C'est confirmé, les Québécois s'enrichissent plus vite

4774516a80268f6077172e0f33eb9507

La proposition de Vigile faite au Bloc prend tout son sens : il vaut mieux échanger la péréquation contre le retour de nos impôts avant qu'elle ne disparaisse !

Les familles du Québec s'enrichissent bien davantage qu'ailleurs au Canada, le constat ne fait maintenant plus de doute.



Le rattrapage est tel que l'écart Québec-Ontario pour le revenu médian des familles n'est plus que de 5 %, alors qu'il était de 16 % au début des années 2000.


Cette confirmation claire, qui vient confondre les sceptiques, est tirée du relevé annuel de Statistique Canada sur les revenus des familles canadiennes, publié hier. Les données proviennent des déclarations de revenus des Canadiens faites auprès de l'Agence du revenu du Canada pour l'année 2017. 


Les chiffres ne sont pas très récents, mais, en revanche, il est difficile d'avoir plus fiable, car la base de données couvre exactement 95,6 % des Canadiens.


 


Ainsi, en 2017, les familles du Québec ont touché un revenu médian de 80 550 $, soit une hausse de 3,7 % par rapport à l'année précédente, la plus forte au Canada. Le bond est encore plus important pour les revenus après impôts (6,4 %), puisque les Québécois ont bénéficié d'une baisse d'impôts pour l'année 2017. Au Canada, la hausse moyenne après impôts a été de 4 %. Ces données sont avant soustraction de l'inflation.


Cette progression de la richesse des Québécois, portée par une croissance inattendue de l'emploi, fait en sorte que le revenu médian des familles a gagné deux rangs en 2017, et a ainsi dépassé le Manitoba et Terre-Neuve. Les Québécois figurent maintenant au 5e rang des revenus médians des Canadiens.


Le revenu médian des personnes seules au Québec (27 380 $) est évidemment plus bas que celui des familles, mais suit la même tendance par rapport aux autres provinces. Seule différence, non négligeable : ces personnes seules, qui ont un revenu médian modeste, sont plus nombreuses au Québec (20,7 % du total) qu'ailleurs (16 % en Ontario). La médiane, faut-il le rappeler, est le point milieu des revenus. Cet indicateur est jugé plus représentatif que la moyenne, influencée par les très hauts et les très bas revenus.


En reculant dans le temps, on est à même de constater le grand progrès des Québécois à ce chapitre. En 2001, le revenu familial médian des familles du Québec était de 47 690 $ (39 600 $ après impôts). Ce revenu équivalait à 86 % du revenu familial médian des Ontariens (84 % après impôts). Aujourd'hui, le rapport est de 94 % (95 % après impôts).


Dit autrement, l'écart n'est plus que de 5 points entre les Québécois et les Ontariens (le constat est très semblable en ce qui concerne les personnes seules).


Certains diront que le rétrécissement de l'écart s'explique plutôt par le recul du voisin ontarien. Or, l'avancée du Québec est également manifeste en comparaison avec les Maritimes, l'Alberta et même la Colombie-Britannique, quoique moins nettement (le rapport des revenus entre le Québec et la Colombie-Britannique est passé de 92,8 % en 2014 à 94,7 % en 2017).


Tout indique, par ailleurs, que la progression du Québec s'est poursuivie en 2018 et se poursuivra en 2019.


En effet, les données sur les salaires, très récentes, indiquent que, depuis 2017, le Québec a vu ses employés obtenir des hausses salariales plus fortes que partout ailleurs au Canada.


La progression des revenus des familles en 2017 est assez uniforme dans toutes les grandes villes du Québec et s'approche de la moyenne québécoise de 3,7 % avant impôts et de 6,4 % après impôts.


Certaines municipalités particulièrement dynamiques se démarquent, notamment Drummondville (+ 4,4 % avant impôts, à 73 380 $), Rouyn-Noranda (+ 4,8 % avant impôts, à 92 440 $) et Gatineau (+ 4,6 % avant impôts, à 93 810 $). En comparaison, à Montréal, le revenu médian des familles atteignait 82 000 $ (+ 3,6 %) et à Québec, 92 690 $ (+ 3,4 %).


Péréquation


Au rythme où vont les choses, le Québec est sur la bonne voie pour se défaire progressivement des paiements de péréquation canadiens. En effet, la péréquation varie en fonction de la capacité fiscale des provinces, basée sur cinq sources de revenus. L'une de ces sources importantes est le revenu des particuliers, et à cet égard, comme on le constate, le Québec rattrape la moyenne canadienne petit à petit.


Le revenu familial médian de 80 550 $ des Québécois équivaut à 95 % de la moyenne canadienne. Nous sommes toutefois encore loin de l'Alberta (99 430 $), comme Montréal (82 000 $) de Calgary (102 260 $).


Précision concernant Kenney


À ce sujet, j'aimerais corriger une information erronée lancée par Jason Kenney, mercredi, et rapportée par La Presse canadienne. Le premier ministre de l'Alberta a affirmé que le Québec touchait 13 milliards par an en péréquation « et la quasi-totalité vient de l'Alberta », a-t-il dit.


D'une part, les versements de péréquation sont faits par le gouvernement fédéral à même les impôts de tous les Canadiens et non par les provinces. D'autre part, sur les 13,1 milliards touchés par le Québec, seulement 2,2 milliards viennent de l'impôt des Albertains ; on est donc loin de la quasi-totalité, comme l'affirme Jason Kenney.


Les Ontariens sont les plus importants contributeurs à notre péréquation (5,3 milliards), et les Québécois versent eux-mêmes 2,4 milliards des 13,1 milliards que le Québec reçoit du fédéral.




-->