Assimilation ou indépendance?

Le français — la dynamique du déclin



Avant la Révolution tranquille, le peuple franco-québécois était protégé contre l'assimilation d'abord par l'Église qui liait perte de la langue à perte de la foi et aussi par son isolement dans les campagnes et les quartiers des villes. L'Église abandonnée ne peut plus assurer cette protection.
Les nouveaux moyens de communication ont brisé l'isolement des Franco-Québécois. Donc l'assimilation totale de ce peuple reste une menace et une possibilité. Dans combien de temps?
Les Irlandais et les Écossais ont résisté pendant des siècles à l'assimilation linguistique anglaise et ils ont fini par succomber. Et pourtant les nouveaux moyens de communication n'existaient pas encore. Et l'Angleterre n'avait pas le poids des États-Unis et de sa culture internationale. Aujourd'hui, il ne reste qu'une infime partie de leur population qui parle encore la langue celte.
Donc, Gilles Duceppe a raison, le danger est réel. Ceux qui prétendent que notre gouvernement, nos lois, notre système d'éducation offrent des remparts invincibles contre l'assimilation devraient repasser leur histoire. Le même argument revient toujours: «On a prédit notre assimilation depuis 1760 et nous ne le sommes pas encore.» C'est oublier qu'aujourd'hui la nation franco-québécoise est fragilisée, comme des sociétés beaucoup plus importantes, telle la France, par le tsunami anglais.
L'indépendance ne serait pas non plus un rempart invincible contre l'assimilation, mais en renforçant la loi 101 (cégeps français obligatoires, suppression du bilinguisme imposé par la Cour suprême au gouvernement québécois, système judiciaire uniquement français interdit également par la Cour suprême, rétablissement de la clause Québec imposée toujours par la même Cour, le français obligatoire dans tout le monde du travail, etc.), on ne peut nier qu'un Québec indépendant serait mieux armé pour faire face au tsunami. Et puis on peut toujours rêver. L'indépendance donnerait peut-être aux Franco-Québécois la fierté de bien parler leur langue, fierté qu'ils n'ont malheureusement pas actuellement.
M. Duceppe a raison de dire que nous avons pris beaucoup de retard. L'indépendance a accumulé un retard de 50 ans. Dans 15 ans, il sera trop tard pour donner un coup de barre. L'assimilation, sans être totale, sera définitivement engagée presque à notre insu et peut-être avec notre consentement tacite. Laissons-nous assimiler lentement, doucement, ça ne fera pas mal, et c'est tellement plus facile que de résister encore et encore. Aux Franco-Québécois à faire leur choix!
Normand Rousseau,
Gatineau


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