Recensement de la population

Ce qu'il reste de nous

Parce que remplacer n'est pas diversité...

Tribune libre

Statistique Canada fait connaître étape par étape les données du recensement de l'année dernière. Ce 8 février, l'organisme fédéral dévoile les «chiffres de population et des logements».
On peut globalement résumer la situation démographique de la manière suivante: 1) si vous êtes francophone et/ou homme et/ou cisgenre (hétéro) et/ou eurodescendant (caucasien/blanc) et/ou d'héritage judéo-chrétien, toute enquête statistique sérieuse démontrera l'effondrement de vos effectifs, pour ne pas dire de vos valeurs... Par contre, 2) si vous êtes issu de la «diversité», l'avenir vous appartient! Les groupes à natalité exubérante qui nous enrichissent de leur trop-plein démographique sont par ordre décroissant d'importance: Afrodescendants, musulmans, métis en tout genre, sans oublier la renaissance amérindienne.
J'ai écrit le texte suivant après le recensement de 2011. J'estime que mon analyse de la situation mitissienne (MRC de la région bas-laurentienne) est aujourd'hui encore plus pertinente.
***
Une tendance lourde
La courbe démographique est impossible à redresser à court ou à moyen terme. La population vivant sur le territoire actuel de la MRC de La Mitis décline depuis le recensement de 1956. En 55 ans, la région correspondant à notre MRC perdit 7467 personnes, soit 28,3% de ses effectifs. Durant la même période, le nombre de Québécois et de Canadiens augmentait respectivement de 70,8% et 108,2%. Il en résulte [notamment] un effritement constant de notre poids politique. L'acceptation de la nouvelle carte électorale par Bruno Jean, professeur en développement régional à l'UQAR et membre de la Commission de la représentation électorale, en est la triste conséquence. [...] C'est encore plus inquiétant si nous y ajoutons le vieillissement de la population restante. Notons que l'enseignement de l'anglais intensif n'a pas su sauver l'école Euclide-Fournier de Saint-Charles-Garnier.
Le repeuplement de l'Occident par débordement du Sud
Il s'agit de la manifestation locale des problèmes affectant l'ensemble des sociétés modernes avancées: la dénatalité et la dévitalisation des régions périphériques. En revanche, les Afrodescendants n'en sont pas là du tout. Leurs diverses nations ont connu un accroissement fulgurant (500%) depuis 1956. La démographie des villes subsahariennes explose. Une partie des leurs migrent vers le Nord. Ainsi, le président américain, Barack Hussein Obama, est le fils d'un Kenyan. À l'exemple des Russes, des Allemands et des Scandinaves qui colonisèrent les plaines de l'Ouest entre 1860 et 1914 aux dépens des Premières nations, il faut juste laisser le temps aux peuples du Sud d'arriver à Sainte-Jeanne-d'Arc! Ils coloniseront le territoire que les Québécois d'origine française ont négligé d'aussi loin que la Nouvelle-France. La culpabilité de l'homme blanc et les changements climatiques faciliteront le succès de l'entreprise. Sous nos latitudes, la majorité des femmes ont atteint désormais la ménopause. D'autres assureront la suite du monde. Je prévois qu'à l'automne de nouvelles données de Statistique Canada confirmeront le recul du français comme langue maternelle au Québec.
Suggestion: Veuillez voir «Disparaître: le sort inévitable de la nation française d'Amérique?», un documentaire-choc animé par Lise Payette diffusé en 1989.


