Prologue
Cette chronique vise, d’une part, à faire comprendre la nécessité pour le Parti Québécois et les autres indépendantistes et nationalistes d’entreprendre sans délai une réflexion fondamentale pour saisir dans toute sa complexité la notion de nation annexée ainsi que de ses conséquences pour une nation minoritaire dans une union fédérale très centralisée. D’autre part, et en priorité, elle voudrait montrer que les péquistes surtout devraient cesser de s’imaginer que c’est le peuple qui va penser à leur place. Toute société normale a besoin d’une élite. Le gouvernement fédéral l’a compris depuis bien longtemps
Il est temps que les péquistes assument de parler ouvertement au grand public de l’indépendance du Québec afin de jouir d’un État souverain. Ces deux concepts, État et souveraineté, signifient beaucoup plus que de faire toutes ses lois, de prélever tous ses impôts et de signer des traités. Ce sont des pouvoirs indéniables mais l’indépendance concerne l’agir (par soi) collectif dans tous les domaines (politique, économique et culturel). En clair, ce sont tous les pouvoirs dont jouit toute nation indépendante dont l’État-Nation canadien (c’est inscrit dans la constitution). Comme on sait, ce n’est pas parce que le Québec ne l’a pas signée, que nous ne sommes pas soumis de facto à sa mise en vigueur.
La nation québécoise doit être informée et stimulée par les indépendantistes (péquistes et autres groupes ou spécialistes) pour comprendre que la subordination et le remplacement par le gouvernement du Canada privent les Québécois de leur liberté collective (c’est-à-dire de détenir le self-government complet). Pour changer le status de province, le peuple québécois doit cesser d’accepter son état d’annexion collective à l’État fédéral canadian. Il n’y a pas de substitut ou d’équivalence à l’indépendance nationale sinon la dépendance et la subordination d’une nationalité à une autre qui lui fait perdre la maîtrise chez elle de son agir (par soi) collectif sous son aspect national, qui contrôle une partie de la dimension sociale qui inclut les aspects économique et culturel et aussi, par voie de conséquences, de ses relations à l’externe.
Nous savons que les défenseurs de l’optique fédéraliste cherchent généralement à culpabiliser les défenseurs de la libération nationale du Québec de se replier comme dans une réserve ou de pratiquer un nationalisme d’assiégés ou malsain, autrement dit borné («narrow nationalism») au lieu d’un nationalisme ouvert («broad nationalism»). Au fond, pourquoi une nationalité minoritaire voudrait-elle devenir une nation majoritaire ?
D’où la question : «Voulons-nous envisager le Futur ?»
«La lecture continuiste de l’histoire et la référence nostalgiques à un âge d’or de la vie hantent encore beaucoup d’esprits, et nombre d’analyses politiques et sociologiques en sont marquées. Il faut les débusquer.» Michel Foucault.
Le Canada «the first postnational state». Déclaration de Justin Trudeau (1).
L’avenir dans la fédération canadienne nous est connu. Mais ce qui sera ou deviendra est de l’ordre du futur envisagé, c’est-à-dire d’une fin visée anticipée, désirée et avouée. En somme, le nouveau présent que nous désirons collectivement pour fonder l’héritage d’un changement majeur au plan «national». Le futur devra prendre les contours de l’indépendance politique du Québec en tant que première victoire collective. Cette ambition nationale ne peut se réaliser sans en exposer maintenant les fondements.
Pour y arriver le chemin sera jonché d’obstacles. Le danger consiste à se laisser distraire par les attaques ciblées et volontairement pernicieuses du Premier ministre Philippe Couillard ou de Justin Trudeau afin d’entretenir la confusion dans les rangs indépendantistes. Tous les coups seront machiavéliquement calculés ! Ils ne seront pas les seuls à prendre fait et cause en faveur du fédéralisme. Déjà un ancien premier ministre du Québec, Lucien Bouchard, est entré dans le bal des répliques adressées au nouveau chef indépendantiste au Québec. Tout ce boucan autour de la laïcité, de la société et de l’État du Québec.
Au fond, même l’ouverture aux autres et sur le monde que Lisée reconnaît, ses vis-à-vis les pro-Canadiens ataviques seront toujours contre l’indépendance politique du Québec. L’unité canadienne est dans leur ADN. Tout mouvement indépendantiste est de facto condamné par l’idéologie fédéraliste. Partant, l’optique fédéraliste a sa réponse toute prête :
– Elle souligne que ce serait «démissionner » que de se replier comme dans une réserve, sur le seul État où la nationalité minoritaire pourrait devenir une nation majoritaire.
– Même que la nation minoritaire, dans une province, peut souscrire aux avantages de vivre dans une fédération ou une union fédérale. Il arrive souvent quel’optique indépendantiste
– concède volontiers que, pour la nation majoritaire fédérante, le fédéralisme, surtout sous forme d’union fédérale, comporte de multiples avantages, dont entre autres :
– en laissant à la nationalité minoritaire suffisamment d’autonomie locale (politique et culturelle) et souvent assez de «prospérité» économique pour empêcher de naître et pour étouffer (ou du moins rendre anodin) tout mouvement de protestation, de révolte, de libération de la nation annexée.
Dans cette énumération de traits caractéristiques de la pensée fédéraliste, vous pouvez reconnaître ici le «provincialisme» sous-jacent dans le discours de Lucien Bouchard. Sur cette question délicate, les indépendantistes doivent se préparer à savoir présenter habilement l’indépendance politique du Québec au public d’ici et d’ailleurs. La discussion sur l’indépendance vs l’annexion va soulever des débats cruciaux. Voici un exemple de commentaire par Roger Turcotte, le 16 février 2016 18h08, à ma Chronique 444 qui portait sur l’État-Nation : «Je défie quiconque de comprendre votre charabia.»
Ce genre de dialogue ne nous conduit nulle part. C’est le même discours de tous ceux qui nous répondent : «Vous allez frapper un mur.» Bien sûr le défi des indépendantistes est énorme. Mais faut-il pendant ce temps qu’ils se contentent du «stratégisme de pouvoir» selon l’expression de Miguel Tremblay (2) (un ex-candidat pour le parti d’Option nationale dans Laurier-Dorion) ?
