Le choix du prochain chef péquiste sera capital pour la survie de la formation politique fondée par René Lévesque. Trop souvent au cours des dernières décennies, le Parti québécois (PQ) s’est donné un chef aux ambitions contraires aux valeurs du parti ou, pire encore, à l’objectif de l’indépendance pour le Québec. Par ses mauvais choix, le PQ a accumulé un déficit de crédibilité qui ne pourra s’effacer qu’avec un véritable renouveau.
La dégelé subie par le PQ aux dernières élections en a laissé plus d’un pantois et l’environnement médiatique ne cesse d’entretenir le doute sur la survie du parti que le chef Lisée a mené à la pire débâcle de son histoire. Pour ajouter à la trame dramatique, la députée Catherine Fournier quittait la formation dans les mois qui suivirent l’élection pour reléguer le PQ au rang de troisième opposition. La députée de Marie-Victorin, tout en clamant son désir de souveraineté pour le Québec, prétendait devoir quitter le PQ parce qu’il ne constituait plus le véhicule approprié pour nous ouvrir les portes de l’indépendance.
Personne ne se surprend que, dans une telle conjoncture, il n’y ait pas foule au guichet pour prendre la place. Toutefois, les rumeurs entourant la possible venue de l’ex-journaliste Alexis Deschênes dans la course à la chefferie a un petit côté rafraichissant. La candidature de Deschênes s’inscrirait en toute cohérence avec le discours de refondation qui traverse le parti en ces heures sombres. Il incarnerait une rupture avec le passé et pourrait redonner ses lettres de noblesse à ce parti qui constitue encore le véhicule le plus plausible de mener le Québec à l’indépendance. Qui sait jusqu’où le PQ débarrassé de ses fantômes pourrait aller lorsque le nationalisme de la CAQ se sera buté aux entraves du fédéralisme?
Certes, il faudra que les militants péquistes soient patients pour voir se raviver la flamme de l’indépendance et voir le PQ reprendre le pouvoir, surtout dans cette période où, sans trop faire, le gouvernement caquiste plane dans les nuages de la satisfaction générale. Les lendemains peuvent cependant révéler des surprises plus rapidement que certains l’anticipent et le PQ aura intérêt à être prêt pour une nouvelle équipée. Un éventuel oléoduc qui traverserait le Québec, une possible dégelée juridique de la loi sur la laïcité, un référendum albertain pour modifier la péréquation, les diktats d’Ottawa sur l’immigration et d’autres sujets brulants forceraient des positionnements plus affirmés que ce que laissent entrevoir la CAQ et pourraient contribuer à redonner des ailes au PQ.
En ce sens, la prochaine campagne fédérale sera particulièrement révélatrice des espoirs que peuvent nourrir le Québec et les partis politiques qui y trônent. Une bonne performance du Bloc sourirait à la CAQ et au PQ mais beaucoup moins aux libéraux malgré des apparences de vouloir renouer avec le nationalisme. D’autre part, la disparition ou presque du NPD dans les circonscriptions québécoises refroidirait l’enthousiasme de Québec solidaire. On peut retenir qu’une telle perspective s’avère possible après que les députés dissidents du Bloc ait réintégré les rangs et renoncé à créer un nouveau parti politique à Ottawa.
Ainsi, plutôt que de changer de véhicule, ce qui s’avère compliqué en politique, il vaut mieux changer de pilote pour espérer un meilleur résultat en piste. La greffe Yves-François Blanchet qui a bien réussi au Bloc parce qu’il n’était associé à aucune faction belligérante, devrait constituer un modèle à suivre pour un PQ en quête d’un nouveau pilote qui ne soit pas taxé d’être la continuité de la vieille garde!