35 millions de dollars chez le diable !

Guy Laliberté a perdu toute crédibilité à mes yeux en annonçant qu’il venait de se payer un voyage de 35 millions de dollars dans l’espace.

Tribune libre

Guy Laliberté a perdu toute crédibilité à mes yeux en annonçant qu’il venait de se payer un voyage de 35 millions de dollars dans l’espace. Depuis mon adolescence, toutes les escapades de l’homme dans l’espace m’apparaissent comme un mauvais placement face aux misères de l’homme ici bas. Je n’ai jamais pu réconcilier cette image de l’enfant victime de la famine avec celle du premier pas de l’homme sur la Lune.
Combien de puits d’eau potable creuse-t-on avec 35 millions de dollars ? Des milliers !
Guy Laliberté souffre du syndrome du spectacle, comme bon nombre de donateurs. Ces gens préfèrent mettre en scène leurs dons dans un spectacle où ils tiennent le premier rôle au lieu de prendre le chemin le plus court pour aider autrui, remettre tout simplement l’argent à ceux qui en ont besoin, sans détour et sans artifice. On m’a enseigné chez les scouts que le vrai philanthrope agit avec humilité et dans l’anonymat, c’est-à-dire sans rechercher ni les honneurs ni les feux de la rampe pour sa «bonne action» (B.A.). La vantardise, même au nom d’une bonne cause, n’a pas sa place. Mon fils Benoît a bien compris la leçon en répondant par cette question à ceux et celles qui se vantent de leurs B.A. quotidiennes : «Veux-tu une médaille ?».
«35 millions chez le diable !» peut dire l’enfant malade en manque d’eau propre. Qu’est-ce qui est le plus urgent ? Faire le tour de la Terre dans l’espace ou aider cet enfant sans plus tarder !
Il y a des centaines de fondations d’entraide à travers le monde, les deux pieds sur Terre, qui travaillent depuis des dizaines d’années pour améliorer le sort de millions d’hommes, de femmes et d’enfants indigents. Pourquoi mettre sur pied une autre fondation plutôt que de venir en aide à celles qui existent déjà ? Le temps nous manque nous dit-on. Alors, pourquoi le perdre en créant une administration de plus et ainsi diviser les forces en présence ?
Ce n’est pas logique à moins de vouloir s’inscrire dans ce que je nomme «l’industrie de la pauvreté». L’aide aux pauvres est devenue une véritable industrie au cours des 30 dernières années. Je serais curieux de connaître le nombre de personnes qui gagnent grassement leur vie sur le dos de l’aide aux pauvres. Jadis, les gouvernements croyaient que leur aide financière rejoindrait davantage les nécessiteux en supportant les organismes sur le terrain. Mais est-ce toujours le cas aujourd’hui avec la multiplication des membres du personnel permanent de ces organismes subventionnés ? Car avec l’idée qu’il faut du personnel permanent pour encadrer le travail de bénévoles, certains organismes d’entraide sont devenus de véritables industries de la pauvreté. Autrement dit, la pauvreté est devenue au fil des ans une simple «matière première» pour plusieurs intervenants salariés.
Je ne suis pas anarchiste. Je comprends très bien les besoins structurels. Mais je suis d’avis qu’il y a trop de structures ou, si vous préférez, qu’il n’y a pas aucun besoin pour de nouvelles structures, y compris la Fondation de Guy Laliberté.

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Serge-André Guay34 articles

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Marié et père de quatre enfants, Serge-André Guay est
né à Lévis (Québec, Canada) en 1957. De formation autodidacte et
travailleur autonome depuis 25 ans, il a tout d'abord été animateur,
commentateur, chroniqueur, journaliste, recherchiste et rédacteur en chef
au service de différents médias québécois et ontariens.

Puis, son expérience des médias et un stage de formation en Europe font de
lui un éducateur aux médias dont les interventions sont recherchées par le
milieu scolaire. Ensuite, à titre de consultant, l'utilité de ses plans
d'action en communication et en marketing est vite appréciée.

Depuis 1990, il développe une expertise hautement spécialisée en recherche
marketing, soit l'étude des motivations d'achat des consommateurs, axée sur
l'évaluation prédictive du potentiel commercial des produits et des
services, nouveaux et améliorés.

Pour ce faire, il retient la méthode et l'approche indirecte proposées par
le chercheur américain Louis Cheskin, à qui il accorde le titre de premier
scientifique du marketing.