Le Parti Québécois depuis son origine n’est jamais parvenu à résoudre cette problématique. Le temps est venu d’y travailler en profondeur. Le public attend depuis quelques générations l’explication à sa situation de nation annexée (3). Il croit en ses capacités collectives mais le véhicule qui pourrait entreprendre le cheminement critique vers l’indépendance complète est encore trop timoré, trop indécis et même embrouillé sur son orientation finale. Il souhaiterait finalement envisager les avantages d’être reconnu comme faisant partie à part égale du groupe des nations indépendantes. J’oserais dire que le public espère cette étincelle qui mettrait le Québec en marche sur l’idée claire et simple : «Un État souverain, français, jouissant de la reconnaissance juridique internationale». Voilà ce qui est véritablement mettre le cap sur l’indépendance.
Il faut donc considérer la totalité d’une société sous tous les aspects (politique, économique et culturel), car ils peuvent s’étendre « à tous les domaines à l’intérieur comme à l’extérieur » selon une conception de la nation au sens intégrale. A contrario de cette définition de la nation, il existe un courant très puissant qui est celui du provincialisme. Il domine la pensée politique d’une vaste majorité de Québécois. En ce sens, le nationalisme de Claude Legault et de la CAQ n’est que du nationalisme incomplet, c’est-à-dire, du provincialisme avec une savoir patriotique. Et qu’est-ce que le provincialisme ?
C’est l’idée de ceux qui croient qu’une "nation" peut se contenter d’être "province" d’une autre nation.
En contrepartie, il s’agit du national et non plus que du pôle socioéconomique pris pour le tout de «vie et condition de vie» sans les rapports «individu et société ». Car il n’y a pas que le pôle du sort des personnes et d’une bonne répartition des biens dans la société mais aussi de l’autre pôle qui regarde l’autonomie de la vie collective, c’est-à-dire du national se rapportant aux relations avec les autres collectivités. Parce que la vie de toute la société «s’accompagne du risque de replis et de refus stériles». Alors, peut-elle véritablement renoncer au monde par ses propres moyens ?
Voici donc la réponse de quiconque endosse l’optique indépendante :
«Pour toute société (quelle que soit sa fin), à côté de l’inévitable contact, de la collaboration nécessaire, on retrouve cette exigence fondamentale de l’agir (par soi) collectif,
– de l’action et de la réaction autonome,
– de la réserve collective,
– de la séparation (ou du "séparatisme").» (Dixit Maurice Séguin)
Cette différence d’interprétation est tellement importante qu’elle se situe à l’antipode de la tradition nationaliste de l’égalité à deux sur un même territoire. Cette interprétation traditionnelle ou conventionnelle, conformiste (4), se manifeste sur un fond de réaction et de renonciation. Pour les optimistes, c’est l’indépendance «comme quelque chose qui va de soi» tout en «percevant l’inévitable inégalité politique d’une nation minoritaire». Devant ce défi, le réflexe habituel consiste à reporter l’échéance sous prétexte que le temps n’est pas encore venu de livrer le combat. Cependant, s’il y a combat, il devrait se faire dans les esprits. Pour le moment, il ne se fait pas, ou s’il se fait, il est trop embrouillé par des stratégies et des processus qui ne parviennent pas à convaincre majoritairement le public à endosser l’option de l’indépendance politique du Québec. S’agit-il seulement de déloger les libéraux du pouvoir pour les remplacer ? Le public est sceptique devant autant de manœuvre et d’atermoiement. Il finit par croire qu’il y a anguille sous roche. Le doute, l’inconfort, voire même la désespérance viennent combler le vide de l’inaction. Et l’inaction conduit au désœuvrement. Où est-il Claude Charron ? et combien d’autres ?
«Un premier pas sur le chemin des victoires» (Jean-François Lisée)
Dans son premier discours, le 7 octobre, comme chef du Parti Québécois et aussi en tant que Chef de l’Opposition officielle au Parlement du Québec, il a indiqué ses «lignes» le soir même de son élection en présence de la réunion des membres du Parti Québécois. Ce discours intitulé «UN PREMIER PAS SUR LE CHEMIN DES VICTOIRES» lui a donné l’occasion de poser les balises de la convergence et de l’union des forces souverainistes et c’est «le goût d’un gouvernement […] Un hum-hum de bon gouvernement. […] Le goût d’un gouvernement honnête…» Etc.
Nous sommes devant des libéraux qui ont «baissé les bras. Voici comment il présente les faits.
«Nos amis fédéralistes québécois, eux, ont abandonné leur rêve : celui d’un Canada renouvelé, qui reconnaîtrait concrètement l’existence de la nation québécoise et qui accepterait son autonomie. Eux sont orphelins. Eux ont baissé les bras. À l’approche du 150e anniversaire du Canada l’an prochain, ils n’osent même plus évoquer la lointaine possibilité que la loi fondamentale canadienne, la constitution adoptée sans nous et contre nous il y a 34 ans, puisse être réparée. Puisse faire justice à l’existence de notre nation. Il y a donc un décès, un vrai, dans la famille libérale québécoise. Le décès du rêve de Jean Lesage, de Claude Ryan et de tant d’autres élus qui croyaient que le Canada, un jour, reconnaîtrait officiellement la différence québécoise. L’accueillerait dans « l’honneur et l’enthousiasme ». Les libéraux n’osent même plus discuter du sujet, tant leur capitulation est totale. Ils savent que le Canada qu’ils souhaitaient est un pays imaginaire. Ils ne croient plus à leurs propres rêves. L’annonce du décès de leur rêve n’est nullement, en ce cas, exagéré.»
