Allocution prononcée par Pauline Marois l’occasion de l’ouverture du conseil national, samedi matin - 21 novembre 2009

Conseil national - Collogue PQ - immigration et langue - 21-22 novembre -

Mes chers amis, nous commençons aujourd’hui à poser les fondations du prochain gouvernement du Parti Québécois, un gouvernement souverainiste !
C’est avec cette attitude, celle de femmes et d’hommes habités par la volonté de voir le Québec prendre sa place naturelle dans le monde, que nous nous mettons à l’ouvrage. On va travailler dans la tradition du Parti Québécois, sérieusement, rigoureusement. Et aujourd’hui, nous allons définir les contours d’une politique de développement culturel d’un gouvernement souverainiste. Une vision résolument québécoise, fière de notre identité.
Cette réflexion, nous l’avons voulue franche et ouverte, libérée de toutes contraintes. C’est ce qui nous mènera à un projet de proposition principale et à un congrès. Au bout de ce chemin, nous aurons une proposition à faire au peuple québécois.
Nous allons être audacieux, nous allons être clairs, nous allons être fiers. Nous demeurerons un parti qui a toujours su relever les défis de son temps en restant fidèle à ses valeurs, ses principes.
Notre parti, c’est celui des travailleurs, des familles, des régions. C’est le parti qui sait unir solidarité, économie et environnement. Le parti de la culture, le parti de l’identité québécoise, le parti de la langue française !
Vous savez, il y a plusieurs choses qui nous distinguent du Parti libéral et de Jean Charest. Pour les libéraux de Jean Charest, le Québec doit être une simple province du Canada. Ça, c’est la première chose qui nous distingue.
Pour les libéraux, le Québec est une province. Pour nous, le Québec, c’est un pays !
Croire en la souveraineté du Québec, c’est croire qu’en possédant tous nos outils politiques, on peut rendre tous les changements possibles. Encore faut-il être libre des influences occultes qui détournent de l’intérêt public.
Partant de cela, je vous pose la question : « Pourquoi Jean Charest refuse-t-il de tenir une commission d’enquête publique ? » La raison est simple : M. Charest a peur de la vérité.
Voyez dans quelle situation il se trouve.
Depuis que les révélations s’accumulent dans le secteur de la construction, Jean Charest n’en finit plus d’éteindre des feux autour de lui. En fait, pas lui. Lui, il reste assis en Chambre. Son leader parlementaire, Jacques Dupuis, se charge de faire la sale besogne. En plus, il y a Claude Béchard, le p’tit dernier !
Il faut dire qu’ils en ont plein les bras.
Commençons par ce député qui a dû démissionner du caucus parce qu’il s’est souvenu qu’il avait eu chez lui une enveloppe brune qu’on lui avait demandé de faire transiter.
Il y a aussi un ministre qui a dû démissionner parce qu’il avait des parts dans une compagnie d’asphaltage qui fait affaire avec le gouvernement. Les ministres MacMillan et Boulet sont désormais incapables d’assumer leurs responsabilités.
Dans tous les cas, le verdict est clair : ils doivent démissionner !
M. Charest a peur. Et on commence à comprendre pourquoi.
Nous, au Parti Québécois, contrairement au Parti libéral, on n’a pas peur de prendre nos responsabilités. On a tout mis sur la table, on n’a rien à cacher. On veut une commission d’enquête publique pour faire toute la lumière et on ne lâchera pas. Ce n’est pas vrai que le Québec va se faire flouer de 30 % sur des contrats de dizaines de milliards dans les routes.
De quoi Jean Charest a-t-il peur ? Qui les libéraux veulent-ils protéger ? À chaque jour qui passe, notre conviction grandit que les libéraux de Jean Charest se protègent avant tout, qu’ils défendent des intérêts particuliers.
Ça, c’est la deuxième chose qui nous différencie des libéraux.
Pour les libéraux, ce n’est pas « l’économie d’abord », ce n’est pas « les citoyens d’abord », ce sont « les amis d’abord ». Pour nous, au Parti Québécois, c’est le contraire : ce sera toujours « les Québécois d’abord » !
M. Charest dirige un gouvernement peureux.
Comment qualifier autrement un gouvernement qui a tellement peur des débats et de la vérité qu’il a imposé un bâillon dès la première semaine de la session parlementaire de peur qu’on discute trop ouvertement de sa gestion des finances publiques.
