Allusions malfaisantes

Boisclair - chef du PQ


par Michel Hébert


Ce devait être LA rentrée parlementaire d'André Boisclair. «M. Charest, tenez-vous bien, j'arrive», avait-il lancé, triomphant, lors de son élection comme député de Pointe-aux-Trembles, l'été dernier. Le drame, c'est que le nouveau chef du PQ ne fait peur à personne. Les libéraux n'hésitent même plus à faire des allusions qui en disent long sur ce qu'ils pensent vraiment du chef de l'opposition officielle. Ils se méfient davantage maintenant de Mario Dumont, qui, plus direct, marque des points ces temps-ci. Jeudi, après s'être débarrassé d'André Boisclair, Jean Charest n'a pas eu l'avantage sur le chef de l'ADQ lors d'un échange viril sur le financement du Plan Vert.
Depuis le début de la session parlementaire, Jean Charest a, plus souvent qu'autrement, le dessus sur André Boisclair. Même durant le débat sur la nation, le chef du PQ s'est retrouvé sur la défensive, comme tous les souverainistes d'ailleurs. Ses aveux sur sa consommation passée de cocaïne avaient terni sa réputation et sa récente participation dans une parodie de Souvenirs de Brokeback Mountain a brouillé encore plus son image publique et prolongé en quelque sorte son «chemin de croix».
À l'Assemblée nationale, ces jours-ci, les libéraux ne se gênent pas pour lui remettre sur le nez ses frasques d'antan. Tout est implicite, évidemment, mais les allusions sont limpides. Assis dans sa banquette, André Boisclair prend de la couleur, stoïque, furieux d'entendre encore parler de ça.
Évoquer l'affaire de la «coke» est politiquement incorrect et y référer, même à mots couverts, est plutôt surprenant, surtout à la très médiatisée période des questions. Jacques Dupuis s'est permis de le faire lors d'un échange relativement inoffensif portant sur Hydro-Québec, mercredi. Le vice-premier ministre Jacques Dupuis est aussi ministre de la Sécurité publique et responsable de la Sûreté du Québec. C'est aussi un ancien procureur du ministère de la Justice qui sait la valeur des mots et leur portée juridique...
Quand André Boisclair a osé mettre en cause «l'intégrité du premier ministre», M. Dupuis a bondi de son siège et lui a jeté à la figure: «Sur la qualité de l'information qui est transmise au public, le chef de l'opposition devrait faire un examen de conscience lui-même sur des informations qu'il a transmises au public à son sujet, il y a quelques mois.» Et vlan! Hier encore, il a poussé le bouchon plus loin en demandant carrément à André Boisclair si «lui, avait dit toute la vérité aux Québécois?» Un peu plus, il lui demandait de sortir les cadavres du garde-robe...
À chaque fois, les protestations fusent, mais elles ne dissipent pas le malaise qui gagne le Salon de la race et, surtout, la députation péquiste, inquiète de devoir subir encore et encore de tels affronts. Qu'est-ce que ce sera en campagne électorale, Dieu du ciel?
Il y a quelques jours, M. Boisclair a commis l'erreur de jouer dans un sketch ridiculisant George Bush et Stephen Harper, transformés en cow-boys homosexuels. Si Line-Sylvie Perron était parvenue à le détourner d'un passage dans la télésérie Virginie, cette fois, elle a été prise de court. Cette affaire a réduit la stature du chef de l'opposition.
Même Jean Charest se permet maintenant des allusions malfaisantes. Jeudi matin, le premier ministre ne s'est pas gêné pour laissé entendre que son adversaire avait abusé la veille au soir: «Ça paraît qu'on est dans les lendemains de partys de Noël. Le chef de l'opposition officielle est un petit peu, un petit peu mêlé ce matin, peut-être juste un petit peu confus.» Encore un peu et il lui reprochait d'avoir trop bu.
Les péquistes ont pesté à nouveau et le président Michel Bissonnet a dû ramener l'ordre. Mais le mal était fait. Une nouvelle pique était plantée dans le flanc du taureau... Bernard Landry surveille tout ça attentivement. Il n'hésiterait pas à revenir si André Boisclair décidait qu'il en a en assez.


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