Les minorités sexuelles en mènent large au journal « Le Devoir »
1 septembre 2024
Lettre envoyé au Devoir le 24 juillet 2016, mais non publiée :
« Shakespeare dénaturé
Je n’irai pas voir la dernière mise en scène de Serge Denoncourt au Théâtre du Nouveau Monde, Roméo et Juliette, d’après William Shakespeare. Pourquoi ? Parce qu’elle a peu à voir avec l’œuvre du grand barde anglais.
Pour cette adaptation, Denoncourt, conquis par la pièce à l’âge de 12 ans [1], s’est inspiré notamment de Pier Paolo Pasolini, Luchino Visconti et Franco Zeffirelli, des homosexuels notoires. Pourquoi un tel intérêt de leur part pour cette pièce ? Pour la richesse du texte, certes, mais aussi parce que le grand amour entre les deux hétérosexuels que sont Roméo et Juliette est détruit.
M. Denoncourt a déclaré dans une interview : « Dans la pièce, il y a deux histoires d’amour: celle de Mercutio et Roméo; et celle de Roméo et Juliette. Mercutio est un homosexuel vieillissant qui se tient avec des petits gars, qui boit, qui est amoureux de la beauté de Roméo. À l’adolescence, les garçons italiens couchent ensemble même s’ils ne sont pas gais. Dans ma mise en scène, on comprend que Mercutio joue à touche-pipi avec les garçons et qu’eux, ça ne les dérange pas. (…) » Claude Jutra aurait sûrement apprécié, mais, dans l’œuvre originale de Shakespeare, personne ne joue à touche-pipi. Mercutio n’a rien d’un homosexuel vieillissant : il est jeune et un ami de Roméo. Et il n’y a pas deux histoires d’amour, mais une seule : celle que l’on sait. [2]
M. Denoncourt a aussi déclaré : « Le texte de Normand Chaurette me laisse beaucoup de place; je peux alors décider du sens que je veux donner aux mots. (…) » [3] Ma foi, quelle présomption ! Si les mots de Shakespeare perdent leur sens originel une fois traduits, peut-on encore parler d’une œuvre shakespearienne ? Une œuvre « denoncourtienne », plutôt.
De nos adaptateurs et metteurs en scène ont de tels ego et de tels besoins qu’ils dénaturent les textes classiques. Pouvons-nous permettre aux Québécois de découvrir les grands auteurs quand ils sont au programme ? »
Sylvio Le Blanc