n’est donc pas « l’islam » qui a « fondé » le Moyen Âge. Mais à chaque fois, Lang a fui le débat de fond, et a battu en retraite en répondant que, en gros, l’arabe est une langue étrangère utile. Zemmour aurait pu lui demander : « Mais quel est l’objet de votre livre ? Est-ce de nous convaincre que cette langue doit avoir mieux sa place au sein du panel de nos langues étrangères (auquel cas, quelle nécessité d’y consacrer un livre ?), ou bien, beaucoup plus sérieusement, de nous expliquer que nous lui devons toute sa place légitime parce que nous lui devons notre civilisation ? Vous faites semblant de mélanger l’un et l’autre ! ». Zemmour ne l’a pas fait aussi clairement, et c’est dommage.



À lire aussi, Jérôme Serri: Jack Lang, trésor de France



Mais il y a une autre objection, beaucoup plus grave. En effet, en annexe de son livre, Gouguenheim explique que la thèse de l’apport décisif des philosophes grecs au Moyen Âge par l’intermédiaire des intellectuels et copistes musulmans est issue d’un livre paru en 1960, Le soleil d’Allah brille sur l’Occident. Déjà, c’est tout un programme, et on remarquera que le titre du livre dit bien « Allah » et non pas « la langue arabe ». Les choses sont donc claires : pour l’auteur, c’est bien à l’islam, et non pas à l’arabe, comme voudrait nous en convaincre l’hypocrite Lang, que nous devons cet âge d’or de notre Histoire. Or l’auteur de ce livre est une historienne allemande, Sigrid Hunke, une ancienne nazie, une amie d’Himmler! En allant compulser sa biographie, on s’aperçoit qu’elle était bien membre du parti nazi, qu’elle a fait sienne, dans sa thèse de doctorat, les théories raciales de l’époque, et qu’elle s’est spécialisée dans la civilisation islamique et le néopaganisme anti-chrétien.


Dès lors, la thèse apparaît fort claire. On sait qu’à l’époque nazie, ceux-ci s’intéressaient beaucoup au monde musulman, pour des raisons autant d’intérêt stratégique que de proximité idéologique. Sur le plan stratégique, il était évident que le fait de contrôler, via l’islam et les chefs musulmans, le Proche-Orient et le sud de la Méditerranée, leur facilitait grandement le contrôle du continent au nord. Et sur le plan idéologique et même psychologique, il est certain qu’ils se sentaient avoir beaucoup plus d’affinités avec des combattants musulmans faisant la promotion permanente de la guerre, et ayant conquis leurs territoires « au fil de l’épée », massacrant, pillant et livrant en esclavage sans pitié leurs ennemis et les peuples conquis (cf à ce titre le très éclairant Tariq Ramadan, Tareq Oubrou, Dalil Boubakeur, ce qu’ils cachent, de l’historienne libanaise Lina Murr Nehme, à propos des terribles conquêtes arabes), des « vrais balèzes » comme eux, en quelque sorte, plutôt qu’avec les méprisables chrétiens prônant un amour pacifique, promis à la sujétion et à l’humiliation… À propos de l’islam, Himmler disait qu’elle était « une religion pratique et attrayante pour les soldats ». Sur le plan politique, ce rapprochement, comme on le sait, s’est incarné, à l’époque, par la rencontre fameuse entre Hitler et Mohamed Amin Al-Husseini, le mufti de Jérusalem.


File:Bundesarchiv Bild 146-1987-004-09A, Amin al Husseini und Adolf Hitler.jpg