Avec Énergie NB: pertes de 130 million de $ par année pour Hydro-Québec

Tribune libre

Monsieur Jean Charest annonce aux québécois que cette entente générera un rendement net minimum de 10% sur l’équité du prix d’achat. Vérifions cette promesse que nous qualifions d’hypothèse peu probable selon la 2e entente convenue le 20 janvier 2010 au prix de 3,2 milliards de $ pour l’achat de certains actifs d’Énergie NB.
Cette 2e entente comprend un engagement pour Hydro-Québec (HQ), soit la livraison de 14TWh (milliards de kWh) par année au prix de 7,35 c/kWh, prix de livraison à la frontière du Nouveau-Brunswick. Puisque les centrales hydrauliques sur le fleuve St-Jean continueront de produire ainsi que certaines centrales thermiques, (la centrale nucléaire Point Lepreau est en rénovation) nous faisons ici l’hypothèse que ces centrales seront en mesure de fournir le tiers des besoins annuels de la province en électricité aux prix et conditions d’Énergie NB existants avant l’entente. Les deux autres tiers seront fournis par HQ au prix de 7,35 c/kWh. Nous espérons que les chiffres ci-dessous, si erronés, seront corrigés par des personnes plus éclairées que moi. Comme québécois, je cherche la vérité dans le noir de Jean Charest.
Notre comparaison porte sur deux situations:
a) les bénéfices nets perçus par HQ sans l’Entente du 20 janvier 2010
b) les bénéfices nets générés par l’Entente du 20 janvier 2010

