Bye bye l'enquête publique!

Enquête publique - un PM complice?



(Québec) Jean Charest a dû pousser un soupir de soulagement en prenant connaissance de la victoire de Gérald Tremblay à Montréal. L'élection de Louise Harel aurait compliqué le délicat jeu d'équilibriste auquel se prête le premier ministre depuis quelques semaines pour éviter une enquête publique sur l'industrie de la construction. On pourra dire que Gérald Tremblay a également demandé une enquête, mais le maire ne poussera pas très fort maintenant qu'il a été réélu. Tandis qu'avec Louise Harel, c'était l'inconnu.
Quant aux autres grandes villes, elles ne feront pas de pressions susceptibles d'embarrasser le gouvernement. Le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, est un allié des libéraux et aurait tout à perdre dans une enquête. Celui de Québec, Régis Labeaume, ne brassera pas la cage. Il est suffisamment aguerri pour comprendre que son intérêt réside dans de bonnes relations avec l'équipe au pouvoir, surtout devant une administration montréalaise affaiblie et donc moins agressive dans le partage des faveurs gouvernementales. Pendant que Montréal sera sous la loupe paralysante des fonctionnaires de Québec, Régis Labeaume bâtira son empire...
À moins que les médias ne découvrent d'autres scandales de grande envergure, le résultat des élections municipales sonne probablement le glas sur la possibilité d'une enquête publique.
Tel un cuisinier devant ses fourneaux, Jean Charest a personnellement gardé la main sur les couvercles de plusieurs marmites, afin d'éviter qu'elles ne lui explosent en pleine figure.
Tous les gestes récents posés par le gouvernement visaient à enlever de la pression dans le sens d'une enquête. L'opération Marteau de la Sûreté du Québec répondait aux allégations de banditisme et de mafiosi dans la construction. La promesse d'une législation sur l'adjudication des contrats, faite hier par le ministre Laurent Lessard, cherche à nous rassurer devant les allégations de collusion entre les entrepreneurs. Il ne reste plus que l'épineux problème du financement des partis politiques, que le gouvernement promet maintenant de régler par une nouvelle loi électorale qui fera l'objet de discussions en commission parlementaire au début de 2010. Ça n'ira pas très loin... Si on voulait vraiment innover en ce domaine, on demanderait des opinions extérieures indépendantes des partis politiques.
Même le Directeur général des élections y met du sien et annonce un «jury citoyen» sur le financement politique. Il ne manque plus qu'une petite initiative de la Commission municipale du Québec (CMQ) pour rassurer le bon peuple. En passant, ça sert à quoi la CMQ? On est loin des beaux jours de la Commission quand elle avait des moyens et faisait
le grand ménage dans les villes aux prises avec la corruption et les conflits d'intérêts.
Même si Jean Charest semble avoir colmaté toutes les brèches, il lui reste encore un défi, celui de doter les ministres et députés d'un code de déontologie, appuyé par la nomination d'un commissaire à l'éthique crédible. Au cours des dernières semaines, le projet de loi 48 déposé à cet effet par le ministre Jacques Dupuis s'est enlisé dans les débats partisans. Il serait tout de même ironique qu'après avoir imposé des règles de transparence et de déontologie au monde municipal, le gouvernement du Québec soit incapable de s'entendre avec les partis d'opposition pour doter les parlementaires des mêmes règles. Or, si aucun geste n'est posé dans les prochains jours, il faudra conclure que ce projet est reporté aux calendes grecques encore une fois, jusqu'au prochain scandale. Ce serait, en soi, une situation scandaleuse.


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