L'accord de Brexit conclu par Boris Johnson avec les Européens a franchi une première étape capitale mardi au Parlement britannique, qui a adopté en deuxième lecture sa loi d'application, ouvrant la voie à une étude du texte dans les détails.
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Plus tôt dans la journée, Boris Johnson a menacé mardi de retirer du Parlement la loi d'application de l'accord de Brexit et de demander des législatives anticipées si les députés refusent un calendrier accéléré d'adoption du texte, ce qui rendrait difficile sa ratification d'ici au 31 octobre.
«Si le Parlement refuse de laisser le Brexit se faire et décide de tout repousser à janvier ou même plus tard (...), le texte devra être retiré et nous devrons aller vers des élections anticipées», a déclaré le Premier ministre britannique devant le Parlement. Les députés doivent se prononcer mardi soir sur le calendrier d'adoption proposé par le gouvernement, qui prévoit une adoption du texte de 110 pages d'ici à jeudi soir. En cas de rejet, les chances d'adoption finale de la loi avant la fin du mois seraient fortement compromises, renforçant les chances d'un «no deal» dans un peu plus d'une semaine, susceptible de provoquer un chaos à la frontière et des pénuries. Cela pourrait également encourager les Européens à accorder un nouveau report à Londres, qui s'est retrouvé contraint de demander une nouvelle prolongation samedi faute de feu vert du Parlement.
D'où la menace brandie par le premier ministre pour obtenir des votes positifs mardi, qui marqueraient un net progrès vers une sortie en douceur à la fin du mois sans pour autant la garantir. Cela permettrait au Royaume-Uni de «tourner la page» et au Parlement de commencer à «guérir et s'unir», a insisté Boris Johnson devant les députés.
Boris Johnson est arrivé au pouvoir fin juillet avec la promesse de sortir son pays de l'UE le 31 octobre, plus de trois ans après le choc du référendum de juin 2016. Il ne cesse de marteler son opposition à un nouveau report du Brexit, qu'il a été obligé par la loi de demander samedi. Le président du Conseil européen Donald Tusk a affirmé sur Twitter qu'il consultait les leaders européens sur «la manière de répondre» à cette demande de report et a indiqué qu'il avait clairement fait savoir à Boris Johnson qu'un Brexit sans accord ne serait «jamais« la décision des Européens.
Le Parlement européen, dernière instance à voter sur l'accord
Devant le Parlement européen réuni à Strasbourg, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a déclaré mardi matin qu'il «regretterai(t) toujours la décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne». «Mais au moins nous pouvons nous regarder en face et dire que nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour s'assurer que ce départ est ordonné».
Le Parlement européen sera la dernière instance à voter sur l'accord de Brexit, après les députés britanniques. Dans l'hypothèse où tout serait prêt d'ici là à Londres, une session extraordinaire pourrait être organisée la semaine prochaine à Bruxelles, selon le porte-parole de l'institution. Mais à Westminster, l'opposition est en embuscade, prête à dégainer dans les prochains jours des amendements qui, s'ils étaient adoptés, modifieraient radicalement l'accord de sortie. Un amendement des travaillistes porte sur une union douanière avec l'UE, un autre introduirait un nouveau référendum.
Les travaillistes «saisiront toutes les occasions» pour «sauvegarder les droits des salariés, protéger notre économie et s'assurer que le peuple pourra avoir le dernier mot», a écrit John McDonnell, chargé des questions d'économie au sein du Labour, dans une tribune publiée dans le Daily Mirror. Selon lui, les députés ont «l'opportunité de rejeter le choix factice entre le mauvais accord de Boris Johnson et une sortie sans accord, et soutenir à la place un accord qui vaille pour tout le monde».
Paris ne voit pas de justification à ce stade pour une extension
Par ailleurs, Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a estimé mardi qu'il n'y avait pas «à ce stade» de justification pour une nouvelle extension du calendrier de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, prévue pour le 31 octobre. «Aujourd'hui, à l'heure où nous parlons, à ce stade, nous estimons qu'il n'y a pas de justification pour une nouvelle extension», a déclaré le ministre des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale. «La question principale, il faut la renvoyer aux Britanniques, et qu'ils nous disent aujourd'hui, le plus vite possible, si c'est oui ou si c'est non», a ajouté le chef de la diplomatie française.