La tête dans le sable

Mais les scandales ont touché trop d'institutions publiques pour croire qu'une ou deux condamnations devant les tribunaux mettront fin aux abus.

Crime organisé et politique - collusion (privatisation de l'État)

(Québec) Le ministre Jacques Dupuis est dans l'erreur s'il croit que les scandales dans la construction et les municipalités disparaîtront au lendemain des élections municipales du 1er?novembre et qu'il pourra éviter une enquête publique. Que veut dire le ministre lorsqu'il répète que la police fait enquête et que sa patience a des limites? On a l'impression qu'il met de la pression sur la Sûreté du Québec pour qu'elle porte des accusations rapidement contre un ou deux mécréants, afin de nous convaincre qu'on a nettoyé les écuries. C'est un jeu dangereux.
Ce n'est plus cela dont il est question. C'est d'un système de gouvernance qui n'est pas à l'abri de la corruption et qu'il faut renforcer.
Il est certain que les campagnes électorales ont constitué la bougie d'allumage aux scandales à Montréal ou à Boisbriand. La démission de Benoit Labonté à Montréal est la goutte qui a fait déborder le vase. Mais les scandales ont touché trop d'institutions publiques pour croire qu'une ou deux condamnations devant les tribunaux mettront fin aux abus.
La démission de Benoit Labonté a tourné les projecteurs vers le financement des partis politiques. Personne n'y échappera. Le député Amir Khadir de Québec solidaire l'a bien illustré la semaine dernière. Il a épluché les rapports annuels du Directeur général des élections (DGE) pour démontrer que Lino Zambito, celui-là même qui a tenté de bloquer les élections municipales à Boisbriand, avait versé 14?300?$ au Parti libéral du Québec entre 2003 et 2008. L'Action démocratique du Québec et le Parti québécois ont également profité de ses largesses.
Pourquoi une telle générosité? Ces contributions ne sont pas dictées par des convictions politiques puisque tous les partis en bénéficient. Et venant d'un homme qui a tenté d'empêcher la tenue d'élections dans une ville, il est douteux que ses dons aient été motivés par des considérations démocratiques.
D'ailleurs, une consultation sommaire des rapports du DGE pour 2007 et 2008 montre trois contributions importantes au PLQ de la part d'autres citoyens Zambito, dont 6000 $ en 2007, de deux donateurs logeant à la même adresse. Des parents proches de Lino? C'est à voir.
Aussi légales soient-elles, ces contributions démontrent bien à quel point les partis politiques peuvent se retrouver dans l'embarras lorsque des individus pris en flagrant délit dans un dossier donné se trouvent sur la liste des dons faits aux politiciens. La culpabilité par association n'est pas admise en preuve, mais elle peut semer un tort irréparable dans l'opinion publique. Et quand on commence à éplucher les rapports du DGE sur le financement des partis politiques, on peut présumer bien des choses.
Parlant de ces rapports, on se demande bien ce qu'attend le Directeur général des élections pour réclamer des comptes-rendus compréhensibles aux partis politiques. Actuellement, les libéraux fournissent une liste alphabétique des donateurs avec le montant reçu, mais sans dire quel député en a été le récipiendaire. Au PQ, c'est l'inverse : on donne la liste des dons par circonscription, mais il faut scruter chacune des 125 circonscriptions pour avoir une image totale des dons faits par un seul individu. Le modèle adéquiste est le meilleur?: on y retrouve la liste globale de tous les donateurs, les montants donnés et la circonscription où ces montants ont été versés.
On me dit que le DGE a déjà demandé aux partis d'harmoniser leurs rapports. Il serait temps qu'il sorte le fouet. Quant au ministre Dupuis, il serait temps qu'il étudie la liste des juges à la retraite pour identifier un commissaire enquêteur et déterminer son mandat.


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