Laissez un commentaire



1 commentaire

  • Robert J. Lachance Répondre

    10 février 2017

    Autre suggestion, lisez Souvenirs et réflexions d’un ronchon, une autobiographie de Jacques Henripin, publiée par Les Éditions Varia, Montréal, 1998.
    En voici quelques extraits; j’avais retenus en 2001 et 2007 où j’avais estimé que sans immigration, la Ville de Québec, incluant L’ancienne-Lorette et St-Augustin, passerait de 525 mille en 2010 à 343 mille en 2086 avec un indice de fécondité à 1,8 et sans immigration. J’avais utilisé la formule retenue par Jacques Henripin dans Naître ou ne pas être, 1989.
    À L’endos du livre on peut lire que «Jacques Henripin est économiste de formation, mais c’est à ses travaux en démographie – discipline apprise sur le tas – qu’il doit sa réputation. Il a été pendant 40 ans un professeur convaincu et demeure un chercheur qui continu d’étonner par la diversité et l’importance des questions qu’il aborde: fécondité, transferts linguistiques, vieillissement, pension… En cours de route, il a mis sur pied le Département de démographie de l’Université de Montréal.
    S’appuyant sur ses analyses, Henripin a montré un entrain peu commun à s’engager dans des débats publics touchant des problèmes délicats, sinon dangereux. Il n’a jamais reculé devant ses engagements de citoyen, tâchant toujours de distinguer science et polémique, ce qui est rarement facile.
    La présente autobiographie de Jacques Henripin constitue un autre exemple de la contribution de cet intellectuel engagé et critique de sa société: il y relate avec une verve stimulante des épisodes de notre histoire récente, dont il a été selon le cas un acteur privilégié ou un témoin lucide. On appréciera quelques pages pointues sur des sujets qui ne peuvent laisser indifférent.
    Ce livre constitue une page de l’histoire sociale et intellectuelle du Québec. Une page admirablement écrite par un auteur à la plume alerte et colorée. Derrière le démographe, se cachait un écrivain. En outre, ce livre comprend une bibliographie complète des publications de l’auteur, instrument qui sera utile à plusieurs.
    Études et recherches depuis 1965
    137. En matière d’évolution des groupes linguistiques, … ce sont les mouvements migratoires (surtout entre les provinces) qui jouent le rôle le plus important dans l’évolution de la proportion des divers groupes linguistiques; ces mouvements migratoires l’emportent sur tous les autres facteurs pris ensemble; ils défavorisent fortement les anglophones au profit des francophones et c’est bien pour cela qu’il fallait s’attendre, en toute probabilité à une augmentation du pourcentage des francophones. Ce qui s’est réalisé. Mais c’est vrai, ce n’est pas une assurance pour l’éternité.
    139. Politique de population
    Les démographes canadiens sont, il est vrai, particulièrement discrets, mais dans l’ensemble du monde, on n’est guère plus ardent, sauf sur un point: la réduction de la natalité des pays du tiers monde. Certe, elle est souhaitable depuis longtemps, mais cette question est devenue tellement obsessionnelle que beaucoup de commentaires confondent politique de population et diffusion de la contraception. Cependant, depuis quelque temps, principalement à l’instigation des Nations unies, les colloques internationaux portant sur la population ont élargi leur champ… au profit des objectifs du développement (de quoi?), du féminisme et de l’écologie. On y parle à peu près jamais de la sous-fécondité des pays riches.
    134. Fécondité. (résumé) Entre 1971 et 1976, la proportion des couples ayant subi une forme de stérilisation quelconque, cette méthode supplantant désormait la pilule, est passée de peu à un tiers.
    141. Au Canada anglais, un silence à peu près complet entoure la sous-fécondité, plus précisément le fait que les adultes d’aujourd’hui ne produisent que 80 ou 85% des enfants nécessaires pour assurer leur remplacement. C’est vrai d’ailleurs de la plupart des pays occidentaux: presque tous sont dans une situation semblable. Au Québec, on s’attendait, avec les flux de sentiments nationalistes qui nous inondent, à plus de sensibilité à l’égard de cette lacune, qui a été, ici, longtemps plus accusée que dans l’ensemble du monde occidental. Cette défaillance existe depuis un quart de siècle maintenant et il est sûr que les générations de femmes et d’hommes nés entre 1942 et 1965 environ (23 générations!) ne se reproduiront pas complètement. Celles qui suivent non plus peut-être, mais on ne peut pas l’affirmer. Avec la morosité actuelle, gageons que les dix suivantes n’iront pas loin.
    142. Pendant les vingt premières années de ce rachitisme reproductif, nous n’étions que trois, au Québec – et dans l’ensemble du Canada, je crois – à signaler cette anémie sociale fondamentale: André Lux, Georges Mathews et moi. Le second a écrit là-dessus en 1984 un fort bon livre, Le Choc démographique. Cinq ans plus tard, je faisais mon morceaux, Naître ou ne pas être, mais il y avait plusieurs années déjà que je «combattais» pour un redressement de la natalité. Quant à Lux, il dénonçait avec vigueur depuis longtemps cette anémie démographique, cause principale du vieillissement de la population. Je reviendrai là dessus, mais on peut noter dès maintenant que le vieillissement est précisément la conséquence la plus pernicieuse et la plus prochaine de cette hypofécondité.
