Boisclair: un faux scandale

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Et le baiser de la mort...


Il y a deux questions à se poser sur la double nomination d'André Boisclair comme délégué à New York et sous-ministre adjoint.
M. Boisclair fera-t-il un bon délégué? Sera-t-il un atout pour la fonction publique? Une seule réponse: oui.
À entendre certains commentateurs, le privilège accordé à M. Boisclair est un scandale épouvantable; l'un d'eux compare même cela à la corruption! Cette levée de boucliers est complètement démesurée.
On peut reprocher au gouvernement d'avoir voulu camoufler l'intégration de M. Boisclair à la fonction publique en enterrant la nomination dans la Gazette officielle.
On peut aussi comprendre qu'en cette période de restrictions budgétaires et de suspicion généralisée envers les politiciens, l'opinion publique soit de mauvais poil. Mais à l'aulne de ce qui se dépense dans l'administration publique, ce que coûtera André Boisclair à l'État est une goutte d'eau dans la mer.
D'ailleurs, il ne s'agit pas d'un cadeau, mais d'un échange: de l'argent contre du travail. New York n'est pas une sinécure, et comme sous-ministre adjoint, M. Boisclair devra travailler autant, et aux mêmes conditions, que ses collègues.
Il est vrai qu'il s'agit d'un précédent. La plupart des délégués à l'étranger ont été de hauts fonctionnaires, qui retrouvaient leur poste une fois leur mandat terminé. Et ceux qui venaient de l'extérieur de la fonction publique, comme Yves Michaud ou John Parisella, n'ont jamais eu l'assurance d'atterrir sur le douillet coussin de la fonction publique à la fin de leur mandat ou lors d'un changement de gouvernement.
Le cas de M. Boisclair est toutefois différent, car son «patron» étant un gouvernement minoritaire, il ne pouvait même pas compter sur un mandat de quatre ans.
M. Boisclair gagnait bien sa vie comme consultant en matière énergétique et associé d'une entreprise privée, Questerre Energy. On le comprend d'avoir exigé des garanties avant de laisser tomber une affaire qu'il avait bâtie au fil des années.
Faudrait-il réserver les postes diplomatiques aux seuls fonctionnaires, ou à ceux qui, tels les professeurs d'université, peuvent bénéficier de congés sans solde de leur employeur? N'y a-t-il pas des avantages à ce que les représentants du Québec, particulièrement aux États-Unis, soient sensibles aux réalités de l'entreprise et de l'industrie?
M. Boisclair a le profil idéal pour la fonction, avec une expérience diversifiée, un diplôme de Harvard, une parfaite connaissance de l'anglais, et un esprit cosmopolite.
Quant à son statut de sous-ministre adjoint, M. Boisclair, qui a dirigé cinq ministères avant son aventure malheureuse à la tête du PQ, a toute la compétence requise pour accéder à un poste de haut fonctionnaire au retour de sa mission new-yorkaise. Il sera au moins aussi compétent qu'un diplômé de Laval (le principal bassin de recrutement de la fonction publique québécoise) qui n'a jamais étudié ou voyagé à l'étranger.
Le fait qu'il jouisse de la permanence dès son entrée au ministère n'a rien de scandaleux non plus. Un sous-ministre venant de l'extérieur, qui n'a jamais travaillé dans un gouvernement, doit faire ses preuves pendant deux ans avant d'obtenir un statut permanent, mais ce serait une précaution superflue dans le cas de M. Boisclair, qui a l'expérience de la fonction publique.
D'ailleurs, on a déjà vu des nominations autrement plus partisanes. M. Boisclair est loin d'avoir des liens forts avec le PQ. Les militants péquistes le honnissent pour sa tolérance pour le gaz de schiste, son ouverture aux minorités et son approche modérée de la souveraineté.
M. Boisclair a rejoint Pierre Marc Johnson et Lucien Bouchard au rayon des anciens chefs péquistes reniés par le parti. En fait, il pourrait aussi facilement travailler sous un gouvernement libéral ou caquiste.


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