Mais au-delà de ces considérations, il n’en reste pas moins que tous ces libéraux au Québec (provinciaux ou fédéraux) croient toujours au CANADA comme pays. Le sentiment national d’une majorité de Québécois est le même que dans les années 1950, y compris Maurice Duplessis qui défendait l’autonomie provinciale du Québec. En fait de Jean Lesage, Claude Ryan et de tant d’autres élus, ils sont tous des Canadiens du Canada. Car «ce pays nous appartient» et «on est prêt à mettre nos sièges en jeu» comme l’affirmait vivement Pierre Elliott Trudeau. Le gouvernement Couillard est dans le même esprit, c’est-à-dire dans la croyance au fédéralisme pour une nation minoritaire dont l’autonomie économique est comprise, selon lui, dans un sens très réaliste. On sait les liens qui unissent les «Grandes Affaires» dans de vastes ensembles et la nécessité d’un marché étendu... comme on peut le constater avec l’Accord Canada-Union européenne: Accord économique et commercial global (AECG). Ce mirage, d’un point de vue indépendantiste, est largement répandu par la société québécoise. Le gouvernement fédéral sait entretenir le public des grands avantages pour la société canadienne. Mais le Québec n’a aucune compétence réelle dans le domaine des relations internationales.
Et Justin Trudeau fera plus que son père pour établir les fondements du canadianism d’un océan à l’autre. Le «Canadian scheme» de 1867 se prolonge dans le temps et la subordination sur place du Québec est maintenue et prend une plus grande ampleur compte tenu du déséquilibre des forces entre les «deux Canadas». (La distinction entre le Québec et le Canada n’est pas encore un fait accompli.) De toute façon, pour le gouvernement fédéral : «Un Canadien est un Canadien. (Cf. Note 1)» Point final. Le Québec est une province comme les autres et il n’y a que des Canadiens/Canadians au Canada. Nous sommes des francophones comme les autres au Canada. De toute façon, Justin est rendu au concept du «postnational state».
Revenons à l’histoire.
Pour comprendre cette situation, il faut remonter à l’Union de 1840. Cette «union» est une union fédérale déguisée. Elle se terminera sur une dizaine d’années d’instabilité ministérielle qui conduiront au «grand scheme» de l’Acte de l’Amérique du Nord Britannique.
INDÉPENDANCE DU QUÉBEC 322
Le deuxième Canada (22/29)Devant la proclamation de l’Union, c’est la résignation des Canadiens-Français,la deuxième capitulation.
Chronique de Bruno Deshaies jeudi 24 avril 2008 424 visites 1 message 2016-11-08
Or, ce que nous constatons en ce moment, c’est que les «indépendantistes» se crêpent le chignon sur des procédures et des processus de libération collective ou bien c’est fréquemment le dialogue de sourd. L’élite indépendantiste est dans le marasme politique après beaucoup d’espoirs brisés dans son histoire pour faire place à l'actualisme, ou si l'on veut l'activisme. Finalement, c’est carrément le comportement dans l’entre-soi ou du quant-à-soi de l'individu. Faut-il se surprendre que l’unité nationale sur l’indépendance du Québec végète dans le public ?
La dernière course à la chefferie du Parti Québécois nous a démontré que les cinq candidats (mais en fait quatre) présents (femme et hommes) dans cette compétition ne parvenaient pas entre eux à s’entendre sur l’objectif global de leur parti qui est embrouillé par des choix provinciaux de société à gauche et à droite avec des nuances byzantines et sophistiquées. C’est très compliqué ! Le biais sur la date ou le moment du referendum les a divisés lourdement. Et que dire de l’indépendance, ce mot devenu presque polysémique qui ne dit pas moins, selon Le Petit Robert, l’indépendance d’un État – souveraineté d’un pays, d’un peuple. Devant une telle évidence, le public ne comprend pas la nature vaseuse du discours souverainiste sur la «question nationale».
Avec un peu de recul, on peut constater que Lévesque a joué avec l'image de la fierté nationale et du «beau risque». Parizeau a annoncé le 7 juin 1995 le partenariat et la question référendaire.Après l’échec du choix référendaire, il présente solennellement sa démission comme Premier ministre et Chef du Parti Québécois. À son tour Bouchard joue avec les ficelles de sa popularité et devient premier ministre le 29 janvier 1996. Il quitte à son tour, en 2001, ne voyant plus comment satisfaire le nationalisme des québécois. Landry pensait refonder l'égalité des deux nations dans une nouvelle union fédérale indéfinie. Il démissionne avec fracas le 4 juin 2005. Survient ensuite la démission d’André Boisclair le 8 mai 2007. Cinq ans plus tard, Pauline Marois reprend l'étapisme de Claude Morin. Puis la gouvernance de Madame Marois est battue à l’élection générale de 2014. Pîerre Karl Péladeau devient chef du PQ en 2015 et pour des raisons familiales, il démissionne le 2 mai 2016.
C’est maintenant le tour de J.-L. Lisée de se placer dans la continuité de l’attentisme par sa prise de position. Peut-on déjà postuler l’exercice d’un referendum après 2022 avec la condition sine qua non de présupposer que le PQ prendra inévitablement le pouvoir en 2018 ? L’évolution de la nomination des chefs du Parti Québécois de 1968 à 2016 illustre l’histoire d’un parcours difficile. L’alternance des libéraux et des péquistes au pouvoir à Québec n’est pas une garantie de succès pour l’indépendance du Québec.
Liste des Chefs du Parti Québécois
Année Nom
1968 - 1985 (1) René Lévesque
1985 - 1987 (2) Pierre Marc Johnson
1987 - 1988 (2-a)Guy Chevrette (par intérim)
1988 - 1995 (3) Jacques Parizeau
1995 - 2001 (4) Lucien Bouchard
2001 - 2005 (5) Bernard Landry
2005 (5-b) Louise Harel (par intérim)
2005 - 2007 (6) André Boisclair
2007 (6-c) François Gendron (par intérim)
2007 - 2014 (7) Pauline Marois
2014 - 2015 (7-d) Stéphane Bédard (par intérim)
2015 - 2016 (8) Pierre Karl Péladeau
2016 (8-e) Sylvain Gaudreault (par intérim)
2016 - (9) Jean-François Lisée
http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/liste.jsp?titreListe=12
Liste des Premiers ministres du Québec
Année Nom
1960 - 1966 Jean Lesage }} (libéral)
1966 - 1968 Daniel Johnson (unioniste)
1968 - 1970 Jean-Jacques Bertrand (unioniste)
1970 - 1976 Robert Bourassa (libéral)
1976 - 1985 (1) René Lévesque (péquiste)
1985 (2) Pierre Marc Johnson (péquiste)
1985 - 1994 Robert Bourassa (libéral)
1994 Daniel Johnson fils (libéral)
1994 - 1996 (3) Jacques Parizeau (péquiste)
1996 - 2001 (4) Lucien Bouchard (péquiste)
2001 - 2003 (5) Bernard Landry (péquiste)
2003 - 2012 Jean J. Charest (libéral)
2012 - 2014 (6)Pauline Marois (péquiste)
2014 Philippe Couillard (libéral)
Une courte analyse de ces deux listes de notre histoire politique nous démontre que durant 40 ans malgré six chefs péquistes au pouvoir à Québec et les tribulations pour les neuf courses à la chefferie du PQ que les indépendantistes sont loin de s’imaginer que l’indépendance est à portée de main pour les Québécois. Pour la neuvième course à la chefferie, cette dernière a été décourageante et déprimante. Il était difficile de décoder la vision et l’inspiration à travers leurs discours de politiciens et politiciennes. Maintenant, le PQ à un nouveau Chef. Faisons l’analyse de ce premier discours de J.-F. comme Chef élu par le parti.
