À l’abordage…

Voilà qui remet les pendules à l'heure


On est mai 2014, dans quelques jours le Bloc Québécois se choisira un nouveau chef. Depuis longtemps je compte de nombreux amis et quelques intimes qui travaillent ou ont travaillé au Bloc. Un parti que je connais bien. J’aurai une longue discussion avec un employé de longue date de ce parti. Nous n’avions pas jasé politique ensemble depuis l’épisode Mourani. Cette fois, je me fais raconter en long, en large, comment la candidature de Mario Beaulieu au Bloc c’est ni plus ni moins que l’abordage d’Option nationale de ce parti de la scène fédérale.


« Il faut remettre l’indépendance à l’ordre du jour! »


Quelques jours plus tard, ce qu’il reste de la vielle garde du Bloc s’inclinera devant le clan Beaulieu. André Bellavance a perdu son pari. Le Bloc québécois n’est plus l’ombre de ce qu’il a déjà été mais des indépendantistes convaincus, motivés -parfois jusqu’à l’arrogance- se proposent de le reprendre en main. Il y aura des moments difficiles entre ce qu’il reste du Bloc comme staff à Ottawa. Beaucoup d’incertitudes notamment suite à l’élection du nouveau chef. Des réunions houleuses quand le nouveau chef, dynamique certes, mais peu éprouvé à l’environnement parlementaire d’Ottawa, impose une façon de faire qui ne plaît pas à tous. Il y aura des départs. Certains amers.


On connait la suite. En panique, le Bloc remplace Beaulieu par Duceppe pour se donner une meilleure chance à l’élection fédérale de 2015. Duceppe fera très bien lors de cette campagne, il sauvera les meubles. Une dizaine de députés même si lui-même s’incline, ne reculant pas devant le défi d’affronter une des bonnes parlementaires du NPD dans son ancien comté. Ainsi soit-il.


Encore aujourd’hui, la marque d’Option nationale est très présente au Bloc québécois. Quelques députés viennent de cette formation politique provinciale. Beaucoup d’employés politiques aussi. je peux vous dire que le mariage avec l’ancienne garde -oui il en reste au Bloc!- n’est pas toujours facile. Pourtant, on doit féliciter le Bloc pour sa défense vigoureuse des intérêts du Québec à Ottawa. Dans le dossier Énergie Est notamment. C’est que le Québec a perdu au change en délaissant le Bloc au profit d’une éphémère « vague orange » et ensuite des vassaux à Trudeau. Même Mario Dumont l’a remarqué...


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Une chose est certaine, depuis l’abordage du Bloc québécois par une horde de militants d’Option nationale lors de la chefferie de mai 2014, les choses ont bien changé au sein de cette formation politique. Des gens de l’ancienne garde disent que les sièges gagnées en 2015 tiennent beaucoup plus au retour de Gilles Duceppe qu’à la méthode du clan Beaulieu. Difficile à dire. Il y avait dans l’entourage du chef bloquiste un mélange de gens de divers horizons politiques indépendantistes. J’aime mieux penser que ce mélange a aidé à sauver les meubles.


La campagne à la chefferie de Martine Ouellet


Depuis vendredi dernier, j’ai eu la chance de discuter avec beaucoup de gens des résultats de la chefferie du PQ. Un ami qui, comme moi, appuyait Martine Ouellet, m’a raconté des discussions qu’il a eues avec des militants d’Option nationale qui ont été nombreux à prendre leur carte de membre du PQ pour appuyer la député de Vachon. Jusque là, pas de problème. Cette convergence est encouragée et je connais des tonnes de gens qui sont membres des deux formations indépendantistes. Le hic c’est que la plupart des militants d’Option nationale que cet ami rencontrait dans la campagne de Martine Ouellet n’ont jamais eu l’intention de se rallier au choix des militants du PQ.


Abordage numéro deux. Tout faire pour investir le PQ à condition d’y imposer la cheffe. Je sais pas pour vous, mais j’y vois quelque chose d’anti démocratique. Je joue le jeu à condition d’y gagner. Ça ne s’est pas produit? Fuck toute! On déchire nos cartes du PQ en public, ça fait le délice de la médiacaste fédéraliste. Ces mélodrames de déchirements indépendantistes sont le pain et le beurre du parti Libéral de toute façon. Y’a Laurent Lessard qui en prendrait chaque jour. En fait, ils doivent être 70 dans ce trou de corruption et de collusion à espérer que ça dure…


Sachant que j’étais un fervent défenseur de Martine Ouellet, de nombreux militants de sa campagne m’ont contacté pour que je donne un coup de main lors de la chefferie. Alors que la poussière retombe et que les rats quittent le navire, on m’en apprend beaucoup plus. car c’est enrageant pour quelqu’un qui a milité à la campagne de Ouellet comme militant déterminé à tout faire pour sa candidate mais aussi pour la pérennité du parti, de voir que certains qui militaient à côté de toi, et qui sont depuis longtemps chez Option nationale -voire même au Bloc- ont tout fait pour encourager une stratégie de braquage de la candidate contre les autres prétendants à la chefferie. Le wedge-politics à son meilleur. Et une inconscience assumée des conséquences que cela pourrait avoir sur la suite des choses au PQ.


Tsé, quand tu sais déjà que si « ta » candidate ne gagne pas, tu crisseras ton camp de toute façon. Pis ensuite ton chef dit que des « centaines de péquistes déçus quittent… »


Oui il y a eu de ça dans la campagne de Martine Ouellet. De ces militants qui se donnaient pour faire gagner la candidate que j’appuyais moi aussi, mais eux sans la moindre intention de rester au PQ. Certains se sont affichés sans gêne sur les réseaux sociaux, d’autres ont mieux caché leur jeu. Nous voyons le résultat aujourd’hui.


Drôle quand on pense qu’en coulisse, les gens d’Option nationale, bien avant le résultat du vote de vendredi, préparaient des vidéos pour attaquer les autres candidats « provincialistes ». Ça aide quand t’as de ton ancien staff qui est aux premières lignes de la chefferie du parti que tu t’apprêtes à attaquer.


Ça aussi on a le droit de le dénoncer.


Heureusement, la meilleure réponse est venue de Martine Ouellet elle-même. Ceux qui croyaient que la député de Vachon quitterait le PQ en signe de protestation du choix des membres ont plutôt trouvé une femme déterminée à suivre sa « famille politique ». Son message de fin de campagne à la chefferie fait honneur à la militante de conviction que je suis fier d’avoir appuyé. Bien de ceux qui ne sont venus que le temps de l’appuyer à la chefferie devraient prendre note de sa détermination à passer par le PQ pour réaliser l’indépendance: (tiré de la page Facebook de Martine Ouellet)


« Finalement, merci. Merci à toutes et à tous de faire du Parti Québécois le plus grand parti démocratique au Québec. Ça fait maintenant presque 30 ans jour pour jour que je milite au Parti Québécois. 


Le Parti Québécois, c’est un peu comme ma deuxième famille. Le Parti Québécois, c’est un parti que j’aime. Un parti qui est là pour le monde, pour les travailleurs, pour les femmes, pour les jeunes et les moins jeunes. Un parti toujours ouvert aux nouvelles idées qui font grandir le Québec. Un parti qui porte en son sein le projet d’émancipation de tout un peuple. 


Vous pouvez compter sur mon énergie, sur mon enthousiasme, sur ma détermination, pour la concrétisation du 194e pays à l’ONU : La République du Québec. »


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