    143. Trouver les moyens d’y arriver, c’est une autre affaire. On pense toujours à un accroissement des allocations familiales, maintenant transformées au Canada en allocations de lutte contre la pauvreté. Elles sont nécessaires, mais il me paraît plus important de réduire le chômage des jeunes adultes. J’ai proposé, sans être sûr de leur efficacité, un certain nombre de moyens qui pourraient contribuer à redresser la natalité, dans Naître ou ne pas être. Il faudrait en particulier rendre conciliables l’éducation des jeunes enfants et la poursuite, peut-être au ralenti, pour les hommes aussi bien que pour les femmes, de l’activité professionnelle. S’il est vrai qu’on est sûr de rien quant à l’effet nataliste de ces diverses mesures, on est loin d’avoir tout essayé. Et même si l’effet nataliste n’est pas assuré, on est certain d’une chose: un peu plus de justice sera établie entre ceux et surtout celles qui donne à la société ses futurs citoyens, au prix de beaucoup d’efforts de toute sorte, et ceux et celles qui se soustraient – c’est leur droit – à cet impératif collectif. Je dis bien «collectif».
    144. Les immigrés sont certes un enrichissement; ils ne sont cependant pas des substituts aux naissances. Au bout du compte, une société n’est plus seulement enrichie par les apports nouveaux; elle est remplacée par un échantillon des sociétés de la terre. Et l’on ne peut deviner par quelles luttes certains groupes ethniques ou linguistiques domineront les autres. Il est peut-être plus sage de faire ses enfants soi-même. mais il y faudra une contribution de la société beaucoup plus importante que par le passé.
    144. En fait, nous sommes entrés dans une nouvelle ère. Les enfants sont devenus, pour la société, un bien rare, au sens que les économistes donnent à ce terme. C’est-à-dire que jusqu’en 1960 environ, les adultes fournissaient à leur société, à peu près gratuitement et en nombre suffisant, les enfants dont elle avait besoin. Après tout, il n’y a pas de société sans êtres humains. Depuis lors, les adultes nous disent, par leur comportement: «C’est trop cher pour nous, il faut nous aider.» Financièrement, bien sûr, mais aussi en réorganisant le fonctionnement de la société de sorte qu’il soit moins onéreux d’élever deux ou trois enfants.
    La famille
    146. Il devient de plus en plus clair que les familles monoparentales réussissent moins bien que celles où les deux parents sont présents et que la cohabitation est beaucoup plus fragile que le mariage. Peut-on honnêtement prétendre que toutes les formes de familles se valent? Un attribut est important, la durée. Évidemment, il y a des accidents de parcours dans toutes les catégories. Et ce que je viens de dire est en fait une vérité statistique, pourrait-on dire; il y a des familles à deux parents qui sont des enfers et il y a des mères seules qui élèvent fort bien leurs enfants. Les différences statistiques sont telles que la société serait justifiée de favoriser certains parcours. Du moins ne doit-elle pas s’interdire de faire des choix, sous prétexte que les croyances, les habitudes, les comportements se valent. En moyenne, les familles amputées sont moins performantes que les familles intègres.
    Vieillissement
    147. Il s’agit des difficultés que va causer – c’est déjà commencé – une modification considérable de la composition par âge de la population: la fraction des vieux augmente, celle des jeunes diminue. Adoptons un indicateur généralement utilisé et rappelons l’évolution de la fraction des plus de 65 ans. Ils constituaient moins de 3% de la population canadienne en 1850, un peu moins de 8% en 1950, 12% maintenant. On en parle beaucoup, mais on n’a encore rien vu. En 2010, ils seront 15 à 16%; c’est à ce moment que les baby boomers, nés à partir de 1945, vont commencer à franchir le seuil de 65 ans et que le vieillissement va s’emballer: on peut s’attendre à 25% de vieux vers 2035. Peut-être un peu moins, peut-être un peu plus. Cela ne s’est encore jamais vu nulle part. Même les Européens, qui nous devancent sur ce sentier, ne sont qu’à quelques points de pourcentage devant nous. On ne sait donc pas très bien à quoi ressemble une société ainsi charpentée. Mais on peut estimer le poids que représenteront certaines dépenses publiques pour les contribuables.
    147. Deux éléments importants de ces dépenses publiques sont particulièrement touchés par le vieillissementL les pensions et les soins aux malades. Ce sont les hôpitaux qui pèsent le plus lourd dans les coûts publics de la santé, et comme les vieux sont de gros consommateurs de ces services, le vieillissement pèse sur cette part importante du budget de l’État. Ce n’est pas par hasard que les gouvernements mettent tant d’énergie à alléger, trop vite à mon avis, les services rattachés aux hôpitaux.
    148. On peut estimer que le vieillissement de la population qui se produira d’ici 2035 multipliera par deux et demi, la charge de chaque contribuable en matière de santé et de pensions publiques, si rien d’autre que le vieillissement ne bouge. C’est-à-dire si l’on verse les mêmes pensions, financées de la même façon, si l’on soigne les malades avec les mêmes méthodes et si l’activité économique par âge et par sexe ne se modifie pas. C’est ce que Hervé Gauthier, André Lux et moi, par des méthodes différentes, avons estimé pour le Québec et c’est aussi, à peu de choses près, ce que Fellegi, Murphy et Wolfson, de Statistique Canada, ont estimé pour le Canada. Ce qui va être multiplié par deux et demi n’est pas mince: le fardeau financier pour ces deux services publics passerait, au Canada ou au Québec, de 13 à près de 30% du produit intérieur brut. En contre-partie, le poids des jeunes diminuerait un peu, mais très peu car leur amenuisement est déjà fait.
    Polémiques
    183. La pugnacité répugne à beaucoup de monde. Est-elle pour autant sans mérite? Je répondrai en posant une question: que proposez-vous de faire contre la sottise crasse, la malhonnêteté intellectuelle, la mesquinerie partisane et le corporatisme obtus? Bien sûr, ça ne se pratique pas sans dommage, surtout dans un milieu comme le nôtre où la moindre contradiction, le non-assentiment même, sont perçus comme une agression.
    Un professeur n’est pas payé par la société pour être aimable; son rôle est de dire ce qu’il pense, même quand c’est rugueux. Que dites-vous? … Que je pourrais sans doute l’être moins? … Vous allez m’enlever tout mon plaisir.