Dans son premier discours devant ses militants, il a employé le mot «gouvernement» 18 fois. Explicitement, vis-à-vis l’indépendance, le concept signifie en ses propres termes ceci : «Mais comme gouvernement, pendant quatre ans, de 2018 à 2022, nous travaillerons ensemble, pour le bien commun, pour la nation, pour le Québec.» Et, un peu plus loin, il ajoute : «Un gouvernement du Parti québécois environnementaliste et activement branché sur le monde […] et pouvoir ainsi engager le dialogue sur d’autres plans, dont l’indispensable indépendance.» (Ici, le pronom relatif est employé «avec une indication numérique pour exprimer une partie d'un tout», un objet parmi bien d’autres.)
Ce qui me fait tiquer dans cette vision de gouvernement, c’est que «l’indispensable indépendance» n’est qu’un autre plan parmi tout le reste des actes de gouvernement. Ce qui nous permettrait de comprendre cet autre passage de son discours :
«Notre défi n’est pas de redéfinir notre objectif ou notre projet, mais de régénérer notre organisation pour la mettre au diapason des citoyens d’aujourd’hui.»
On l’a vu, la course à la chefferie nous a montré que les candidat(e)s ne s’entendaient pas. On peut même comprendre qu’il devait escamoter le débat «indépendantisme vs fédéralisme». Malgré deux échecs référendaires et un parti en reconstruction, il est difficile de voire dans le discours une posture évidente en lien avec la finalité visée du projet indépendantiste en tant que tel.
Déjà une pelure de banane lui a été glissée sous les pieds concernant la charte des valeurs. Le voilà piégé sur le problème du théocratisme vs laïcisme. Un champ de bataille extrême.
Djemila Benhabib, «Pour vilipender l’idée de la laïcité et Jean-François Lisée. Lucien Bouchard fait parler les morts. Ou de l’incapacité de soutenir le débat.» Chronique du vendredi 14 octobre (2016). 1830 visites + 6 messages.
En 2013, le débat faisait rage sur le même thème. Ma chronique 407 (19-12-2013) proposait une réflexion indépendantiste sur cette question du «théocratisme vs laïcisme» respectueuse du bien commun d’une nation au sens général, c’est-à-dire la nation ou nationalité qui forme un groupe humain qui en est arrivé à se reconnaître distinct pour de multiples raisons très variables (commune origine, commune langue, traditions communes, même histoire, occupation du territoire, etc. et qui, sociologiquement comme nation, constitue un groupe distinct et différent qui façonne un milieu avant tout culturel qui caractérise l’individu ainsi que l’unité (et la valeur) de la culture distincte et différente de la communauté (p. ex. le Canada) et qui est majoritaire jusqu’à ce jour sur son propre territoire ou son milieu ancestral (p. ex. les Québécois).
Une fois de plus, une militante indépendantiste, Monique Chapdelaine, cherche à comprendre les élites de la mouvance souverainiste. Son discours est inquiétant. Pourtant, elle a parfaitement raison. Le PQ doit apprendre à s'ouvrir au public. Il devrait savoir qu'il y a des milliers d'indépendantistes qui n'ont pas de cartes de membres du PQ et qui ne sont pas moins des indépendantistes avérés.
Je propose cette lecture :
L’indépendance du Québec, un choix décisifMonique Chapdelaine, Tribune libre de Vigile, samedi 27 septembre 2014.
553 visites + 2 messages 2016-11-16 10:17
J’ajoute la référence au deuxième commentaire, 29 septembre 2014 10h35, par Monique Chapdelaine.
Pour mieux faire comprendre sa Tribune libre, elle ajoute quelques précisions dont celles-ci :
Alain G. Gagnon, «Kant et l’Écosse.»Dans Le Devoir, 23 septembre 2014. [N. B. Une lecture incontournable.]
«Ainsi, les indépendantistes s’égarent dans des broutilles. Ils sont dans les processus. Ils sont intarissables d’imagination (propositions et commentaires)» en lien avec la note 3 :
(3) Jean-François Lisée, «Refaire fleurir le goût de l’indépendance : Un mode d’emploi.»
(Fin des références)
Pourrait-on dire que l’ouverture de ce parti auprès de la masse manque de sensibilité ? Ne devrait-il pas apprendre à converger sur les fondements de l’indépendance et non des approximations de projet d’indépendance avec un discours toujours flou. Il y a trop de verbiage. Des personnes comme madame Monique Chapdelaine, il y en a des dizaines de milliers à piaffer pour entendre enfin un message éclairé qui enclencherait la plus forte mobilisation connue depuis l’élection du PQ en 1976.
L’orientation du Parti Québécois est trop fixé sur l’Actuel. Une certaine réflexion devrait se faire sur cette pensée de Jules Michelet (1798-1874) :
« Celui qui veut s'en tenir au présent,
à l'actuel,
ne comprendra pas l'actuel.»
Le Peuple (1846)
Penser dans l’Actuel et en même temps reporter le Futur
Il semblerait que le Parti Québécois n’a pas perdu encore ses vieilles habitudes. Il est branché sur l’Actuel, il pense dans l’Actuel et il livre un combat sur les enjeux Actuels du fédéralisme par un argumentaire obsédé par le comportement des fédéralistes. Peut-on se demander comment le PQ réagira à la vision de Justin Trudeau qui est dans le droit fil de la Charte des droits et libertés de son père ?
