Vote par anticipation: un «Hello», pas de «Bonjour»

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Le faux bilinguisme canadien

Des francophones qui ont décidé d’aller voter par anticipation, au cours du week-end dernier, ont reçu un accueil unilingue anglais. Résultat : une vingtaine de plaintes, provenant presque toutes de circonscriptions différentes, ont été envoyées au Commissaire aux langues officielles.


La directive officielle d’Élections Canada pour l’accueil des électeurs est le « Bonjour-Hello » au Québec et le « Hello-Bonjour », partout ailleurs au Canada.


Pourtant, en Ontario, des résidents de Rockland, d’Ottawa et de Sudbury, notamment, se sont plaints sur les réseaux sociaux qu’ils n’avaient pas été accueillis dans la langue officielle de leur choix.


C’est le cas pour Marie-France Tolsma, une résidente d’Ottawa. Malgré une petite affiche à l’accueil de son bureau de vote sur laquelle étaient indiqués les mots « français/anglais », elle a dû se résigner à s’exprimer uniquement en anglais. « Quatre employés étaient présents, et personne ne pouvait parler en français. Je suis entrée, j’ai dit bonjour, j’ai donné ma carte [d’information de l’électeur], ils m’ont donné les instructions en anglais. J’ai été obligée de continuer en anglais. »


Dans l’Est ontarien, Roger Bélanger a tenu à exprimer son désarroi dans une publication sur la page « Je suis Franco-Ontarien/Franco-Ontarienne ».


« Très déçu d’avoir été accueillis par une unilingue anglophone lorsque nous sommes allés voter par anticipation aujourd’hui à Rockland, vers 13 h », a-t-il écrit.


M. Bélanger affirme avoir été accueilli « avec un désolant, mais classique “Sorry, I don’t speak French” ».


La travailleuse électorale lui aurait répliqué qu’elle remplaçait quelqu’un d’autre pendant quelques minutes. M. Bélanger a ajouté qu’il n’est pas resté sur les lieux pour vérifier la véracité de cette affirmation, mais qu’il a toujours reçu des services en français à cet endroit dans le passé.



Sur Twitter, le titulaire de la Chaire de recherche en histoire de l’Ontario français de l’Université Laurentienne, Serge Miville, a lui aussi déploré son expérience. « Accueil et information en anglais seulement dans un bureau de vote par anticipation à Sudbury, et ce, malgré mon insistance », a-t-il écrit.


Ce n’est qu’en arrivant au bureau de vote désigné qu’il a reçu un accueil en français. « Bilan mitigé au final, tout comme la Loi sur les langues officielles », a-t-il conclu.


Scénario similaire pour la professeure et titulaire de la Chaire de recherche sur la francophonie et les politiques publiques de l’Université d’Ottawa, Linda Cardinal. « Même au PATRO à Ottawa, l’accueil est en anglais uniquement. »


Celle qui travaille au développement de la recherche à l’Université de l’Ontario français affirme aussi que personne ne lui a offert de communiquer en français. Ce n’est qu’après avoir insisté qu’elle a pu recevoir des services dans la langue officielle de son choix. « Élections Canada devrait envoyer une directive à ses employés et bénévoles. Il y a du sable dans l’engrenage. »


Un suivi est effectué chaque fois qu’une plainte est envoyée pour s’assurer que l’erreur ne se reproduise plus, souligne le conseiller principal des relations avec les médias d’Élections Canada, Ghislain Desjardins.


« Lorsqu’un travailleur électoral n’est pas capable de poursuivre la conversation en français, théoriquement, on a quelqu’un dans le bureau qui est bilingue. Sinon, il y a un autre service qui est disponible où on peut appeler pour pouvoir servir les gens. »


Lors du scrutin fédéral de 2015, 109 plaintes avaient été envoyées via le formulaire en ligne d’Élections Canada. Le Commissaire aux langues officielles en avait reçu 24.