Pour une véritable voie citoyenne vers l’indépendance
24 août 2011
En réponse à Gilbert Paquette.
GP- M. Montmarquette, j’ai bien lu votre démarche. Très intéressant pour amorcer les choses. Votre parti, QS, lui, ne voit pas cela arriver avant l’élection d’un gouvernement QS. Donc, vous êtes en rupture de banc avec QS car vous êtes plus pressé.
CM - Tout d'abord, merci de votre intérêt Monsieur Paquette.
Mais je ne suis évidemment pas d’accord avec vous là-dessus.
J’ai clairement dit en pleine assemblée du NMQ, que j’appuyais «aussi» la position de Québec Solidaire.
Mais, je propose de refaire l’unité des indépendantistes dans le combat et de procéder immédiatement et concrètement à l’indépendance, en «ajoutant» une manière de faire, plutôt que de rester les bras croisés en paralysant les militants et en les excluant de leur propre cause ; laissant ainsi les véritables gains politiques aux diverses formations en place (et particulièrement au PQ), et en les laissant constamment tributaires et à la merci des partis politiques et des élections, quand ce n’est pas d’un référendum gagnant. Du pur étapisme quoi.
Tout ceci en attendant à la fois des élections générales, puis, une élection d’une majorité souverainiste elle, loin d’être acquise.
GP - C’est sympathique ! Cependant, une fois vos 7 étapes franchies et que l’Assemblée constituante aurait adopté la constitution élaborée par tous, le Québec ne serait toujours pas indépendant.
CM - Je ne suis toujours pas d’accord avec vous là-dessus.
Une majorité d’appuis à la Constitution provisoire et à la déclaration d’indépendance dûment signés, établissent à eux seuls la légitimité du processus démocratique et l’indépendance du Québec.
CM - Dans le cas de ladite atteinte d’une majorité d’appuis à l’indépendance, si le gouvernent en poste refuse de convoquer l’Assemblée constituante pour la rédaction et l’adoption de la Constitution permanente, ce gouvernement pourrait d’une part, être considérer illégitime et anti-démocratique par les instances internationales, et le Comité citoyen pourrait alors décider de procéder directement avec les moyens autonomes qu’il mettra lui-même en place et qui seront à sa disposition.
GP- Il faudra une déclaration unilatérale d’indépendance et cela ne peut se faire que par une Assemblée de parlementaires qui montre qu’elle a le contrôle effectif du territoire et l’appui majoritaire de la population. Il faudra donc s’en remettre à un ou des partis politiques.
CM – Cette déclaration unilatérale vient de la signature d’une majorité de citoyens elle-même Monsieur Paquette.
Une déclaration écrite endossée par le peuple constitue à mon avis une démocratie bien plus forte qu’une simple démocratie de représentation, où la plupart du temps, les citoyens ne sont même pas consultés sur des décisions qui les concernent tous les jours.
GP- De plus, auparavant pour y arriver, vous aurez besoin "d’obtenir la liste électorale du DGÉQ (pourquoi vous la donnerait-il à vous en dehors des limites de la loi électorale) et créer des associations locales de mobilisation et d’information dans les 125 circonscriptions électorales du Québec et mettre en place des bureaux de vote.(No 4). Cela revient à créer un parti politique citoyen et, de plus un parti unique.
CM - Je ne comprend pas comment vous povez prétendre à la création d'un parti politique.
Mais comme tout combat, rien n’est gagné d’avance et nous nous battrons pour l’obtenir cette liste ; particulièrement dans une lutte historique et aussi légitime comme celle pour laquelle nous nous battons.
On ne nous fera pas perdre une démarche aussi fondamentale que l’accession d’un peuple à son indépendance politique pour une technicalité bureaucratique.
De même, nous mettrons nous-mêmes en place des bureaux de votes, s’ils ne nous sont pas fournis par l’État.
Si le DGÉQ nous refuse la liste, nous procéderons alors par assermentations citoyenne et vérification des identités de la manière la plus transparente, la plus honnête et la plus démocratique possible.
GP- D’ailleurs, un peu sceptique sur votre propre démarche, vous dites à la fin "De plus, si jamais la majorité d’appuis était atteinte (ce dont on peut douter), alors qu’une majorité de députés-es souverainistes étaient au pouvoir (élus par d’autres partis ?), l’Assemblée nationale pourrait utiliser de ces appuis signés d’avance afin de déclarer et légitimer l’indépendance du Québec."
CM - Ce qui est clair, c’est que la démarche citoyenne ne doit pouvoir reposer que sur elle-même. Ce qui n’empêcherait pas les députés et les partis politiques de soutenir et d’appuyer cette démarche.
Moi, au contraire, ce qui m’inquiète est bien plus un parti politique tel que le PQ, qui ne reconnaît généralement que sa propre démarche et tente sans cesse d’instrumentaliser la question nationale à des fins électorales.
GP - Votre démarche n’en demeure pas moins intéressante comme hypothèse d’éducation populaire, mais ne venez pas nous dire que tout peut se faire par la voie citoyenne et que ce que je propose n’est pas une véritable voie citoyenne. Je le répète, il faut qu’un jour, le plus tôt sera le mieux, la voie électorale et la voie citoyenne converge. Nous n’en sommes malheureusement pas là.
CM - Comme je vous ais déjà dis, je ne suis toujours pas d’accord avec vous et cette impérative approche électorale, si elle n’est pas, carrément partisane.
Ce qui me semble clair par contre, c’est que vous ne cessez de dire que vous êtes en faveur de la voie citoyenne d’une part, et ne cessez de revenir constamment sur la nécessité de la voie électorale et gouvernementale d'autre part.
J’avoue que considère ce double langage fort inquiétant, et qui plus est, qu’il confirme mes appréhensions.
La multiplication actuelle des partis souverainistes, entrainera inéluctablement le fractionnement et la division des forces indépendantistes dans diverses formations politiques hétérogènes.
La voie électorale étant désormais divisée, il est impératif de trouver une véritable alternative à la fois rassembleuse et efficace, mettant à contribution des milliers de militants autrement paralysés et laissés pour compte.
Et à mon humble avis, et selon l’enthousiasme que ma proposition a suscité à cette assemblée du NMQ, cette solution citoyenne, non partisane et autonome doit définitivement être complètement hors des partis politiques.
Nombre des pays ont accédé à leur indépendance, non pas en élisant des partis politiques, mais par des mouvements issus de la base citoyenne et militante.
C’est cette solution qu’il nous faut désormais mettre en place, afin de refaire l’unité dans le combat et remettre à contribution tous les jours et concrètement les forces vives du mouvement indépendantiste.
Merci de votre contribution et de m'avoir ainsi donné l'occasion de préciser ma pensée.
Cordialement,
Christian Montmarquette
Montréal
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