«There are shared values – openness, respect, compassion, willingness to work hard, to be there for each other, to search for equality and justice. Those qualities are What Make Us The First Postnational State.» (Justin Trudeau décembre 2015. (Cf. Note 1 infra.)
Le problème qui se pose concerne le dilemme entre «souveraineté vs fédération».
Sur cette question, je vous renvoie à mon commentaire pour le Le 5 @ 7 des amis de Vigilesamedi 29 octobre (2016) 1 message
Bruno Deshaies 328 visites 2016-11-16 10:19
Sur ce problème se superpose une réflexion indépendantiste sur la question du «théocratisme vs laïcisme». Un problème de société qui met en cause le statut et de la neutralité civique de l’État.
Épilogue
L’avenir du Québec dans la fédération canadienne nous est connu.
On est au nœud gordien du problème de tous les canadiens dans une fédération gérée par le
Canada-Anglais d’origine britannique ! Il s’agit de la question des nations qui existent et qui sont encadrées au sein de la fédération canadienne (au sens fort du terme). Le portrait est donc le suivant :
Lorsqu’une NATION parvient à obtenir un ÉTAT SOUVERAIN, en même temps, dans cet État, une foule de nationalités demeurent annexées. Il s’agit de voir quels sont les principaux types ou degrés d’annexion politique et de liberté collective conservée par la minorité.
Parmi les principaux types ou degrés d’ANNEXION politique, le cas du Québec ressemblerait à ceci :
«Nationalité groupée, majorité locale, maîtrisant un organisme politique régional officiel (province ou État provincial) et représentée dans l’État central par des députés élus directement par le peuple en général, indépendamment de l’organisme régional.»
Donc, ce serait le type ou le degré de liberté collective conservée par les «Canadiens français» du Québec dans cette situation au sein dans la fédération canadienne (cf. Maurice Séguin, Les Normes, Chapitre troisième : division 7 : «La nation annexée (subordination sur place et superposition)». Ce qui est toujours le statut du Québec actuel.
À l’évidence de l’histoire canadienne et du Québec après 1760, le gouvernement britannique ou l’État central veille principalement à tirer ou à exploiter le plus habilement possible cette «minorité locale» à son service et à son profit. C’est l’essence même du régime qui le veut et quel que soit les personnes qui le dirigent. Faites l’étude de tous les premiers ministres du Canada depuis 150 ans (en incluant Justin Trudeau), c’est toujours le même comportement et la même ligne de conduite : l’unité canadienne à tout prix. La courbe historique est archiconnue.
Un Québec qui ne cesse de s’auto-analyser.
Les essais, les pamphlets, les mémoires, les diatribes, les analyses ou que sais-je encore ne font que décrire sur des centaines de milliers de pages un état de fait que les indépendantistes sont supposés connaître. Pourtant, toutes ces démonstrations fleuves depuis plusieurs générations de «Canadiens» et de Québécois-Français n’ont pas fait bouger d’un iota la chape de plomb du fédéralisme canadian. Après la Crise d’Octobre, c’est plutôt le contraire. L’un des nôtres, Stéphane Dion, en est devenu l’apôtre vigilant au plan conceptuel et doctrinaire.
De notre côté nous avons aussi des éveilleurs de conscience. Un professeur de droit à la retraite de l’Université Laval, J. Maurice Arbour, a récemment exploité à fond la grille d’analyse de la décolonisation. Il a signé une longue diatribe digne des années 1960 sous le titre évocateur suivant : Cessons d’être des colonisés ! Le colonialisme canadien ? Feutré, déguisé, subtil et insidieux (Québec, Presses de l’Université Laval, 2015, xviii + 242 p.) Il faut lui reconnaître qu’il a donné de l’éclat à la démonstration de l’échec de libération nationale des Québécois. Dès la note 1 de son Avant-Propos, il écrit : «…je constate simplement que cette position se heurte au mur des réalités sociologiques indiscutables et réfère principalement aux Québécois francophones, quelle qu’en soit la souche» (p. xiii). Il condamne chez les Québécois-Français un colonialisme de gentlemen et de bonne compagnie.
À partir de son cheminement personnel et intellectuel, le Pr Arbour a surtout fait la description du poids de «la domination globale» par le colonisateur britannique sur la société québécoise. Il va même jusqu’à écrire au sujet des Québécois-Français : «À l’heure actuelle, ces colonisés assimilés n’ont plus rien à proposer et seraient même prêts à entériner le coup de force constitutionnel de 1981 pour liquider le passé et prendre l’autoroute de l’assimilation galopante. (p. 37)» Les douze chapitres montrent à quel point le pancanadianisme a forgé la pensée canadienne-française. Il réplique catégoriquement à «À bas la souche !» (p. 106-108) en ces termes : «Québécois nous sommes. Québécois nous resterons. (p. 108)» Le Canada-Anglais a déjà établi que «Un Canadien est un Canadien.»
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS. VIII
AVANT-PROPOS. XIII
1. Le réveil d’un colonisé. 1
2. Aux origines du colonisé. 21
3. Le cri de révolte du colonisé. 41
4. La disparition du colonisé. 63
5. La survivance du colonisé. 83
6. Le dessouchement du colonisé. 103
7. Une constitution coloniale. 123
8. Les institutions coloniales. 147
9. La domination coloniale. 163
10. Le bilinguisme colonial. 185
11. Le discours du colonisé au Centaure Theatre. 209
12. L’avenir du colonisé. 223
- La dépendance coloniale. 225
- L’indépendance. 228
- Pourquoi l’indépendance? 232
- Le Québec comme société globale. 232
- La conquête de la liberté collective. 235
- Les acquis des Québécois. 237
- Le poing levé en l’air. 240
La grille d’analyse de la décolonisation lui permet d’écrire : «Continuer dans la dépendance, c’est continué de vivre comme des colonisés.» (p. 225). Sous cet aspect, le Pr Arbour a confirmé le drame sociologique des Québécois-Français. Il décrit un «mur des réalités sociologiques indiscutables» qui perturbent notre état de «vie et condition de vie» comme société nationale. La preuve est accablante. Cependant, sa diatribe n’ouvre aucune possibilité au public d’évaluer la pertinence de faire l’indépendance (5). Je suis colonisé, je le reste. Après tout, on est bien au Canada ! ou encore on se dit, comme P. E. Trudeau au moment de la Crise d’Octobre : «Ce pays nous appartient !» et autrement dit : «Les Montagnes Rocheuses nous appartiennent».