a) les bénéfices nets qu’aurait perçus HQ SANS l’achat de 3,2 milliards de $ en doublant ses ventes d’électricité “franco à bord” à la frontière du Québec avec le N.-Brunswick. Les besoins totaux d’Énergie NB sont de 14 TWh/an et Hydro-Québec fournit déjà le tiers de cette consommation. Donc, doubler cette demande d’électricité vendue “hors Québec” représente 9,24 TWh/an. Pour dégager le bénéfice net annuel de cette quantité d’électricité, nous avons mesuré ce taux de bénéfice à 65% (voir Rapport an. 2008 p.10) du prix de vente pour l’électricité “hors Québec”. Selon des recoupements dans le rapport annuel 2008 d’HQ, tenant compte uniquement du bénéfice net généré par HQ Production, nous obtenons le chiffre suivant:
9,38TWh X 9,8 c/kWh X 65% = 597 Millions de $ / an arrondi
b) la 2e partie de la comparaison: elle s’applique aux bénéfices nets générés par l’application de la 2e entente du 20 janvier 2010. Ici, nous partageons le besoin total annuel en électricité de 14 TWh en trois tiers.
- calcul du premier tiers: nous retenons que le tiers des besoins de 14TWh, soit 4,62TWh sera produit par les centrales existantes d’Énergie NB acquises par HQ, aux conditions existantes de coûts et bénéfice propres d’Énergie NB tels que révélés dans le dernier rapport annuel 2008 d’Énergie NB. Notons au passage que les barrages achetés par HQ conservent leur qualité intrinsèque de produire de l’hydroélectricité comme avant l’arrivée de leur nouveau propriétaire. D’ailleurs, les 1000 employés hérités d’Énergie NB dans l’Entente du 20 janvier 2010 sont, nous l’espérons, encore compétents pour opérer ces centrales qu’ils connaissent bien. Disposons du calcul des bénéficesnets de ce premier tiers:
4,62TWh X (7,2 c/kWh X 1,69 Moncton) X 68% (l’ajustement facteur de production seulement) X 4,8% = 18,5 M$ par année durant 5 ans.
explications: 7,2 c/kWh est le tarif D/HQ, 1,69 est le facteur d’ajustement pour Moncton tel que mentionné à la p.24 du Rap. an 2008/HQ, ajusté à un taux qui ne retient que le bénéfice généré par la division HQ Production, soit 68% comme nous le révèle les chiffres de la p.102 du dernier Rap. annuel HQ. Le solde de bénéfice va à Énergie NB qui continue d’assurer la distribution et la facturation. Le dernier chiffre 4,8% est le taux de bénéfice sur les ventes d’Énergie NB tel qu’écrit dans leur dernier Rapport annuel 2008.
- calcul des deux autres tiers: 14 TWh moins 4,62 TWh = 9,38 TWh
en conséquence du paragraphe ci-dessus, ces deux autres tiers proviennent d’électricité d’HQ produite au Québec et livré à la frontière des réseaux respectifs au prix unitaire de 7,35 c /kWh tel que stipulé dans l’Entente du 20 janvier 2010:
9,38 TWh X 7,35 c/kWh X 65% = 448 Millions de $ de bénéfice net / année
Explication pour le 65% qui est le taux de bénéfice net applicable à l’électricité vendue hors Québec en 2008. À la page 10 du rapport annuel 2008 d’HQ, nous lisons que 15,2 TWh ont généré 977 Millions de $ de bénéfice net. Cela donne un prix unitaire de 6,43 c/kWh et le prix moyen vendu est 9,8 c/kWh. Le rapport entre ces 2 chiffres donne 65% de bénéfice net.
La sommation des bénéfices nets de la situation b), soit celle avec l’application de la 2e entente du 20 janvier 2010 donne:
18,5 M$ + 448 M$ = 467 M$ arr. / an durant 5 ans
Conciliation des 2 options: a) moins b) = ?
597 M$ moins 467 M$ = 130 M$ de perte annuelle pour Hydro-Québec et les québécois si Hydro-Québec et Jean Charest vont de l’avant avec la 2e entente du 20 janvier 2010. À moins que Jean Charest ait un agenda caché!
Au sujet du service de la dette du prix d’achat de 3,2 milliards de $, nous assumons que les chiffres que nous avons extraits des différents rapports annuels de HQ et d’Énergie NB contiennent déjà les coûts associés à leur dette respective et que le 3,2 milliards de $ représenterait un ajustement de 10% X le taux de financement ex. 5%, donc 0,5% en moins sur les résultats montrés ci-dessus.
Pire encore, cette entente, très négative pour le Québec sous d’autres rapports que financiers, est jugée mauvaise par un éminent avocat de Moncton, Monsieur H. Reuben Cohen CC. et QC. Geste inhabituel de sa part et unique comme il le dit, il a produit une opinion de citoyen vendredi dernier, 12 février 2010, dans le Telegraph Journal de Moncton. Il qualifie le projet de transaction (MOU: memorandum of understanding) de mauvais, je cite “... the secrecy and panic of the MOU solution came upon us like a bolt of lightning out of the blue. There are, and have to be, many alternative solutions that could be presented and debated...”.
Un mot sur les exportations vers l’État du Maine: le Québec possède plusieurs centaines de kilomètres de frontières communes avec le Maine pour où il est possible de construire une nouvelle ligne d’interconnexion via la Beauce. À regarder attentivement.
Rappelons aussi que le président d’Énergie NB, Monsieur David Hay a démissionné le 26 janvier dernier, et tout récemment, David Lord, ancien PM s’est prononcé contre. Ce projet de transaction est mauvais pour le Québec sous plusieurs angles d’autant plus qu’il existe des alternatives plus payantes pour Hydro-Québec tel que démontré ci-dessus. Tant que le texte de l’entente du 20 janvier 2010 ne sera pas dévoilé au public, les analystes et citoyens curieux ne pourront pas étudier cette entente à son mérite. Il est donc urgent que le gouvernement de Jean Charest joue la carte de la vérité.


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2 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    18 février 2010

    Hum...
    Règle générale, quand Johnny Frisé nous dit qu'il a d'excellentes nouvelles à nous apprendre, ou qu'l vient de réaliser un bon coup, pour le Québec... c'est qu'une catastrophe s'en vient!
    Est-ce qu'il s'en trouve encore parmi vous pour en douter?

  • Archives de Vigile Répondre

    18 février 2010

    C'est bien clair que la transaction vise à affaiblir le Québec. Après la transformation de la Caisse de dépôt en tigre de papier (les papiers commerciaux et vente massive d'actions en pleine débandade boursière) voici venu le temps d'Hydro. Qu'est-ce que pourrait bien gagner Hydro à acheter une entreprise non rentable, avec en prime une centrale nucléaire dont même le gouvernement du NB ne voulait plus parce que trop onéreuse?
    En leur temps, les Soviétiques ont fait des manoeuvres du genre pour mieux assujettir leurs républiques satellites, les Etats baltes entre autres. Quand ceux-ci ont choisi la voie de l'indépendance, Moscou leur en a bien fait voir.
    Charest cache ses manoeuvres en disant qu'il veut mieux intégrer l'économie québécoise à celle du Canada. En d'autres termes, il donne le pouvoir économique du Québec à Ottawa, à Toronto et à ses financiers, dont Power corp.