Voici les cinq projets de mosquées à Toulouse et dans l’agglomération

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La conquête islamique de la France se poursuit


Après 13 ans de travaux, la grande mosquée de Toulouse a été inaugurée samedi 23 juin dans le quartier d'Empalot. D'autres édifices religieux sont actuellement en projet.



La grande mosquée de Toulouse, à Empalot, vient d'ouvrir ses portes.
La grande mosquée de Toulouse, à Empalot, vient d’ouvrir ses portes. (©Ville de Toulouse)


L’édifice est visible depuis le périphérique. La grande mosquée de Toulouse, dans le quartier Empalot, a été inaugurée le samedi 23 juin 2018, en présence de Carole Delga, présidente de la région Occitanie, et de Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse.


Un investissement de six millions d’euros


L’association du Cercle du dialogue civilisationnel (CDC) a réussi à collecter près de six millions d’euros pour ce nouveau lieu de culte … dont le chantier a démarré en 2005.


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Le rôle « facilitateur » de la mairie


Lors de l’inauguration, le maire de la ville s’est félicité de voir un projet permettant à des Toulousains de pratiquer leur culte « dans des conditions dignes, et non dans des caves ». 



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Jean-Luc Moudenc@jlmoudenc


Inauguration de la Grande Mosquée de à Empalot, après 13 ans de travaux. Nous avons été l’un des facilitateurs de ce projet car tout croyant, à Toulouse, a le droit et la liberté de pratiquer son culte dans des conditions dignes, et non dans des caves


 · Toulouse, France




Dans le cas de la mosquée d’Empalot, la mairie était propriétaire des terrains en 2005. Jean-Luc Moudenc, déjà maire à l’époque, estime avoir eu un rôle de « facilitateur » en acceptant de vendre à l’association du Cercle du dialogue civilisationnel (CDC). Une évaluation avait été réalisée par le service France Domaine.


Cinq nouveaux projets à Toulouse et dans l’agglomération


Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, et Carole Delga, présidente de la région Occitanie, lors de l'inauguration de la mosquée d'Empalot.
Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, et Carole Delga, présidente de la région Occitanie, lors de l’inauguration de la mosquée d’Empalot. (©Ville de Toulouse)


La grande mosquée d’Empalot ne suffit pas à répondre à la demande sur Toulouse. Plusieurs petites salles de prière permettent aujourd’hui de subvenir tant bien que mal aux besoins. La majorité des responsables religieux musulmans pointent toutefois un déficit de lieux de culte dans la Ville et l’agglomération.


1. Basso-Cambo : le (futur) plus grand lieu de prière de la Ville


L’inauguration de la future mosquée du Mirail – visible depuis les rames du métro, en direction de la station Basso-Cambo – est donc particulièrement attendue.


L’Association cultuelle et culturelle Islamique en France (ACCIF), à l’origine du projet, est propriétaire des terrains. Un responsable de l’association explique :



Nous avions acquis un terrain sous le premier mandat de Jean-Luc Moudenc, mais mal situé. Son successeur, Pierre Cohen, nous avait proposé de l’échanger contre l’actuel terrain au prix des domaines, ce que nous avons accepté. 



Une fois terminée, cette mosquée sera alors le plus grand lieu de prière de Toulouse, devant la cathédrale Saint-Étienne, avec une capacité de 4 000 fidèles.


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L’association assure que le financement est « 100 % français ». Au total, quatre millions d’euros ont été récoltés pour financer les travaux.


L’inauguration de l’édifice a été décalée à fin 2018 en raison d’un retard pris sur le chantier : un problème d’étanchéité lors de la pose de la coupole extérieure.


2. La Faourette : un permis de construire accordé


Du côté de Bagatelle, depuis 2016, les fidèles du Centre toulousain de la spiritualité musulmane (CTSM) ne peuvent plus pratiquer. Du moins dans la légalité. Après l’édification d’un chapiteau dans une habitation, située chemin de Bagatelle, l’association devait se mettre en conformité avec les règles d’urbanisme. Ses demandes de permis de construire ont toutes été rejetées jusqu’à aujourd’hui. Pour rappel, un arrêté de fermeture a été pris par la mairie pour des raisons de sécurité et d’accessibilité. Depuis, l’association conteste cette décision devant le tribunal administratif. 


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Non loin de là, un autre projet de mosquée est plus que jamais dans les cartons. Cette fois, c’est l’association Rahma qui en est à l’initiative. Un terrain d’une surface de 3 892 m2 a été acheté en 2017 à la mairie de Toulouse au prix de 234 000 euros. Il est situé place de la Réunion, à proximité de la rue du Cher. L’édifice pourra accueillir 900 fidèles.


Un permis de construire a été accordé et les travaux devraient commencer à l’automne. Reste la question du financement. Jusqu’à présent, 500 000 euros ont été récoltés, sur un projet estimé à 1,8 million d’euros.



Mejdoub Kassous, secrétaire de l’association Rahma, craint que ne se reproduise à Bagatelle la situation vécue à Empalot, où treize années furent nécessaires entre la pose de la première pierre et l’inauguration de l’édifice :



Nos fonds ont été récoltés grâce à l’argent des fidèles, des habitants du quartier. 