Tant et aussi longtemps que nous demeurerons dans l’introspection et que nous nous ausculterons en permanence dans les moindres replis sociétaux, nous ne parviendrons jamais à convaincre un large public d’adhérer à la finalité d’une politique publique de la création d’une nation indépendante jouissant d’un État souverain. Or, la section consacrée à «La conquête de la liberté collective» (p. 235-238) n’est qu’un agrégat de toutes les privations et les humiliations que subit le colonisé québécois. Il y a une soixantaine d’années, l’historien Michel Brunet avait abordé tous ces thèmes-là. Mais le Pr Arbour en arrive aujourd’hui à ceci : «Si seulement une majorité claire de Québécois et de Québécoises pouvait rêver au pays du Québec…» (p. 237). Finalement : «Le combat pour l’indépendance nationale commence d’abord par la décolonisation des cerveaux. (p. 241)» La description mortifère proposée des relations Québec/Canada est habile. Toutefois, ce n’est pas le meilleur tremplin pour stimuler les ardeurs indépendantistes. Pourquoi ? Parce que le problème n’est pas que sociétal (c’est-à-dire dans nos comportements politiques de colonisé), il est national, c’est-à-dire de tout ce qui se rapporte aux autres collectivités (en l’occurrence le Canada-Anglais comme unité politique reconnue internationalement). Dans les faits, c’est un ensemble d’individus de même origine ou de diverses origines, encadrés de gré ou de force dans un système juridique, constitutionnel, système doté de la souveraineté politique. Pour la nation québécoise l’État fédérant c’est le Canada. Ce qui signifie que le tout est soumis à l’action et aux lois du gouvernement canadien. Comment faire comprendre aux Québécois et Québécoises notre état de nation annexée ? de remplacement ? et pourquoi il en est ainsi ?
Il faut parler de l’indépendance mais en envisageant le Futur avec courage et enthousiasme.
Le Futur du Québec : l’indépendance politique complète
Le Chef de l’Opposition et membre du Conseil exécutif national du Parti Québécois a du pain sur la planche pour mettre en marche une équipe spéciale dédiée à chercher le chemin critique pour parvenir jusqu’à la fin souhaitée (6).
Devant l’incontournable indépendance du Québec, il est ridicule d’errer invariablement entre l’indépendance, le souverainisme ou l’annexion permanente (PQ, CAQ et PLQ). Prendre collectivement position pour le Québec indépendant, c’est reconnaître une fin en soi intelligente, légitime et possible. Sur cette question de la plus haute importance, les Québécois doivent parler d’une seule voix. (Ce sur quoi le Pr Arbour est d’accord.) Mais parler d’une seule voix ? Nos intellectuels livrés à des analyses de sociologie politique (incluant les historiens de l’historien sociale rivés dans le passé) s’insurgent promptement contre le danger de la pensée unique. La liberté collective nous offrirait quoi en retour de toutes nos libertés individuelles ? On peut faire ce qu’on veut au Canada ! L’indépendance, c’est la pensée unique ; l’annexion, c’est notre état actuel et si l’on se compare on se console ! Voilà le genre de comportement politique que l’on retrouve généralement dans la société québécoise.
Ces travers ont été mis en évidence depuis longtemps et une fois de plus encore par le Pr Arbour. Pour les indépendantistes, la réflexion doit s’orienter dans le sens de l’optique indépendantiste (cf. Note 5). Cette approche doit offrir une réponse aux fédéralistes et par la même occasion satisfaire le désir d’indépendance de la collectivité nationale québécoise. L’explication sur les fondements de l’indépendance devient une priorité absolue, car toutes les autres approches ont échoué jusqu’à ce jour.
Ce serait une perte de temps que de commémorer le 150ième anniversaire de la Confédération par 150 événements des travers «humains» et d’incompréhension du régime à l’égard du Québec. Le régime est ce qu’il est centralisateur dans son essence. Le débat ne doit pas avoir lieu dans le régime mais sur le régime. Critiquer le régime, c’est faire le jeu des fédéralistes. Ils pourront laisser tomber un os de temps en temps pour calmer le jeu mais l’enjeu sera toujours le même : faire persister le régime d’union fédérale tel qu’il est – toujours évolutif et centralisateur !
Pour les fédéralistes la question qu’ils se posent est claire : «Pourquoi l’indépendance serait-elle préférable à la fédération puisqu’il n’y a pas de causes réelles pouvant justifier un tel geste ?» Indirectement, deux autres questions surgissent : «Une population qui voit ses droits respectés, pourquoi désirerait-elle aspirer à l’indépendance ? Ne perdrait-elle pas plus au change qu’elle en gagnerait ?» Ignorant son hypocrisie inconsciente (ou consciente), l’école fédéraliste saurait et en ferait d’ailleurs l’aveu qu’elle prend parti pour un nationalisme «sain», «ouvert» et «évolutif ». Et Justin Trudeau vient d’ajouter le qualificatif de «postnational».
Nous savons quand même que les relations entre les nations ne relèvent pas du rêve ou de fantasmes mais de la réalité, – autrement dit, de la «prépondérance de la plus grande force» qui est une combinaison de «forces» qui appartiennent à la collectivité majoritaire. Il ne s’agit pas d’une seule force brute mais de la force au sens le plus général, à la fois matérielle et intellectuelle et aussi d’un contexte particulier de temps, de lieu, de circonstances, etc. Un public informé sur la logique indépendantiste verra et décodera dans les Actualités de tous les jours les ambitions des défenseurs de l’idéologie fédéraliste jusque dans les images et les questions posées par les annonceurs sans compter les personnes qui sont invitées à commenter. Tous les ingrédient sont dans plum-pouding.