Pendant les dernières élections, il a répété aux Québécois qu’il avait la situation bien en main, qu’il n’y aurait pas de déficit, que ceux qui soulignaient les pertes colossales de la Caisse de dépôt étaient des alarmistes. La réalité crue, c’est que Jean Charest et son gouvernement ont plongé le Québec en déficit. La vérité, c’est que la dette n’aura jamais autant augmenté que sous le règne de Jean Charest : de 111 à 161 milliards de dollars en six ans.
Du jamais vu !
Pour chaque Québécois, ça veut dire 8500 dollars de plus à rembourser.
Une autre réalité, c’est que M. Charest a décidé de sacrifier le rôle de développement économique de la Caisse de dépôt et placement au Québec pour obtenir plus de rendements. Ça n’a tellement pas été reluisant que la Caisse n’aura jamais perdu autant d’argent que sous Jean Charest : 40 milliards de dollars !
Ce gouvernement libéral qui a fait campagne avec le slogan « l’économie d’abord » a trompé la population. L’économie a été jetée par-dessus bord et maintenant, le gouvernement Charest s’apprête à faire payer les dégâts à la population en augmentant les tarifs et les taxes.
En fait, les mains de M. Charest ne sont pas sur le volant, elles sont dans nos poches !
Si au moins le gouvernement Charest se tenait debout face à Ottawa pour défendre nos intérêts et aller chercher les milliards qui nous sont dus. Mais non, M. Charest a bien trop peur de déplaire au Canada.
Ottawa nous doit 8 milliards de dollars. De l’argent qui nous est dû, qui vient de nos propres impôts. Ce sont des chiffres qui proviennent du ministère des Finances lui-même. Pourtant, vous savez ce qu’en dit le ministre Bachand lorsqu’on le questionne sur ces chiffres ? Il dit que c’est de la bouillie pour les chats !
Comment voulez-vous, avec une pareille attitude, que le Québec soit pris au sérieux ? Qu’il soit géré comme il se doit ?
Quand le Québec a besoin de bons gestionnaires pour ses finances, c’est le Parti Québécois qui fait le travail. C’est le Parti Québécois qui a remis les finances en ordre avant que le grand démolisseur ne vienne remettre la pagaille. C’est le Parti Québécois qui a lancé l’offensive du déséquilibre fiscal. C’est le Parti Québécois qui a lancé la diversification de l’économie de nos villes et de nos régions, qui en a fait des leaders dans les technologies de pointe.
C’est toujours la même chose : les libéraux creusent le trou dans les finances publiques et ce sont nous ensuite qui devons le remplir !
Voilà une autre différence majeure entre libéraux et péquistes.
Le Parti libéral, c’est le parti des déficits, du laisser-faire économique et des deux mains dans nos poches.
Le vrai parti de l’économie, c’est le Parti Québécois !
M. Charest a peur de la réalité et préfère se réfugier dans la fiction. C’est ainsi que le grand démolisseur s’est transformé en « grand bâtisseur ».
Imaginez : il a fait campagne sur le Plan Nord. Pourtant, on a eu beau chercher, une seule conclusion s’impose : le Plan Nord, il n’existe que dans la tête de Charest ! Même sa ministre est rendue à parler de la « démarche » Nord, quand ce n’est pas du « nouveau paradigme » Nord.
La meilleure garantie de développement du Nord québécois, c’est la Paix des Braves et ça, c’est l’œuvre d’un gouvernement du Parti Québécois qui a su conclure une entente respectueuse des droits des Autochtones. Sans eux, aucun développement ne serait possible. Les libéraux ont pourtant commencé par oublier de les mettre dans le coup.
Ça me fait penser au secteur forestier qui est en crise depuis quatre ans. Vous pouvez en parler à nos amis du Lac-Saint-Jean, de l’Abitibi, de la Côte Nord, de l’Outaouais, de la Gaspésie et de la Mauricie qui sont ici. Au moment où la crise a frappé, des milliers d’emplois avaient déjà été perdus et toujours rien de la part du gouvernement.
Pire encore, le gouvernement fédéral a consacré 10 milliards à l’industrie automobile ontarienne et un maigre 57 millions pour l’industrie du bois de tout le Canada, et les libéraux n’ont rien trouvé à redire à ça.
