De l'étapisme aux conditions gagnantes au plan de gouvernance

Assez, c'est assez! (prise 2)

Tribune libre


Si la flamme souverainiste a réussi à se maintenir allumée malgré les nombreuses intempéries auxquelles elle a été confrontée au cours des quarante dernières années, on peut témoigner aujourd’hui de sa phénoménale vigueur! À preuve, ce court rappel historique qui en fait foi.
Dès le début de son parcours, elle a dû faire face aux vents violents de l’étapisme, un phénomène atmosphérique sclérosant défini ainsi sur le site de Wiktionnaire :

« Idée politique élaborée par le député et ministre péquiste Claude Morin dans les années ’70, exprimant la nécessité de passer par un référendum sur un partenariat entre nations pour faire la souveraineté du Québec. »

Ailleurs, dans un article intitulé « L’étapisme tue l’imaginaire », publié sur [www.erudit.org->www.erudit.org], Anne Légaré commente ainsi l’ouvrage de Jean Décary « Dans l’œil du sphinx, Claude Morin et les relations internationales du Québec », publié chez VLB :
« L’étapisme est le cloître des émotions, des convictions, des fantasmes, des désirs et des projets à propos du devenir d’une société. L’étapisme tue l’imaginaire, pourtant reconnu pour être la sève indispensable à la croissance de l’arbre. L’étapisme est le contraire d’un projet d’avenir, c’est une religion d’interdits qui cloisonne le rêve d’une minorité dans les calculs d’une majorité… Rarement une petite société aura-t-elle été l’objet de tant de stratégies de la part de ses dirigeants au nom de l’éveil de l’intérêt national. »


Et, comme l’étapisme devait respecter certaines « étapes », les porteurs de la flamme en sont arrivés à attendre les vents favorables, soit les conditions gagnantes prônées par Lucien Bouchard. À cet effet, Josée Legault signe un article percutant dans le Devoir du 8 avril 1998, intitulé « [Les conditions gagnantes->343] », dans lequel elle y déclare entre autres :
« Vendredi, alors que paraissait un sondage SOM désastreux pour le PQ, M. Bouchard listait ses fameuses conditions gagnantes. Entre autres, il faudrait que les « gens en veuillent », qu’on ait créé des emplois et relancé l’économie. Pourquoi ne pas attendre aussi d’avoir trouvé un remède contre la grippe? Et pour savoir si les gens en veulent, fera-t-on un référendum pour leur demander…s’ils veulent d’un référendum? » En d’autres termes, pour paraphraser un extrait d’un monologue d’Yvon Deschamps, ayant revêtu le casque d’un capitaine d’une caserne de pompiers : « Dorénavant, quand il y aura un incendie, on se pratiquera la veille! »

Et Josée Legault de poursuivre :
« L’Histoire nous enseigne que le pouvoir devient un piège lorsqu’il ne sert plus à réaliser ses projets et à promouvoir ses idées. Ce piège, le PQ s’y est pourtant déjà enfermé en 1985 avec Pierre-Marc Johnson, avec comme résultat que trop de virages, politiques et économiques, ont fini par entacher sa crédibilité et lui valoir, au bout du compte, d’être « viré » par les Québécois. »

***
« Étape » suivante, l’accalmie, soit le plan de gouvernance de Pauline Marois, décrié récemment et par Jacques Parizeau et par un [regroupement de jeunes souverainistes->32100] dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien Le Devoir, dont voici un extrait :
« Le projet de gouvernance souverainiste présenté par Pauline Marois consiste en une stratégie selon laquelle un éventuel gouvernement péquiste négocierait le rapatriement de pouvoirs avec Ottawa et tiendrait un référendum sur la souveraineté du Québec au moment jugé opportun. » Vous ne trouvez pas que ça ressemble étrangement à un mariage d’étapisme et de conditions gagnantes?
Quarante ans plus tard, nous en sommes encore là!… À tergiverser sur la prochaine « étape »! À mon sens, les prochaines étapes sont évidentes : afficher ouvertement notre option souverainiste, la défendre sur des bases solides, en particulier sur la mobilisation de notre jeunesse, prendre le pouvoir et tenir un référendum sans délai sur une question claire : « Voulez-vous que le Québec devienne un pays? »

Henri Marineau
Québec

Featured 19e390a78eaf9d290f5b6b4a1e389e83

Henri Marineau2101 articles

  • 1 481 635

Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





Laissez un commentaire



1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    11 mars 2011

    Monsieur Marineau
    J'ai bien aimé votre texte mais votre suggestion en tout dernier d'y aller avec un autre référendum n'a aucun sens surtout avec le nombre de nouveaux immigrants qui arrivent maintenant au Québec. Rappelez-vous le référendum perdu de 1995 par 50 000 votes; l'immigration a fait toute la différence! En 1982, il y a eu un bris de contrat par Ottawa avec le rapatriement unilatéral de la constitution sans l'accord du Québec; le gouvernement québécois, de l'époque, n'avait qu'à procéder unilatéralement et déclarer l'indépendance du Québec.
    Si le gouvernement, en place, ne l'a pas fait, c'est parce qu'il était fédéraliste et qu'il ne voulait que quelques accommodements avec Ottawa comme celui du lac Meech en 1990 (4 petites demandes insignifiantes refusées en plus!). La seule solution réside dans l'élection d'un vrai parti indépendantiste (PI) au Québec et dès lors déclarer unilatéralement l'indépendance du Québec. Le reste n'est que de la poudre aux yeux ("bullshit") pour continuer à endormir le peuple. Il m'a fait plaisir.
    André Gignac indépendantiste à mort !!!