Selon Maurice Séguin, l’indépendance politique, économique et culturelle, ces «trois indépendances, indirectement, par interaction […] ne cessent pas de s'avérer nécessaires même si de fait elles sont concrètement impossibles, à une époque déterminée ou pour toujours…(?) ». La complexité des situations de nationalités au cours du XXe siècle démontre que l’indépendance des nations n’est pas rejetée aux oubliettes de l’histoire. Toutefois, il serait imprudent et téméraire d’imaginer la fin de l’humanité sans l’adoption universelle du modèle fédératif. Par contre, la coopération dans l’égalité de «status» est tout aussi possible et nécessaire. L’histoire le démontre
(7).
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NOTES
(1) «Trudeau’s Canada, Again.»Entrevue publiée dans The New York Times, 13 décembre 2015. Un extrait : «There are shared values – openness, respect, compassion, willingness to work hard, to be there for each other, to search for equality and justice. Those qualities are what make us the first postnational state.» Le futur de Justin Trudeau est clair : LE CANADA «MAKE US THE FIRST POSTNATIONAL STATE». Son objectif est évident selon cette brève description de sa philosophie politique. Son regard porte sur l’établissement d’un «État POST NATIONAL» (quelle belle expression chargée d’un lourd poids fondé sur l’individualisme et le libéralisme) : primauté des individus et extinction des nationalismes, sauf le sien, afin de préserver l’impérialisme de la nation canadian ! D’où son intérêt pour un programme massif d’immigration au cours des dix prochaines années. Après tout : «Un Canadien est un Canadien.» L’offensive médiatique est en marche tout azimut et sans réserve par le gouvernement canadien. C’est la finalité de l’idéologie fédéraliste canadian. Les indépendantistes doivent s’ouvrir les yeux sur cette signification d’un «premier État postnational» dans le monde. Le Canada est un chef de file de l’idéologie du fédéralisme.
(2) Un des dix membres du Conseil d'administration de l'IRAI. Il occupe les fonctions de Secrétaire et président du comité stratégie de l'IRAI. Physicien et conférencier, il travaille dans le milieu de l’environnement depuis 2004. Originaire du Saguenay, il milite activement pour l’indépendance du Québec, étant notamment candidat aux élections du Québec de 2012 et de 2014. Miguel est un pionnier dans le mouvement de libération des données et des logiciels gouvernementaux. Rassembleur et déterminé, il s’efforce de fournir aux Québécois les informations manquantes pour faire progresser le projet d’indépendance. Il a ainsi publié dans la dernière année une trilogie sur l’armée du Québec. Il a également sorti de l’ombre de la bibliothèque de l’Assemblée nationale, 1738 études sur l’indépendance publiées au cours des années 90. Il est auteur de vulgarisation scientifique sur son blogue depuis 2006. Il donne régulièrement des conférences sur différents sujets reliés à l’environnement, comme les changements climatiques ou la géo-ingénierie.
(3) Est-ce suffisant de dénoncer le colonialisme comme le fait l’ex-professeur de droit, J. Maurice Arbour, dans sa longue diatribe contre le colonialisme canadian tout en décrivant et décortiquant les contradictions de la pensée indépendantiste ? Et si nous en sommes rendus là où nous sommes, la cause se trouve dans le fait d’être des colonisés qui ne cessent de l’être. Il l’admet lui-même : «Il ne suffit pas de dire que le colonialisme est mort pour que la bête disparaisse à tout jamais.» (Voir Cessons d’être des colonisés ! p. 69.) Au fond, le Pr Arbour décrit «la domination coloniale» comme une « domination globale» (Chapitre 9), c’est-à-dire de la superposition des diverses emprises de la centralisation qui découle du fonctionnement du fédéralisme canadien.
Mais le mal est encore plus profond, car la centralisation existe in se dans la constitution de l’union fédérale canadienne dont, entre autres, par le partage des pouvoirs et le pouvoir de dépenser du gouvernement central. Il donne, entre autres, l’exemple de la prise en charge du domaine de l’éducation postsecondaire (p. 180-183). Pour dire les choses autrement, la nation canadienne jouit d’un État fédéral souverain et la nation québécoise, minoritaire, est une nation annexée qui jouit d’une autonomie provinciale limitée. Tout ce système tient au fait que la nation québécoise est une nation annexée. C’est plus compliqué que le colonialisme. Le Québec est plus ou moins une colonie qu’une PROVINCE. Le défi majeur consiste à cesser d’être une province et de ne plus penser en provincialiste ! La menace de notre de notre «domination» et de notre subordination politique est dans nos chaînes constitutionnelles qui nous ont été imposées. Mais notre évolution démocratique et une certaine conscience nationale nous font mal accepter le régime de fédération.
Cela dit, comment pourrons-nous apprendre à penser dans l’optique indépendantiste ? Le ton plaintif à l’endroit du fédéralisme n’a donné aucun résultat tangible. C’est toute l’histoire du conflit politique entre deux nationalismes au Canada. Il serait temps de passer à l’offensive de la défense du fait d’être indépendant et choisir des exemples de pays qui sont devenus indépendants. Les Québécois doivent s’affirmer et surtout défendre le besoin d’être une nation indépendante et de considérer ce fait comme un BIEN EN SOI. Apprendre à agir par soi collectivement et en tirer tous les bénéfices nationaux et internationaux. Voilà ce qu’il faut viser pour réussir son indépendance politique complète.
Les Canadiens de 1760 ont été conquis, défaits, occupés par un autre empire. Le territoire a été annexé ; la population coloniale française de la Nouvelle-France a dû se soumettre aux conditions d’une nouvelle Métropole, Londres. L’ancienne Colonie française est devenue la XVe Colonie britannique en Amérique du Nord de la Grande Bretagne. Par conséquent, une société coloniale française est devenue dépendante d’un autre gouvernement impérial. Ce transfert de Métropole a provoqué un changement radical quant au statut politique des «Canadiens». L’occupation que les Canadiens ont subie a provoqué un processus de remplacement, de subordination et surtout de privation collective de leur agir par soi collectif.
