Catalogne : baisse de la manifestation annuelle indépendantiste, qui rassemble 600 000 personnes

32b56250fd3da38a5b248c20183ed5ba

Un référendum ineffectif et une démobilisation populaire... Ça vous rappelle quelque chose ?


Environ 600 000 personnes ont pris part ce 11 septembre à la manifestation annuelle des indépendantistes catalans à Barcelone contre un million l’année précédente. Deux ans après un référendum d'indépendance interdit, le mouvement s’essouffle-t-il ?


La grande manifestation annuelle des indépendantistes catalans à Barcelone a connu ce 11 septembre sa plus faible participation, sur fond de divisions à quelques semaines de la sentence judiciaire contre leurs dirigeants pour la tentative de sécession de 2017. Alors qu'environ un million de militants séparatistes étaient descendus dans les rues de la métropole catalane en 2018, ils étaient environ 600 000 cette année selon la police municipale.


C'est la plus faible participation depuis la première grande mobilisation indépendantiste en 2012 le jour de la «Diada», la fête de la Catalogne qui commémore la chute de Barcelone en 1714 face aux troupes de Philippe V.


Cette baisse de la participation est un revers pour les indépendantistes qui voulaient justement afficher leur capacité de mobilisation avant la sentence attendue en octobre contre les 12 dirigeants indépendantistes jugés pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017, la pire crise politique qu'ait connue l'Espagne depuis 40 ans. En prison pour certains depuis près de deux ans, ils risquent de lourdes peines, jusqu'à 25 ans pour l'ancien vice-président régional Oriol Junqueras. 


Confrontation ou dialogue ? Face à Madrid, les leaders indépendantistes divisés sur la stratégie à adopter


Mais deux ans après un référendum d'autodétermination interdit, marqué par des violences policières, et une vaine déclaration d'indépendance, le camp indépendantiste est miné par les divisions alors que toutes ses composantes avaient fait front commun en 2017. Ensemble pour la Catalogne (JxC) de l'ancien président régional Carles Puigdemont prône la «confrontation» avec Madrid tandis que la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) d'Oriol Junqueras a une approche favorable au dialogue avec le pouvoir central. Les deux formations sont alliées au sein du gouvernement régional.


Avec pour slogan «Objectif indépendance», cette manifestation a commencé à 17h14, en référence à 1714, place d'Espagne à Barcelone, où flottaient de nombreux drapeaux indépendantistes. Les portraits de ceux que les indépendantistes appellent les «prisonniers politiques» comme Junqueras étaient omniprésents dans la manifestation, tout comme le slogan «nous recommencerons», en référence à la tentative de sécession.


«Alors que la sentence [de la Cour suprême] approche, il est important que l'on voit que nous nous mobilisons massivement», avait dit à l'AFP Elisenda Paluzie, la présidente de la puissante association indépendantiste ANC, en réaction aux craintes d'une baisse de la participation. «Aujourd'hui, nous allons montrer de nouveau au monde que nous persistons malgré la répression», avait martelé pour sa part sur Twitter Carles Puigdemont, qui a fui en Belgique en 2017.


Lire aussi : Espagne : la majorité du parlement catalan en faveur d'un référendum sur l'indépendance





«Il faudra tout bloquer»


«Si nous, le peuple, nous ne nous bougeons pas, toutes ces années n'auront servi à rien», constatait pour sa part Marc Casanova, un professeur de 37 ans arrivé des Pyrénées avec sa femme et ses enfants et favorable à une radicalisation de la mobilisation après la sentence contre les indépendantistes jugés à Madrid.


«Il faudra tout bloquer, faire comme les gilets jaunes français mais sans violences ni vandalisme, bloquer les routes, les ports, les aéroports, les écoles», ajoute-t-il. En marge de la manifestation, les militants les plus radicaux ont appelé le 11 septembre à se rassembler devant le Parlement catalan en vue de l'occuper. Intervenant à la chambre des députés à Madrid, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a dit espérer qu'«un jour la Diada soit la fête de tous les Catalans et non seulement d'une partie» indépendantiste, la société catalane étant profondément divisée sur la question de l'indépendance.


Selon un récent sondage du gouvernement régional, 48,3% des Catalans sont opposés à l'indépendance et 44% y sont favorables.


Lire aussi : Des Catalans manifestent devant le Parlement européen contre l'exclusion d'élus indépendantistes