Lettre ouverte d’un militant indépendantiste

aux 99 députés souverainistes du Québec :

« Au front, salariés de l’indépendance! »

Tribune libre

Mesdames, Messieurs les Députés du Parti québécois, du Bloc québécois et de Québec solidaire,
En ce début de la nouvelle décennie, 50 ans après le début de la Révolution tranquille et 15 ans après le référendum, je vous propose de redonner espoir aux 40 % d’indépendantistes et de relancer une nouvelle Révolution tranquille au Québec.
L’idée est simple. Chacun d’entre vous et trois membres de votre personnel consacreraient désormais l’équivalent de deux jours/semaine à réaliser un plan menant le Québec à son indépendance. De plus, chacun des 99 députés souverainistes recruterait dix militants bénévoles qui joindraient les troupes indépendantistes à raison, eux aussi, de deux jours/semaine. Le Plan aurait été élaboré en étroite collaboration avec les autres organisations indépendantistes.
Je ne m’attarderai pas sur le défi d’en arriver à un consensus au sujet de ce Plan, mais plutôt sur la force d’un tel mouvement et sur les objections qui pourraient vous effleurer l’esprit.
Imaginez, mesdames et messieurs les députés, l’équivalent en temps plein de 554* pédagogues de l’indépendance, soit au moins quatre dans chacune des 125 circonscriptions du Québec œuvrant à réaliser le Plan de l’indépendance!
Imaginez, comment cette petite armée pacifique de militants d’expérience pourrait créer un mouvement qui prendrait rapidement de l’ampleur et que ni le Canada, ni leurs amis fédéralistes québécois, ni les « souverainistes lâcheurs » ne pourraient arrêter, même en trichant de nouveau. Ce mouvement apporterait sans doute un nouvel espoir au peuple, l’espoir de devenir enfin quelque chose comme un grand peuple, le début d’une nouvelle Révolution tranquille québécoise. Pensez à tous ces chantiers de réparation, de restauration et de développement qui pourraient être entrepris pour l’intérêt supérieur des Québécois après la conquête de notre indépendance!
Certains vont peut-être s’opposer, prétextant que la loi ne vous autorise pas à consacrer du temps de travail de député à un tel Plan.
Qui peut me démontrer que de vaquer à ses devoirs de député est incompatible avec la tâche d’œuvrer à la réalisation du Plan de l’indépendance? Les électeurs vous ont élus sachant que vous êtes des députés souverainistes, non? Au moins 40 % des électeurs sont favorables à l’indépendance du Québec et ont droit eux aussi à ce que leurs aspirations soient représentées. Nos adversaires, les députés fédéralistes consacrent depuis toujours 100% de leur temps à réaliser le rêve de la nation « canadian » et ne s’enfargent pas les pieds dans les fleurs du tapis pour cela. Enfin, si jamais, certains parmi vous ou votre chef étiez rongés par le remord à ce point, vous pourriez consacrer bénévolement ces 15 heures/semaine à la réalisation du Plan, mais les soirs et les fins de semaine.
D’autres vont affirmer que vous et votre personnel œuvrez déjà à la réalisation de la souveraineté. Mais alors, il faut redoubler d’effort et changer radicalement de plan, car tout observateur averti constate que depuis 1995, la promotion de l’indépendance a été abandonnée.

Je crois sincèrement que cette proposition mérite d’être sérieusement étudiée. Elle implique évidemment :
- que comme député et comme parti politique, vous soyez prêts à effectuer un changement de cap majeur,

- que la priorité absolue devienne l’indépendance du Québec,

- que les considérations électoralistes soient remisées dans le « tiroir provincial » en attendant l’indépendance,

- que les débats gauche-droite et accession-à-l’indépendance-avec-une-majorité-de-députés-indépendantistes vs accession-seulement-après-un-référendum disparaissent de la place publique pour la durée restante de la phase « provinciale » du Québec,
- qu’on veuille se tenir fièrement debout, et enfin,
- que l’intérêt supérieur du Québec prime sur toute autre considération.
Cette proposition, si elle était adoptée, pourrait redonner le goût du Québec à des milliers de compatriotes, le goût de s’engager davantage pour améliorer la société, le goût de faire de la politique et d’être apprécié dans cette fonction. Elle ferait probablement grimper la cote de popularité des politiciens!
Il est urgent d’agir! L’avenir du pays en dépend! Au front salariés de l’indépendance!
Georges Le Gal
Militant indépendantiste depuis mon arrivée au Québec il y a 34 ans, ayant résidé sept ans dans l’Outaouais, 20 ans dans les Laurentides et sept ans à Montréal.

*Faites vous-même le calcul.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    25 février 2010

    Monsieur Le Gal,
    Votre proposition aurait du sens (et d'ailleurs n'aurait jamais eu lieu) si et seulement si les députés supposément "souverainistes" à qui vous exposez votre beau rêve, étaient vraiment des indépendantistes. L'indépendance du Québec par ces partis est illusoire : le PQ nous le démontre depuis 40 ans (Ils sont en faveur de 2 CHU, imaginez).
    Il faut arrêter de rêver en couleur. Le seul parti indépendantiste est LE Parti indépendantiste. Désolé de défaire votre beau rêve qui est en fait un cauchemard.
    C'est pourtant simple. C'est claire comme de l'eau de roche; ça prend pas la tête à P...

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    22 février 2010

    @ George Le Gal:
    «...à réaliser le rêve de la nation « canadian »...»
    On peut se demander si c'est toujours une nation, avec tout ce multiculturalisme. Aujourd'hui, à part leur Charte des droits et libertés, dont ils s'enorgueillissent beaucoup, quel serait, disons, un trait culturel commun des habitants du Rest of Canada?
    La langue anglaise? Même plus; la banque Toronto Dominion, par exemple, assure une très grande partie de ses services en chinois...
    C'est le pays de qui, aujourd'hui, que ce pays-là? Le Canada, c'est une simple terre d'accueil, mais avec un gouverneur général.

  • Gilles Lapointe Répondre

    22 février 2010

    Un excellent plan,si cette proposition était acceptée, elle aurait aussi pour effet de
    ramener un fort SENTIMENT D'APPARTENANCE à beaucoup de Québécois désoeuvrés.