À Monsieur Bernard Descôteaux
_ Le Devoir
Nous apprenons, avec une satisfaction non mitigée ( Le Devoir, 15-16 janvier 2005, p. A 2, Robert Dutrisac), que le député. de Borduas et ancien président de l'Assemblée nationale, Jean-Pierre Charbonneau, vient d'affirmer que «l'Assemblée nationale s'est trompée et a agi de façon inacceptable» lorsqu'elle a adopté une motion de blâme pour de présumés propos qu'Yves Michaud aurait tenu, il y a un peu plus de quatre ans, à l'égard des juifs. Faut-il féliciter M. Charbonneau, dont le geste n'est pas sa première tentative de rectification de cette déplorable injustice? Souhaitons surtout que ses collègues de l'Assemblée nationale aient le courage de l'imiter, car mieux vaut tard que jamais. Il est en effet très inconfortable pour certains, dont je suis, d'être membre d'un parti dont les éléments les plus représentatifs, à savoir les députés, non seulement se sont rendus coupables d'une infamie, mais refusent lâchement de le reconnaître, chef en tête.
Je déplore également, dans cette affaire, le manque de rigueur de nombreux journalistes. Ainsi, d'après le texte de Robert Dutrisac sur l'acte de contrition de M. Charbonneau, Yves Michaud aurait tenu des propos sur« les communautés ethniques», ce qui est incomplet. D'une part, il faudrait mentionner que c'est la motion fabulatrice de l'Assemblée nationale qui fait état, se gardant bien de préciser ceux-ci, de «propos inacceptables à l'égard des communautés ethniques et en particulier à l'égard de la communauté juive, à l'occasion des audiences des États généraux sur le français [...]». D'autre part, Yves Michaud, il faut quand même le dire et le répéter, n'a tout simplement jamais tenu de tels propos, ni aux États généraux ni ailleurs. Il a bien dit, et pas aux audiences des États généraux, que «le peuple juif n'était pas le seul à avoir souffert dans l'histoire de l'humanité», ce qui est vrai, mais c'est tout. De cette vérité, les journalistes ne soufflent mot et perpétuent des faussetés, dans l'affaire Michaud, comme ils le font toujours à l'égard de Jacques Parizeau, qui n'a jamais dit ««l'argent et les votes ethniques», mais bien «l'argent et des votes ethniques», nuance de taille pour qui connaît le français.
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