Réponse à M. Brosseau

Vos commentaires sont pertinents et méritent une réponse circonstanciée

Chronique de Richard Le Hir

[M. Brosseau (commentaires)->29484],

Vos commentaires sont pertinents et méritent une réponse circonstanciée.

1. Je n'ai pas été démis, j'ai démissionné au lendemain du référendum pour deux raisons:
a) les propos que j'avais tenus sur les ondes de Radio-Canada le soir du référendum dans lesquels je qualifiais les propos de Jacques Parizeau d'inacceptables ne me laissaient pas le choix de faire autrement;
b) une enquête du vérificateur général était en cours relativement à l'attribution au secrétariat à la restructuration; cette première enquête, incomplète, fut suivie d'une seconde à l'issue de laquelle (mars ou avril 1996) mon personnel et moi-même furent entièrement blanchis. Le vérificateur-général conclut en revanche à un mauvais contrôle du ministère du Conseil exécutif, le ministère du premier ministre, de qui relevait toute l'administration du secrétariat à la restructuration. Le coupable fut identifié, poursuivi, et condamné à une sentence de 18 mois de prison ferme par le juge Yvan Mercier, de la Cour du Québec.
Curieusement au stade des représentations sur la sentence, une personne est venue témoigner en faveur de l'accusé. Il s'agissait de Jean Campeau, le ministre des Finances de Jacques Parizeau qui, je vous le signale au cas où la mémoire vous ferait défaut, avait démissionné la veille ou le même jour que moi. En rendant sa sentence, le juge Mercier avait ridiculisé la démarche de Jean Campeau et avait justifié la sévérité de sa sentence (dix-huit mois de prison ferme, c'est très rare dans un cas de ce genre) en invoquant "le tort causé à M. Le Hir"). Pour votre gouverne, aucune personne condamnée dans le cadre du scandale des commandites n'a reçu une sentence aussi sévère à ce jour, alors que les sommes en jeu étaient pourtant beaucoup plus importantes.

2. Contrairement à ce que vous affirmez, le secrétariat à la restructuration n'a jamais eu le mandat d'analyser les mémoires déposés devant les commissions régionales. Ce travail a été effectué par le secrétariat des commissions.

3. Contrairement à ce que vous affirmez, il n'y a jamais eu de "Comité Le Hir".

4. Vous prétendez m'avoir adressé un mémoire sur les erreurs du Rapport Matthews. Je suis bien prêt à vous croire, mais je dois vous dire qu'on ne m'a jamais transmis de tel rapport et que je n'ai donc jamais eu les moyens d'en prendre connaissance.

5. Vous avez raison de souligner que le Rapport Matthews causait problème. Et je maintiens que ses conclusions se situaient dans la fourchette de 7 à 11 milliards, que le premier ministre et moi-même avions jugée raisonnable. Je maintiens ma version des faits au sujet du différend sur le chapitre introductif de Matthews qui n'avait aucunement sa place dans une étude pareille. Et les choses se sont bien passées comme je le rapporte. Vous comprenez bien qu'au nombre de témoins qui seraient en mesure de me contredire, je ne pouvais pas me permettre de dire autre chose que la vérité. Sachez aussi qu'aucune des personnes familières avec les faits ne m'a jamais contredit.

6. Pour régler le problème de l'étude Matthews que je voulais pas publier tel quel, j'ai, le bureau du premier ministre étant à tout moment informé du progrès des démarches, décidé de confier la responsabilité de refaire l'étude à une équipe d'actuaires sous la direction de M. Lamonde. Le résultat de cette étude était encore meilleur que ce que nous attendions, autant au cabinet du premier ministre que dans mon équipe. La décision fut donc prise de mettre de côté le Rapport Matthews et d'aller de l'avant avec le rapport Lamonde. De toutes nos études, ce fut celle qui reçut le meilleur accueil. Même Alain Dubuc dut conclure qu'elle était irréprochable sur le plan de la méthodologie, et elle fixait le niveau du déficit d'un Québec souverain à 7 milliards. J'eus même droit aux félicitations de M. Parizeau sur le parquet de l'Assemblée nationale, dans un aparte avant le début de la période des questions.

7. Pour votre gouverne, les ministres n'interviennent pas à leur guise à l'Assemblée nationale. Ils reçoivent à cet égard des instructions du bureau du premier ministre et n'interviennent que si le premier ministre veut qu'ils le fassent. Je ne me rappelle pas du débat auquel vous avez fait allusion, mais sachez bien que si le bureau du premier ministre avait voulu que j'intervienne, je l'aurais fait.

M. Brosseau, je me rappelle parfaitement vous avoir rencontré dans le comté d'Iberville. Si ma mémoire est fidèle, c'est votre neveu, un avocat, qui avait fait les présentations. Je sais que vous êtes un supporter farouche de l'indépendance et j'ai souvent lu ou entendu vos commentaires dans les journaux ou dans les lignes ouvertes. Sachez que ce que vous savez et voyez de la politique n'est jamais que la part qu'on veut bien vous montrer. Si vous désirez obtenir d'autres précisions, je me ferai un devoir et un plaisir de répondre à vos questions.

Salutations cordiales




Richard Le Hir


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