D’une colonisation de peuplement, les Canadiens sont passés sous un régime de colonisation d’exploitation comme peuple étranger contre la création de Nations de même origine, de même culture. Malgré tout, dans ce contexte précis de soumission collective, les Canadiens vont pratiquer naturellement comme majorité un nationalisme en tant que nationalité distincte et différente. L’important dans le récit de l’histoire du Canada, ce sont les relations générales, collectives, des deux nationalités canadienne-française et canadienne-anglaise établies sur un même territoire nommé Canada. Comme l’a écrit Maurice Séguin ce «sera cette lutte du PREMNIER CANADA français (ou de ce qui en reste) contre l’introduction ou l’édification du DEUXIÈME CANADA britannique. (Cf. Les Normes.) » Même si le nationalisme n’épuise pas toute la réalité dans l’histoire et que la dimension sociale demanderai un long exposé, il est plus utile d’étudier l’aspect national (cf. Histoire de deux nationalismes au Canada). Dans le cas du Québec, sa décolonisation ne peut se faire que par sa désannexion du Canada-Anglais. D’où le problème de bien savoir ce que c’est qu’une nation indépendante.
(4) En prenant en considération ce qui suit : «Voilà pourquoi en empruntant des sentiers inexplorés, la route devient souvent périlleuse : nous n’avons plus, pour exercer notre jugement, le réservoir d’expériences et d’habitudes voulues.» N’est-ce pas le cas des Québécois et des Québécoises au sujet de la trajectoire indépendantiste ? N’est-ce pas pourquoi les bienfaits du statut quo l’emporte sur les précieux avantages collectifs du futur par l’indépendance politique ? Et de combien d’autres problèmes de vie en société que Emmanuel-Juste Duits aborde comme le multiculturalisme, le libéralisme, la diversité, la tolérance ou l’opinion, etc. (Cf. Après le relativisme. De Socrate à la burqa, Paris, Éditions du Cerf, 2016, 189 p. Voir ses interrogations sur : « Les bienfaits du conformisme» p. 68-71.
(5) Le principe de l’indépendance complète d’une nation réside dans l’exigence fondamentale pour toute société dans l’agir (par soi) collectif à l’intérieur et à l’extérieur :
∙ agir collectivement (par soi),
∙ faire face soi-même aux obligations, aux pressions, etc.,
∙ tenter de résoudre soi-même ses problèmes internes et externes,
tel est l'instinct vital profond d'une société, quand elle veut durer et que cet instinct a la possibilité de se manifester librement.
(Maurice Séguin, Les Normes, Chapitre premier : «Vie et condition de vie», division 1 : -Vivre avec les autres, mais par soi
- Collaboration mais autonomie
- «Together but on our own feet».)
Ce sont les conditions fondamentales de l’existence d’une nation indépendante. Voilà l’aspect positif du véritable discours indépendantiste. Il s’accompagne de deux autres notions importantes à assimilées, à savoir :
- l’agir par soi : richesse d’être (pour la nation indépendante) ;
- le remplacement : oppression essentielle (pour la nation annexée et/ou fédérée).
L’idéal de l’indépendance selon ces principes vaut beaucoup mieux que l’idéal fédéral. Car aussi longtemps que dure la conscience d’être une nation distincte, cette nation demeure en posture pour mieux comprendre son annexion et le fait d’être gouverné (partiellement ou totalement) par une autre nation. Selon la logique indépendantiste, cette nation doit maintenant convenir de défendre la nécessité d’être en possession d’un État souverain en sachant que c’est un bien en soi – ce qui est bien loin d’être négligeable. Retenons que «la manière d’être sort de l’existence».
(6) Vicky Fragasso-Marquis, «PQ: Paul St-Pierre Plamondon lance ses consultations avec des ambassadeurs.» Dans L’Actualité, La Presse canadienne 13 Nov. 2016. Conférence de presse, dimanche le 13-11-2016. En lisant et relisant ce compte rendu de la conférence de presse, il est à se demander où peut aller cette quinzaine d’«ambassadeurs» de la consultation péquiste auprès de «trois électorats précis: les gens d’affaires, les jeunes de moins de 40 ans et les communautés culturelles». «Repenser le parti» avec certains électeurs qui le boudent depuis quelques années notamment pour éviter la possibilité qu’un Donald Trump québécois soit éventuellement élu dans la province.
Voici ce que Paul St-Pierre Plamondon entend réaliser : «Cette consultation devrait se conclure par le dépôt d’un rapport à la mi-avril 2017 et par des recommandations de réformes et de changements qui seront soumises «à la démocratie interne du parti» lors du congrès du PQ en 2017.»
Un premier commentaire dans Le Devoir par Jean-Pierre Martel, un abonné, qui réagit dès le14 novembre 2016 en ces termes : «Une consultation limitée par ses thèmes.» J'ai voulu m'inscrire [sur le site du PQ] mais on doit obligatoirement signifier son intérêt à participer à un évènement sous l'un ou l'autre des thèmes suivants: 'La diversité', 'Les professionnels, les entrepreneurs et les gens d'affaires' ou 'La relève'.
Dois-je comprendre qu"Oser repenser le PQ" se limite aux trois thèmes proposés ?
(7) Bruno Deshaies, «Petite leçon sur l'histoire de l’empire britannique. Lettre à l'intention des ministres Facal, Dion et Pettigrew.» Dans Vigile.quebec, chronique du 15 mars 2001 N. B. Pour l’hyperlien sur le texte d’Alain Dubuc sur «L’autre nationalisme» voir «Le Canada et ses mythes. L’autre nationalisme », La Presse, samedi, 10 mars 2001. À l’occasion de la deuxième conférence LaFontaine-Baldwin, Alain Dubuc a prononcé une allocution, hier soir, sur les grands mythes qui contribuent à former l’identité canadienne. Nous vous présentons ici, en même temps que le Globe and Mail , de Toronto, de larges extraits de cette causerie. La conférence LaFontaine-Baldwin est une initiative commune de l’Institut du Dominion et de John Ralston Saul. ICI.
(Toutefois, il faut utiliser la fonction recherche à «Alain Dubuc» pour trouver facilement le texte.) Les Québécoises et Québécois qui sont conscients de la nécessité de l’indépendance politique du Québec savent que le travail de sape pour débusquer l’idéologie fédéraliste exige un discours soutenu sur les bases des exigences du principe d’indépendance (cf. supra note 5). Il n’y a pas d’autres chemins.
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