Le gouvernement Couillard va de l’avant avec sa promesse électorale et vise l’implantation de 50 super-cliniques au Québec d’ici la fin 2018. Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, y voit la réponse tant attendue au désengorgement des urgences, mais la Fédération des médecins omnipraticiens ne partage pas son enthousiasme.
« Voilà un point tournant significatif dans la transformation de notre réseau », a déclaré le ministre Barrette mardi après-midi, au moment de présenter le programme qui permettra, espère-t-il, d’améliorer l’accès aux soins de première ligne.
Une super-clinique est d’abord et avant tout un Groupe de médecine de famille (GMF) qui acceptera d’offrir davantage de services et de se soumettre à certaines contraintes. En échange, le gouvernement offrira un soutien financier et du personnel infirmier supplémentaires.
Pour obtenir et conserver le statut de super-clinique, un GMF devra offrir au moins 20 000 consultations annuelles, ouvrir ses portes 12 heures par jours, 7 jours par semaine et permettre la prise de rendez-vous jusqu’à trois heures avant la fermeture de la clinique.
« Depuis quand les rendez-vous ne doivent se donner que le lundi jusqu’au vendredi, de 8 h à 15 h, depuis quand ?, a lancé Gaétan Barrette. Je suis convaincu que parmi les gens qui nous écoutent, il y a plein de monde qui aimerait avoir leur rendez-vous chez leur médecin à 18 h 30 plutôt que de l’avoir à 11 h. C’est aux médecins de s’adapter à la population. »
Deux semaines après avoir annoncé la création d’un guichet unique d’accès à un médecin de famille, le ministre Barrette avance dans la même direction avec les super-cliniques : plus de 80 % des visites minimales requises devront être faites par des patients qui n’ont pas de médecin de famille ou qui ont un médecin de famille qui ne pratique pas dans la super-clinique. Un système de rendez-vous électronique « national » sera mis en place.
En cas d’épidémie, qu’il s’agisse de la grippe ou de toute autre maladie, l’offre de service de consultations sans rendez-vous devra être doublée. Chaque super-clinique devra minimalement offrir des services de radiographie simple, d’échographie et de prélèvements. « Il n’y aura jamais de frais accessoires pour ces trois éléments-là », a précisé le ministre.
Emplacements choisis
Le ministre de la Santé l’a dit et redit lundi : c’est le gouvernement, et non les promoteurs immobiliers, qui décideront de l’endroit où se trouveront les futures super-cliniques. « Nous ne voulons pas que les super-cliniques s’ouvrent n’importe où. Nous voulons que les super-cliniques soient un intermédiaire entre la population et les urgences, donc elles doivent être distribuées sélectivement sur le territoire », a-t-il insisté.
Un GMF pourra devenir une super-clinique s’il est situé dans une zone où la densité de la population est suffisante. Cela signifie qu’il n’y aura pas de super-clinique sur la Côte-Nord, en Gaspésie ou aux Îles-de-la-Madeleine.
Québec croit que les ressources financières et humaines rattachées au statut de super-clinique convaincront les médecins d’adhérer au programme. Chaque super-clinique pourra compter sur un « soutien financier administratif » et l’ajout d’infirmières. « Ces infirmières seront à la charge du réseau », a noté M. Barrette. Les sommes allouées et le personnel fourni varieront selon le nombre de consultations annuelles prévues.
Le gouvernement procédera à des vérifications sur une base annuelle et les super-cliniques qui ne remplissent pas tous les critères pourraient perdre leur statut.
Dans son dernier budget, le gouvernement a prévu plus de 17 millions de dollars pour le déploiement de 32 super-cliniques au cours de l’exercice financier en cours et espère en ajouter 18 d’ici la fin de son mandat. « Si nous devons et pouvons aller au-delà, le financement sera au rendez-vous », promet le ministre Barrette.
« Elle est là, la réponse au désengorgement de l’urgence, a-t-il conclu. Il ne resterait, dans un monde idéal, que les gens qui ont besoin d’être couchés sur une civière ou qui ont une problématique plus sévère qui nécessite une courte observation. »
Les médecins doutent
« C’est une révolution, mais est-ce qu’elle sera accueillie par les médecins ?, se demande le président du Conseil pour la protection des malades, Paul G. Brunet. C’est à souhaiter, parce que c’est la clé de voûte. Et si [le ministre Barrette] réussit cela, je serai obligé de dire qu’il m’a confondu.
En mai 2015, au moment de l’annonce sur les GMF, le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Dr Louis Godin, était aux côtés de Gaétan Barrette en conférence de presse. Hier, c’était le grand absent.
C’est que les omnis et Québec ne sont pas parvenus à s’entendre sur le fin mot de l’entente sur les super-cliniques.
SANTÉ
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