C-288 : l’assassinat de la liberté d’expression au Québec et au Canada ?

Les conservateurs suivent leur plan pendant qu'on cherche le nôtre au Québec

Tribune libre

Tout le monde savait qu’un gouvernement conservateur majoritaire serait hautement dangereux pour la démocratie et la liberté d’expression. Alors que cela ne fait même pas six mois qu’il a reçu sa « carte blanche de représentation majoritaire » de 39,6% des votes au Canada, Stephen Harper et son gouvernement monarchiste ne semble avoir aucune intention de cacher ses intentions, maintenant que lui et sa bande sont ivres de pouvoir. Au contraire, le gouvernement Harper semble écraser l’accélérateur pour faire du Canada son idéal de pays rétrograde et autoritaire où le « sentiment national » se bâtit autour d’un culte religieux de la couronne d’Angleterre.
Après le totalitarisme médiatique autour de la visite du prince, le remplacement des peintures de Pellan par une photo de la reine de 3 mètres de haut et l’ajout d’une photo de la même monarque non élue dans toutes les ambassades canadiennes à travers le monde, sans parler du retour de l’appellation « royale » de la marine et de l’armée de l’air canadienne… Voilà maintenant que le ministre du patrimoine canadien, James Moore, veut rendre illégal le fait d’empêcher quelqu’un de hisser un drapeau canadien où il veut !
James Moore, c’est celui qui a qualifié « d’extrémistes » les militants pacifistes qui ont osé dire tout haut ce qu’une majorité de québécois et de québécoises pensaient tout bas au couple princier britannique, qui s’est quand même payé une visite sur notre territoire à nos frais, en pleine crise économique mondiale, en nous traitant comme de vulgaires « sujets » à sa botte ! Qu’est-ce qui est le plus « extrémiste », donc ? Manifester pacifiquement contre la venue sur nos terres, à nos frais, de représentants baveux et parasitaires d’une aristocratie impérialiste étrangère appartenant au passé… ou vouloir imposer des amendes salées et même des peines de prisons pour des chicanes de drapeaux ?
Parrainé par le député conservateur John Carmichael, le projet de loi C-288 stipule que « nul ne peut empêcher quiconque de déployer le drapeau national ». Ce projet de loi, digne d’une dictature, a été effectivement appuyé par le ministre James Moore, puis par le reste du gouvernement conservateur.
Dire que le peuple doit « se serrer la ceinture » à ce point-ci tient d’une hypocrisie incroyable : pendant que le gouvernement conservateur se prépare à couper 4 milliards additionnels « dans le gras » aux services publics, ces mêmes conservateurs se permettent de piger dans l’argent de nos taxes volées pour installer un vitrail de 35 000$ à la gloire de la vieille reine Elisabeth II et de la non regrettée grosse truie incestueuse génocidaire qu’était la reine Victoria, celle-là même dont le gouvernement a brûlé des villages québécois entiers pour écraser notre révolte démocratique avant de décider que le meilleur moyen « d’aider les êtres inférieurs que sont les canadiens francophones, destinés à devenir les nègres blancs d’Amérique » (selon Lord Durham), c’était la disparition de notre langue et de notre culture afin de nous assimiler dans « la culture anglaise supérieure ». Des crachats avec ça ?
La semaine dernière, des figures influentes du gouvernement conservateur, dont le ministre de l’immigration Jason Kenney, ont aussi qualifié « d’extrémiste » la manifestation pacifique devant les communes à Ottawa contre le projet de pipeline Alberta-Texas. Il n’y a évidemment rien « d’extrémiste » à manifester pacifiquement son opinion devant l’endroit où siègent les élus d’un pays, mais il est vrai que pour les conservateurs, le terme « extrémiste » a été vidé de sa valeur à un tel point qu’il désigne maintenant « ceux qui ne sont pas d’accord avec nous (les conservateurs) ». Pour répondre à Jason Kenney là-dessus, lui qui a également appuyé le projet de loi C-288 contre « les extrémistes criminels » qui ne veulent pas de drapeaux ou de signes politiques ou religieux sur les balcons de leurs condos, je dirais que le ministre Kenney est lui-même extrémiste pour avoir affirmé que le Mexique et la République Tchèque (pire fiche de l’Europe en matière de droits humains) sont des paradis des droits humains d’où il est impossible que « des vrais réfugiés » puissent vouloir venir s’installer ici (une pensée pour Paola Ortiz, qui a été forcé, à cause de l’acharnement du ministère de l’immigration sur son cas, de retourner vivre au Mexique où il est possible que son ex-mari violent et membre de la police fédérale mexicaine l’attende de pied ferme, forcée aussi d’abandonner la famille et la nouvelle vie qu’elle s’est bâtie ici, au Québec). Ceci est sans mentionner le fait qu’il a réussi à faire de la malhonnête immigration Canada un appareil bureaucratique encore plus cauchemardesque qu’avant… Moi, j’appelle ça de l’extrémisme.
Mais d’où vient donc cette obsession des conservateurs pour le drapeau canadien ? Beaucoup croyaient qu’ils allaient plutôt ramener ce satané Union Jack…
Plus sérieusement, nous avons ici une nouvelle preuve de la dérive autoritaire enclenchée par le gouvernement Harper, qui ne fait que commencer. Quelle sera la prochaine étape de la lente descente du Canada vers une dictature monarco-religieuse en bonne et due forme ? L’interdiction de critiquer les actions du gouvernement israélien ? L’interdiction de manifester contre les visites payées à même nos taxes de la parasitaire famille royale britannique ? L’interdiction d’appeler à la partition du pays, donc de soutenir l’indépendance du Québec ? De la publicité conservatrice à toutes les heures sur Radio-Cadenas qui devra en permanence exhiber un portrait de la reine dans le coin supérieur droit de l’écran ? Il y a tant de choses qu’Harper peut choisir de faire avec « sa carte blanche majoritaire » de quatre ans. Il peut se fendre des pires niaiseries et participer à toutes les guerres et aventures coloniales de l’OTAN puisque de toute façon, qu’un acte soit bon ou mauvais, le simple fait de prendre une décision est vu comme « un signe de leadership fort » par le Canada anglais…
À la fin, ce sera aux québécois et aux québécoises de décider s’ils veulent d’un tel futur pour eux ou leurs enfants. Une majorité de québécois n’en veulent pas. Ils n’ont tout simplement pas encore compris que ce changement qu’ils cherchent, c’est l’indépendance du Québec et la naissance sur nos terres d’une république réellement démocratique aux valeurs diamétralement opposées à ce que Harper et sa bande de voyous impérialistes souhaitent nous imposer !
Vive le Québec libre et socialiste !
-Gabriel Proulx, co-porte-parole du PCQ, Saint-Eustache


Laissez un commentaire



1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    5 octobre 2011

    Ma seule consolation est que le gouvernement arriéré de Harper va précipiter, sans le vouloir (?) le Québec socialiste et progressiste vers l'indépendance.