Après ça, il y en a qui se demandent pourquoi nous sommes souverainistes…
En tout cas, les communautés et les travailleurs de la forêt sont très bien placés pour le dire : Jean Charest n’a rien d’un bâtisseur.
Parlons des minières un coup parti ! Est-ce trop demander, un gouvernement qui aurait assez de colonne vertébrale pour commencer par percevoir les redevances que les compagnies minières nous doivent ? Et au passage, s’arranger pour ne pas se retrouver avec une facture de 382 millions de dollars pour la réfection de sites, une fois que les compagnies minières sont parties ? C’est une vraie catastrophe !
Vous ne pensez pas qu’il serait temps d’avoir la même dignité avec l’eau et avec le vent ? En fait, serait-il possible d’avoir un plan global, durable et rentable d’exploitation de nos ressources naturelles ?
Ça pourrait commencer par l’indépendance énergétique par exemple ! Ça aussi, ça nous différencie. Nous devons être capables de parler de l’exploitation de nos ressources naturelles en termes d’équité, d’espoir et de fierté. De rêver d’un projet qui réconcilierait les préoccupations environnementales de notre population et la réalité économique de toutes les régions du Québec.
Il est temps de comprendre qu’au Québec, la prospérité et le développement durable sont indissociables. C’est une nécessité économique, c’est une nécessité pour la qualité de vie dans nos régions-ressources, c’est une nécessité pour l’avenir de nos enfants. On ne doit pas avoir peur d’avoir de l’ambition pour le Québec !
C’est une réelle différence, un fossé entre les libéraux et nous.
Les libéraux de Jean Charest ont perdu le nord. Ils résument le développement économique à une question d’image.
Nous, au Parti Québécois, notre boussole nous indique un horizon bien clair : la prospérité de toutes nos régions passe par un développement durable de nos ressources !
Je peux aussi vous parler de la peur des libéraux de s’affirmer en vue de Copenhague. Ils acceptent que le Québec ait les mains liées par la politique canadienne, une politique conçue pour et par l’Alberta.
Je peux aussi vous parler de la peur des libéraux d’aller à l’encontre des consensus canadiens et de défendre les intérêts de nos producteurs agricoles. C’est ça l’Accord sur le commerce intérieur du Canada. Un accord qui met sérieusement à mal notre système de gestion de l’offre. C’est en tout cas ce que s’entendent pour dire les producteurs agricoles, les consommateurs, l’ensemble du secteur agro-alimentaire québécois et nous, l’opposition officielle.
Mais aujourd’hui, je souhaite plutôt insister sur la peur des libéraux de Jean Charest d’affirmer avec force notre caractère national, notre identité. C’est là le thème de notre conseil national de cette fin de semaine. Ce n’est peut-être pas un hasard.
Nous, les Québécois, nous n’avons pas peur d’affirmer ce que nous sommes. Nous sommes fiers de ce que nous avons su bâtir depuis le début de notre histoire. Nous avons confiance en notre avenir et nous voulons transmettre cette fierté. Nous voulons la transmettre tant à nos enfants que nous chérissons qu’aux immigrants que nous accueillons avec la même joie.
Malheureusement, à voir comment les libéraux ont détruit l’enseignement de l’histoire nationale, on comprend que ce n’est pas tout le monde qui partage cette volonté. Leur démission, elle s’étend à l’ensemble du monde de l’éducation, qu’il soit question de l’enseignement du français, du financement de l’éducation postsecondaire ou de la lutte au décrochage scolaire. L’avenir d’un peuple, ça se construit par l’éducation.
Les libéraux ne l’ont jamais compris. Nous, oui !
Voilà une autre différence entre les libéraux et nous.
Notre langue commune, c’est le français et nous comptons bien maintenir sa prédominance au Québec.
Nos valeurs fondamentales, comme la laïcité de l’État et l’égalité entre les hommes et les femmes, nous les affichons avec fierté et nous sommes prêts à faire ce qu’il faut pour les faire respecter.
Les accommodements, quand ils sont déraisonnables, ils doivent être interdits et c’est l’État qui doit tracer la ligne. S’il y a une chose sur laquelle tous les intervenants à la Commission Bouchard Taylor s’entendaient, c’était bien la nécessité de vider le débat, d’instaurer des balises claires.
