Le doublage québécois redouble
9 septembre 2016
Les doubleurs censeurs
J’ai trouvé sur le site «doublage.qc.ca» cette critique ahurissante intitulée “Absurdité en doublage – Prise 1”: «Une nouvelle mode, qui s'apparente plus à la censure qu'à un laïcisme serein, s'installe depuis quelques années en doublage: le retrait de mots à consonance religieuse et spécifiquement catholiques. Les expressions comme ‘My God’ (mon Dieu), ‘The Lord’ (le Seigneur), ‘Sweet Jesus’ (doux Jésus) et d’autres du genre, semblent maintenant honnies du doublage. On pourra voir un film d'action où des expressions arabes à consonance religieuse seront utilisées, mais si le sujet du film n'est pas la vie monastique ou un quelconque scénario impliquant l'église catholique, tout mot pouvant exprimer une association à des termes catholiques sera remplacé par un mot plus neutre. C'est à se poser de sérieuses questions. Bien sûr, la première raison donnée a été le danger de choquer certaines cultures lors de projections dans les avions. Mais sachant que peu de doublages québécois semblent prisés par nos charmantes compagnies d'aviation, on aimerait avoir une meilleure explication. Y aurait-il donc une crainte si poussée qu'il faille édulcorer autant les doublages au Québec? Et est-ce aussi le cas ailleurs? Lorsqu'on voit une scène où un homme sauve la vie d'un autre et lui dit: ‘The Lord just saved your life’ (le Seigneur vient de vous sauver la vie), et qu'en français cela donne: ‘Une personne vient de vous sauver la vie’, on n’est plus dans l'accommodement, mais dans l'ubuesque.» (http://www.doublage.qc.ca/p.php?i=152&idnew=455&range=09-2013)
Est-il acceptable que nos maisons de doublage fassent le jeu des bigots en se permettant de jouer aux censeurs relativement à l’épineuse question religieuse (qui inquiète tout particulièrement en ce début de XXIe siècle), alors qu’elles n’y sont nullement contraintes? Poser la question, c’est y répondre. Nous pensions nous être débarrassés de la satanée censure, mais non, la voici de retour. Grand Dieu! Le pauvre André Guérin doit se retourner dans sa tombe.