À nous d'attendre notre heure

Tribune libre

En face de Stéphane Dion et consorts, je préfère me comporter comme l'ours des Carpathes.

Lui au moins sait ce que veut dire la défensive. Elle consiste à ignorer les feintes, comme celles qui nous inondent, et à ne réagir que contre le coup réel.

C'est ce que font les grands boxeurs, qui ne réagissent pas devant les provocations mais attendent de frapper un coup réel qui porte et fait crouler l'adversaire. J'ai observé le fameux Mouhammad Ali à son meilleur. Il ne s'embarrassait pas de "spararges" et se battait sans même lever les bras, de manière à mieux voir l'adversaire venir. Il faut par dessus tout voir la racine des mouvements adverses. C'est la meilleure manière de discerner entre une feinte et un coup réel.

L'adversaire qui gesticule beaucoup est celui qui a peur. Or, remarquez que nous gesticulons de moins en moins au Québec. Et nous gesticulerons de moins en moins dans l'avenir, quelles que soient les menaces que le petit Stéphane à sa maman nous enverra. Il suffira d'un seul coup politique pour l'abattre. À nous d'attendre notre heure. Stéphane a dit: "Si le Canada est divisible, le Québec aussi est divisible". Très bien. Prenons-le au mot.
Que fera-t-il lorsque nous aurons divisé le pouvoir central à Ottawa au point de rendre son "Canada" ingouvernable?

C'est la mise en pratique du principe stratégique de concentration et d'économie de l'effort. Le meilleur prof de stratégie et de tactique que j'ai connu n'était pas dans les collèges militaires ni sur l'état-major. C'était un batailleur de rue du quartier, connu pour avoir mis le voisinage au pas. Il n'était même pas bon batailleur et moi qui étais loin d'être le meilleur, je pouvais lui casser la gueule. Il le savait mais je ne provoquais pas la bagarre, par souci d'économie de moyens.

Le truc de Ti-Guy-le-Toffe était simple. Il savait manipuler psychologiquement son entourage de manière à semer la peur et l'effroi autour de lui, alors que je le savais inoffensif.

Lui, qui ne savait ni lire ni écrire, savait que les gens se laissent facilement mystifier. Il savait également que ses trucs ne prendraient pas avec un homme ou une femme au tempérament d'ours, qui ne se laissent pas impressionner par les faire-semblant et qui ne réagissent que lorsque les coups sont réels.

Dans de telles conditions, soyez sûrs qu'il n'est pas nécessaire d'être nombreux pour abattre un adversaire, peu importe sa taille. C'est la technique de David contre Goliath. Elle consiste à frapper à la tête et lorsque le corps, ici le corps politique, tombe, de le décapiter. Une tête à frapper, nous en avons une et nous n'allons pas la manquer.

Le PLC et le petit Stéphane à sa maman peuvent faire les "sparages" qu'ils veulent. Toute la démonstration de la dernière fin de semaine du PLC à Montréal, faite pour nous impressionner, ne doit surtout pas nous empêcher d'envisager la situation d'un regard froid, avec deux têtes et pas de coeur, ce qui veut dire sans émotions.

À nous d'apprécier les rapports de forces des prochains mois, toujours avec le même regard glacial et commencer par se méfier des apparences.

Voyez le nouveau PM de l'Alberta, qui veut avoir tout ce que le Québec vient d'avoir. Très bien. Il fait notre jeu et c'est ce qui compte. À nous de le pousser à aller encore plus loin.

Ce qui compte pour la prochaine élection, c'est convaincre les Québécois que plus le Bloc sera fort à Ottawa, plus il deviendra possible d'abattre le pouvoir central. C'est notre seul but. Le reste viendra ensuite.

Il faut aussi exploiter [Atlantica->3106] pour faire servir les rapports de forces et les jeux d'intérêts de manière à faire pencher le parallélogramme de l'équilibre des forces de notre côté.

Quel jeu passionnant!

Nous aurons gagné la guerre sans tirer un seul coup de fusil. Personne ne voudra nous faire la guerre et nous aurons ce que nous voulons.

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René Marcel Sauvé217 articles

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J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





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