Amalgame entre terrorisme et séparatisme?

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Un moyen de traquer les séparatistes

Le Parlement canadien s'apprête à voter la loi C-51 sur la lutte au terrorisme, avec l'appui des deux principaux partis d'opposition, le NDP/NPD et le PLC. Ceux-ci avaient, dans un premier temps, manifesté leur opposition au projet de loi puis, curieusement, en cours de route, ils se sont ravisés et tout indique qu'ils vont appuyer le gouvernement conservateur.
Tout ce branle-bas de combat est, selon moi, de la poudre aux yeux. On veut donner l'impression que l'État fédéral s'occupe de notre sécurité, et on en veut pour preuve les arrestations de quelques individus louches au cours des dernières semaines.
Ne croyez-vous pas que si les forces de la coalition arabo-occidentale, qui réunit quatorze pays, dont les États-Unis, la France, l'Angleterre, l'Australie, le Canada, l'Arabie saoudite, la Jordanie, le Qatar, le Bahreïn et les Émirats arabes unis, voulaient vraiment venir à bout de l'État islamique et du Front al-Nosra, en Irak et en Syrie, ils l'auraient fait depuis longtemps?
À l'époque de la guerre du Vietnam, l'armée américaine avait déployé des moyens énormes pour venir à bout des forces révolutionnaires du Vietnam du Nord. À l'aide de rayons infrarouges et de détecteurs de chaleur, ils réussissaient à détecter du haut des airs les mouvements de troupes du Vietcong, même sous terre, puis à les bombarder avec leurs bombardiers B-52. S'ils ont dû peu à peu rebrousser chemin, c'est parce que l'Union soviétique, c'est-à-dire principalement la Russie, avait fourni au gouvernement de Hanoi les fameuses fusées SAM qui étaient capables d'atteindre les soi-disant forteresses imprenables qu'étaient les B-52.
Mais l'État islamique ne possède pas cet armement sophistiqué. Et malgré tout, les sanguinaires djihadistes continuent à semer la terreur comme si de rien n'était, décapitant, lapidant, crucifiant, pendant, fusillant et se livrant à des autodafés humains à qui mieux mieux, sans être importunés le moindrement par les forces de la coalition, toutes ces horreurs étant filmées et diffusées sans aucun problème.
Comment expliquer une telle situation? Comment expliquer que les forces de la coalition ne réussissent pas à pénétrer dans leur sanctuaire? La coalition fait pourtant usage de drones pour détecter les mouvements de cette armée d'égorgeurs. On sait que les djihadistes se trouvent concentrés dans certaines villes en Irak et en Syrie, comme Faloujah, Mossoul et Tikrit, ou encore au Nigeria et à la frontière du Cameroun avec le groupe Boko Haram, et pourtant, il ne se passe rien, nous assistons, impuissants, à ces scènes horribles d'autodafé vivant, de décapitation ou d'exécution sommaire.
Pendant ce temps, ici, on s'apprête à donner plus de pouvoir aux corps policiers et aux agences de renseignements pour soi-disant repérer ceux qui alimentent en argent et en capital humain les djihadistes. Mais c'est aussi un prétexte pour mieux nous contrôler.
Récemment, Edward Snowden, qui est toujours réfugié en Russie, s'adressait, à travers une vidéo-conférence, à des étudiants de Toronto pour les mettre en garde contre les dangers d'une telle loi qui accorde plus de pouvoirs à la police. «Une fois qu'on a laissé ces pouvoirs prendre place, il est très difficile d'arrêter cette tendance, a dit Snowden, alors je dirais que nous devons faire preuve d'un extraordinaire sens critique dans chaque société, dans chaque pays et dans chaque État pour s'assurer que les lois qui nous régissent sont celles que nous voulons vraiment, celles dont nous avons besoin.»
Les terroristes d'aujourd'hui, les intégristes musulmans, seront peut-être un jour remplacés par d'autres, qui veulent simplement un pays pour le Québec. C'est vous, c'est moi. Rappelons-nous les années soixante et soixante-dix, alors que la GRC avait les pleins pouvoirs pour combattre l'«ennemi intérieur», celui qui voulait «briser» le Canada et qui menaçait donc la sécurité de ce pays. René Lévesque était classé, lui aussi, comme un terroriste, tout comme Pierre Bourgault et moi-même. Il figurait dans la même filière de dangerosité, la numéro 5, je crois, et ses conversations comme ses allées et venues étaient épiées en tout temps, au nom de la sécurité du pays.
Ne croyez-vous pas que derrière l'appui inattendu du PLC et du NDP/NPD à la loi antiterroriste, il y a un peu de cela: la traque à ceux qui veulent briser le Canada? Les partis fédéralistes à Ottawa le savent: un prochain gouvernement du Parti québécois, avec à sa tête un homme fort comme Pierre Karl Péladeau, a de fortes chances de faire du Québec un pays. Il y a péril en la demeure fédérale.
On a beau dire que si on n'a rien à se reprocher, on n'a rien à craindre des services de police. N'empêche, moi, quand quelqu'un me suit de près sur l'autoroute ou dans la rue, je n'aime pas ça. Et ce n'est pas de la paranoïa.


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