ROYAUME-UNI

Branle-bas politique après le Brexit

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Le «y'âb» est aux vaches !

L’onde de choc du Brexit britannique n’a pas fini de provoquer des répliques, tant au Royaume-Uni que dans les pays européens. Trois jours après le choix historique des Britanniques de se retirer de l’Union européenne, le Brexit a déjà coûté son poste à un commissaire européen, déclenché la course à la succession de David Cameron, mis en sérieuse difficulté le chef travailliste, Jeremy Corbyn, entraîné une levée de boucliers chez les indépendantistes écossais et accentué les divisions entre François Hollande et Angela Merkel.

En préparation du sommet européen des 28 et 29 juin, dès ce lundi matin, la chancelière recevra à Berlin le président français, le leader italien Matteo Renzi et le président du Conseil européen, Donald Tusk. En contradiction avec les déclarations de François Hollande et des présidents du Conseil et du Parlement européens, la chancelière allemande a indiqué dimanche que le Royaume-Uni devait « prendre son temps » pour examiner les conséquences de sa décision de quitter l’Union européenne (UE). Selon la chancelière, s’il n’est pas question de remettre en cause la décision des Britanniques, il n’y a aucune raison de hâter le processus. « Il n’y a pas de raison d’être mesquins dans ces négociations ; elles doivent être conduites de manière convenable », a précisé la chancelière.

Pris en otage


Cette position contredit totalement celle formulée samedi par les ministres des Affaires étrangères des six pays fondateurs de l’UE (France, Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) selon qui le Royaume-Uni devait lancer « le plus vite possible » la procédure de sortie de l’UE. Plus tôt, le président du Parlement européen, Martin Schulz, avait même jugé « scandaleux » que David Cameron ne quitte ses fonctions qu’en octobre. « Tout un continent est pris en otage », avait-il déclaré. Dans la foulée, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, avait dit souhaiter une succession d’ici « quelques jours ».

Dans la capitale anglaise, de nombreux commentateurs estimaient que, dans la situation de crise que traverse l’UE, on ne savait plus qui exactement parlait pour Bruxelles. Est-ce la Commission européenne, les ministres des Affaires étrangères, François Hollande ou Angela Merkel ? a demandé un analyste de la chaîne d’information Bloomberg.

Les dissensions ne sont pas moins profondes à Londres. Depuis vendredi, les événements se sont précipités d’heure en heure. Une pétition en ligne proposant la tenue d’un second référendum a déjà recueilli plus de deux millions de signatures. Même si le Parlement sera obligé d’en discuter (comme pour toutes les pétitions recueillant plus de 100 000 signatures), celle-ci n’a absolument aucune chance de changer le cours des choses. Les deux millions de signataires ne faisant guère le poids face aux 17 millions de Britanniques qui ont clairement choisi de quitter l’UE.

Dimanche, un sondage du Sunday Mirror révélait d’ailleurs que seulement 39 % des Britanniques étaient d’avis qu’un nouveau référendum devrait être organisé, mais seulement si Bruxelles faisait de nouvelles concessions au Royaume-Uni. Par contre, 48 % des sondés se disent satisfaits du résultat contre 43 % d’insatisfaits.

Après la démission du premier ministre, David Cameron, qui doit partir en octobre prochain, on assiste à Londres à une véritable redistribution des cartes politiques. Samedi, le commissaire européen britannique, Jonathan Hill a démissionné. « Puisque nous entrons dans une nouvelle phase, je ne crois pas indiqué de demeurer commissaire comme si rien ne s’était passé », a-t-il déclaré.

Les conservateurs et les travaillistes ébranlés


À l’heure où le Parti conservateur cherche à refaire son unité, on estimait à Londres que celui qui a mené le Brexit à la victoire, l’ancien maire de Londres Boris Johnson, pourrait poser sa candidature à la succession de David Cameron dès cette semaine. Johnson a déjà reçu le soutien de l’influent ministre de la Justice, Michael Gove qui serait, dit-on, en train d’essayer de convaincre le chancelier George Osborne de faire de même.

Dans le camp adverse, une demi-douzaine de conservateurs influents étaient déjà à la tâche afin de tenter de faire dérailler sa candidature. Parmi les autres candidats éventuels, le nom de la ministre de l’Intérieur, Theresa May, partisane du Remain, était le plus souvent cité. Le ministre des Affaires étrangères, Philip Hammond, qui ne sera pas candidat, a déclaré que les partisans du Brexit ont fait des promesses contradictoires dans cette campagne. Il a notamment déclaré sur ITV que jamais le Royaume-Uni ne pourra négocier un plein accès au marché unique européen (comme celui qui est garanti à la Norvège) et une restriction de l’immigration intra-européenne.

Chez les travaillistes, le vote de jeudi a déjà ébranlé le leadership de Jeremy Corbyn, pourtant élu à la direction du parti depuis un an à peine. Accusé d’avoir traîné les pieds dans le camp du Remain, cet homme, qui a toujours été un féroce eurosceptique, a été décrit comme « un homme respectable, mais qui n’est pas un dirigeant » par Hilary Benn, l’un des 30 membres du cabinet fantôme des travaillistes et un de ses opposants au sein du parti.

Jeremy Corbyn a dû limoger Hilary Benn, avant que dix membres de son cabinet ne claquent la porte.

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