Affichage unilingue anglais à l'UdeS : «C'est une honte»

Le français — la dynamique du déclin



Des affiches unilingues anglaises souvent de très grandes dimensions tapissent littéralement les murs de la faculté de médecine et des sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke, essentiellement du côté de la recherche fondamentale.
Imacom, Jocelyn Riendeau

François Gougeon - La Tribune
(Sherbrooke) Même s'il n'y a rien à faire au plan légal, le Mouvement estrien pour le français (MEF) revient à la charge en dénonçant vertement la présence très marquée d'affichage unilingue anglais à la faculté de médecine et des sciences de la santé (FMSS) de l'Université de Sherbrooke.
«C'est une honte, un vrai cafouillage de la part de l'Université de Sherbrooke, pourtant une université francophone qui devrait être soucieuse de la promotion du français. L'Université de Sherbrooke a beau se réfugier derrière le vide juridique, c'est un manque flagrant de respect à l'esprit de la Charte de la langue française », soumet le président du MEF, Jacques Poisson.
Les affiches en question, au nombre d'une soixantaine au moins et parfois de la dimension de panneaux de signalisation autoroutière, réfèrent à des travaux d'étudiants et de chercheurs de la FMSS produits dans le cadre de congrès scientifiques où l'anglais domine. Or un peu comme des trophées de chasse, elles viennent ensuite remplir les murs des corridors de la FMSS, essentiellement du côté de la recherche fondamentale, comme en biochimie ou biophysique et plusieurs y trônent depuis très longtemps.
Pourtant, déplore le MEF qui a déposé une plainte et attiré l'attention sur le sujet l'an passé, ces affiches devaient disparaître, comme cela l'a été du côté de l'hôpital de Fleurimont dont les corridors et les salles d'attende accueillent des patients. Des directives avaient d'ailleurs été données en ce sens par des autorités tant de la FMSS que de l'Université, avec l'obligation d'enlever les affiches pour le 31 octobre (2008), «à défaut de quoi elles seront retirées». Puis le mois passé, le vice-recteur à la communauté universitaire, Me Louis Marquis, autorisait la présence d'affiches en anglais «à la condition que le tout soit accompagné d'une affichette, rédigée en français, qui explique le contexte de l'activité en question».
Lors d'une récente visite de La Tribune sur les lieux, il a été possible de constater que, plus souvent qu'autrement, l'affichette en question est introuvable. À la place, on y lit une sévère mise en garde en garde à l'effet de ne pas toucher aux panneaux en anglais sans l'autorisation écrite des coauteurs.
«Sous prétexte que la circulation est plus restreinte pour la population à la faculté de médecine et que l'Université n'est pas réagie comme les autres institutions de l'administration publique, la loi 101 ne s'applique pas. C'est foutaise. Surtout qu'il y a bien des chercheurs opposés à cette pratique d'affichage unilingue anglais, qui envoie malheureusement un bien mauvais message, surtout auprès des étudiants », a aussi déploré Jacques Poisson.
Chose certaine, c'est là un sujet particulièrement explosif entre professeurs de la FMSS comme La Tribune en a été témoin en visite d'observation. Cela a même donné lieu à une bonne dose d'agressivité verbale de la part de certains chercheurs qui tiennent de tout évidence à la présence de ces affiches comme à la prunelle de leurs yeux.

L'Université de Sherbrooke parle fourchelangue >>> À lire dans La Tribune de mardi.


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