Depuis, il a étudié les réactions sensorielles involontaires et les
réactions inconscientes de plus de 25,000 consommateurs dans le cadre de
plus d'une centaine d'études des motivations d'achat pour différents
manufacturiers et distributeurs canadiens.

Il a signé de nombreux articles et donné plusieurs conférences
percutantes. Il a aussi publié une série de vingt-quatre études traitant du
caractère scientifique du marketing sous le titre "Science & Marketing ",
Prédire le potentiel commercial des biens et des services". À ses yeux, le
marketing doit renouveler son efficacité sur des bases scientifiques
rigoureuses.

Il n'hésite pas à questionner les idées reçues. Animé par une profonde
réflexion sur la conscience et la condition humaine, il est un «
penseur-entrepreneur », à la fois fonceur et analytique.

En 2000, il écrit un essai de gouvernance personnel sous le titre J'aime
penser – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un
chacun se donne raison.

En juin 2003, il met sur pied la Fondation littéraire Fleur de Lys,
premier éditeur libraire francophone sans but lucratif en ligne sur
Internet





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4 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    19 octobre 2009

    @ De Lorimier:
    Pourquoi, laisser parler Guy laliberté, au nom de «notre avenir collectif»?
    Que fait-il, pour le Québec ou la nation québécoise, Guy Laliberté?
    C'est un bonhomme qui, déjouant les probabilités, est un décrocheur du secondaire qui a créé, dans la petite ville de Baie-Saint-Paul, ce qui devint le Cirque du Soleil. Et environ 25 ans plus tard, la chose ayant beaucoup pris de l'expansion, il est devenu très riche... Mais il demeure un riche excentrique parmi d'autres.
    Ce qu'a réussi à faire Laliberté, ne représente pas une réussite collective pour le peuple du Québec. Il ne parle pas plus au nom des Québécois, avec son nez de clown rouge, que Bill Gates parle au nom du peuple américain.
    Donc, je vous prie de nous sacrer patience avec Guy Laliberté, alias le Clown de l'espace!

  • Archives de Vigile Répondre

    17 octobre 2009

    Je suis très fier de Guy Laliberté, qui a eu le courage de ses rêves tout au long de sa vie. Un bel exemple à suivre pour nos jeunes. Si plus de québécois étaient comme lui, je crois qu'on serait en meilleure posture.
    Pour les autres qui se plaignent tout le temps, vous devriez plutôt vous taire et laisser parler les Guy LALIBERTÉ du Québec, au nom de notre avenir collectif.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2009

    À mon avis, Laliberté est pistonné par le lobby des marchands d'eau. Il est véritablement un clown. Il est si américanisé que je le doute de plaindre les américains qui manquent d'eau parce qu'ils font de la culture dans les déserts de l'ouest américain. Il nous demandera bientôt de partager notre eau avec ces américains qui ne pourront plus bientôt remplir leurs piscines et arroser leurs cultures qui font concurrence à nos producteurs.
    Avec ses 35 millions, il aurait pu faire creuser je ne sais combien de puits dans les pays qui manquent d'eau.
    Et ses 35 millions, il les retrouvera facilement puisqu'il installe son Cirque en Russie. La machine à sous repartira de plus belle. Il est aussi un homme d'affaire.
    Enfin, ce n'est que mon opinion.

  • Archives de Vigile Répondre

    15 octobre 2009

    Merci pour cet article qui fait écho à mon opinion !
    Je crois aussi que les vrais philantropes donnent dans l'anonymat, ces 35 millions auraient pu être utilisés à des fins beaucoup plus importantes et, si Guy Laliberté tenait tant que ça à l'eau, il ne se serait pas payé ce voyage ultra-poluant...
    Hélas, j'ai exprimé cette opinion sur plusieurs tribunes et j'ai été jugé très négatibement (65 à 75 % défavorable). Peut-être parce que j'ai osé critiquer l'endormissement collectif dans le sensationalisme et la télé-réalité en du même coup... et dire que d'aucuns élevaient pratiquement Guy Laliberté au rang de demi-dieu ne serait pas exagérer les propos de certaines personnes.
    D'ailleurs Bono du groupe U2 faisais aussi partie du spectacle, lui qui s'est auto-proclamé philantrophe, mais qui cache son argent dans les paradis fiscaux... en somme qui s'assemble se ressemble !