Brexit, vraiment?

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«L’Europe va mal, très mal. (...) Retour de la nation ? Oui !»

Un extraordinaire chaos politique s’est installé au Royaume-Uni après le vote du 23 juin.

Les grands partis sont en implosion après une campagne référendaire démagogique, déchirante, hargneuse. On est loin de l’exemplaire campagne de 2014 en Écosse.

Des mauvais perdants recueillent des signatures virtuelles et manifestent pour demander une reconsidération du vote, pendant que les ténors du « Leave » disent qu’ils veulent prendre leur temps, tout leur temps.

Quant à la stupeur à Bruxelles, elle semble inspirer, du moins dans un premier temps, une ligne dure, venue de Paris, sur l’air de : « D’abord le divorce, et vite ! On discutera ensuite… »

Et puis, il y a ces déclarations assez incroyables de la part de vainqueurs qui ne l’avaient pas vu venir, et qui semblent aujourd’hui décontenancés.

Non, tout bien considéré, on ne va pas récupérer ces 350 millions de livres par semaine pour renflouer notre système de santé (promesse du camp du « Leave »). Non, pas de problème, on garde l’accès au marché unique européen : le beurre et l’argent du beurre, les avantages de l’Union sans les obligations. Ah oui, vous en êtes sûrs ?

Et puis ce chef qu’on pensait triomphant, aujourd’hui piteux, Boris Johnson qui, au lendemain de sa victoire, écrit : « J’insiste pour dire que la Grande-Bretagne fait partie de l’Europe, et le fera toujours. La coopération avec l’Europe ne peut que s’intensifier. »

On croit rêver : un peu plus et il ajoutait : « Ne croyez surtout pas que vous allez vous débarrasser de nous aussi facilement ! » Lequel Johnson démissionne trois jours plus tard… alors que la presse le voyait déjà premier ministre !


Un tel chaos rend impossible toute prédiction, et possibles les hypothèses les plus folles… notamment celle — défendue par quelques analystes sérieux — selon laquelle le Brexit pourrait finalement ne pas avoir lieu.

Autant les pleurnichages des sublimes cosmopolites qui manifestent à Trafalgar Square, outrés qu’on leur enlève « leur » Europe, paraissent faire bien peu de cas de la démocratie, et exprimer un mépris du « petit peuple »… autant les réjouissances spontanées devant « le retour de la nation » et le « bras d’honneur contre les élites » paraissent un peu courtes.

L’Europe va mal, très mal. Déficit démocratique, arrogance technocratique, trop présente sur des sujets secondaires, peut-être pas assez sur de grands sujets (comme la défense)… Beaucoup de critiques à son égard sont justifiées.

Mais l’Union européenne n’est pas, face à l’Histoire, l’échec complet qu’on est en train de dépeindre. Et c’est vrai, pas seulement dans les grandes lignes (« Elle nous a quand même donné 60 ans de paix », etc., ce qui n’est déjà pas mal !).

C’est aussi vrai sur un tas de questions ponctuelles : en matière d’environnement, d’énergie, ou même de standardisation des produits, toutes ses initiatives n’étaient pas ridicules ou intrusives. Certaines, oui, pas toutes. Mais dans les tabloïds anglais, on n’a fait que marteler, au fil des décennies, une grossière caricature. C’est aussi, hélas, sur cette base qu’on a voté le 23 juin.
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François Brousseau92 articles

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François Brousseau est chroniqueur et affectateur responsable de l'information internationale à la radio de Radio-Canada.





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