Alors, qu’a fait le gouvernement ? Rien !
Ou plutôt, il a présenté un projet de loi sur la question. Une loi qui proposait de faire quoi ? Rien !
Mais la réalité l’a rattrapé, nous l’avons fait reculer. En commission parlementaire, le gouvernement s’est bien aperçu qu’une seule demande sexiste, même si on la qualifie de « cas isolé », aux yeux des Québécois, c’est déjà un cas de trop !
La gouvernance des libéraux, on la connaît : tenter de noyer le poisson, convoquer une commission, tabletter le rapport, attendre que la controverse passe et surtout, ne rien décider.
Notre façon de faire, elle, est différente : on étudie le problème, on écoute les gens, on fait des choix et on propose des solutions. C’est pourquoi, je vous l’annonce en primeur, dès cette semaine, le Parti Québécois déposera une loi à l’Assemblée nationale. Une loi qui réaffirmera que nous sommes attachés à la laïcité de l’État, à l’égalité entre les hommes et les femmes et à la prédominance du français ! Une loi qui s’assurera que cet état de fait soit connu de tous et qu’il soit respecté ! Il nous faut défendre nos valeurs, parce que personne ne le fera à notre place. Surtout pas Jean Charest.
En ce qui concerne le français, la Cour suprême a tranché : les Québécois n’ont pas le droit de préserver le caractère universel de l’école française. Allant contre la volonté démocratique et unanime de l’Assemblée nationale, elle a invalidé la loi 104 ! Comme d’habitude, de quel côté elle a penché ? Toujours du même ! Celui qui dit que nous ne pouvons pas décider nous-mêmes de notre langue et de notre culture.
Jean Charest n’a pas bougé.
Ce qui est le plus effrayant, c’est que ça déteint sur ses ministres. Eh ! bien, j’ai un petit message pour l’une d’entre eux : « Madame St-Pierre, chaque Québécois a le droit d’avoir à cœur la protection du français ! Que sa famille soit au Québec depuis 400 ans ou qu’il soit un fils d’immigrant ! »
Le gouvernement doit se prononcer sur notre proposition. C’est-à-dire étendre la loi 101 aux écoles privées non subventionnées ! Tous les juristes s’entendent : c’est la seule solution envisageable ! Si le gouvernement rejette notre idée, nous aurons compris le message.
Pour les libéraux, l’identité québécoise, la loi 101 par exemple, c’est une épine dans le pied qui leur fait mal. Pour nous, au Parti Québécois, la défense de l’identité québécoise et de la loi 101, c’est notre plus grande fierté ! Et c’est pour cette raison que nous avons une certitude : il n’existe qu’un seul moyen pour les Québécois de vivre pleinement comme ils l’entendent et c’est de se donner un pays à eux !
Mes chers amis, cette semaine, un très grand homme est venu nous rappeler qu’il faut poursuivre notre combat. Que sa pertinence devenait toujours plus grande, chaque jour. Moi, ça m’inspire, ça me motive énormément. Et vous ?
Eh ! bien, c’est le seul objectif que nous aurons en tête aujourd’hui et pour l’avenir. Comme le disait M. Parizeau, nous parlerons de souveraineté avant, pendant et après les élections. C’est l’esprit que nous devons garder, alors que nous entamons des discussions, des débats qui nous permettront de créer la vision qui nous guidera dans les prochaines années.
Nous allons offrir aux Québécoises et Québécois une véritable alternative.
Un gouvernement démocratique qui n’aura pas peur de faire la lumière sur les allégations de corruption.
Un gouvernement social-démocrate qui sera au service des citoyens, de tous les citoyens, de toutes les régions.
Un gouvernement audacieux, capable de conjuguer économie et environnement.
Un gouvernement souverainiste qui n’aura pas peur de se tenir debout face à Ottawa et qui prendra toutes ses responsabilités.
Un gouvernement du Parti Québécois qui n’aura pas peur d’affirmer nos valeurs et notre langue.
Un gouvernement qui fera en sorte que le Québec devienne un pays !
Nous sommes Québécois, nous sommes fiers d’appartenir à ce peuple qui a traversé 400 ans d’histoire.
Nous sommes le Parti Québécois !
MERCI !


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