Il y a pourtant urgence. Actuellement, chaque vendredi, près d’un millier de fidèles prient dans une salle aménagée dans les caves d’un immeuble rue de la Faourette, appartenant à Toulouse Métropole Habitat. Cette situation perdure depuis 1982. La mosquée Rahma est l’un des plus anciens lieux de prière musulmans de la Ville. Avant sa création, la première génération musulmane priait avec l’aide d’un prêtre qui avait aménagé pendant quelques mois un espace d’accueil provisoire au sein de l’église du Saint-Esprit.


3. Une mosquée au nord de Toulouse 


Le quartier des Izards compte déjà une salle de prière. Elle est située depuis 2014 dans une maison aménagée pour accueillir du public. Problème, le lieu n’est pas en capacité d’accueillir la forte affluence lors de la prière du vendredi.  


Des tensions étaient apparues avec les riverains dès 2015, ces derniers s’exaspérant devant le stationnement jugé anarchique des véhicules. Depuis, la prière du vendredi est interdite et les fidèles sont obligés de s’éparpiller dans les autres lieux de culte de la métropole.


Cette solution ne satisfait pas la municipalité qui souhaite trouver un autre lieu pour l’édification d’un édifice religieux au nord de la ville. Laïd Yahia, président de l’ACCI (association cultuelle et culturelle des Izards), confirme à Actu Toulouse :



Le nord de Toulouse a besoin d’une mosquée digne de ce nom. Le maire en est conscient. Il est à notre écoute et accorde une attention particulière à notre projet.  



En 2016, la municipalité aurait d’ailleurs formulé une proposition écrite d’achat de terrain à l’association.  


« Il s’agit d’un foncier d’environ 6 000 m2 à proximité du collège Toulouse-Lautrec », décrit Laïd Yahia. « Nous sommes prêts à nous porter acquéreurs. Nous attendons désormais la concrétisation de cette proposition ».


Selon Laïd Yahia, ce projet d’édifice serait la « meilleure réponse à l’Islam des caves » en offrant « un lieu de culte décent » aux musulmans. De son côté, le président de l’association garantirait un financement exclusivement français. « Nous avons déjà commencé à récolter des dons auprès de nos fidèles », souligne-t-il. 


L’objectif est de construire – a minima – une mosquée pouvant accueillir jusqu’à 3 000 personnes. « Il ne faut pas voir petit », justifie Laïd Yahia. Pour autant, le projet de mosquée ne sera pas aussi ambitieux que celui d’Empalot ou de Basso-Cambo. « Nous ne sommes pas en mesure de récolter une telle somme et nous souhaitons que le projet aboutisse dans un avenir proche », conclut-il. 


4. Un projet à Portet-sur-Garonne


À Portet-sur-Garonne, au sud de l’agglomération, le maire Thierry Suaud confirme qu’un lieu de culte est en projet sur le territoire de sa commune :



Il s’agit d’un projet privé. Si la puissance publique n’a pas pour vocation à encourager tel ou tel projet religieux, elle ne peut pas s’opposer à l’édification d’un lieu de culte.     



Depuis plusieurs années, la communauté musulmane dispose d’un espace mis à la disposition de la mairie. « Un lieu digne pour l’exercice du culte existe déjà », confirme Thierry Suaud. Cependant, l’association Almisbah a acheté à un propriétaire privé un terrain de 4 000 m2 pour l’édification d’une mosquée pouvant accueillir environ 400 personnes. Selon les informations d’Actu Toulouse, il manquerait encore 230 000 euros pour financer l’édifice dont le montant des travaux étaient estimés à l’époque à un million d’euros.


Le choix du lieu semble problématique. « Le projet imaginé sur ces terrains n’est pas compatible avec l’aménagement de la ville », explique Thierry Suaud, rappelant que le Plan local d’urbanisme (PLU) est en cours de modification. « Le lieu choisi génère déjà beaucoup de trafic. Or, tout projet privé doit se faire en conformité avec les enjeux de développement de la commune ». Pour autant, l’édile se dit prêt à « éclairer » l’association lors de ses recherches de terrain.     


5. Blagnac : le financement reste encore à trouver  


Au nord-ouest de la métropole, le Cercle de la Fraternité Musulmane de Blagnac souhaite construire une mosquée sur un terrain de 920 m2 acheté à la mairie, à proximité de la déchetterie, au prix de 115 500 euros. Le maire de Blagnac, Joseph Carles, est personnellement impliqué dans le dossier. Il doit prochainement rencontrer les responsables de l’association.


Ce projet privé estimé à 925 000 euros est pourtant loin d’être financé. Selon l’association, il reste encoreplus de 650 000 euros à collecter. « Je serai très attentif à l’origine du financement », prévient Joseph Carles. Le projet prévoit la construction d’un édifice pouvant accueillir environ 400 fidèles. Le maire de Blagnac précise avoir veillé à ce que cette jauge ne soit pas dépassé : « Nous avons souhaité que ce futur lieu de culte reste proportionné par rapport à la taille de la ville ». La mosquée devait initialement être plus grande.


« La négociation a pris du temps, pratiquement deux ans », reconnaît le maire de Blagnac. À l’origine, la communauté musulmane priait dans une salle appartenant à la municipalité, à proximité du commissariat de police. Le lieu est rapidement devenu exigu, en particulier pour la prière du vendredi, rassemblant des centaines de pratiquants. « Les fidèles étaient obligés de prier dans la rue, ce n’est acceptable pour personne », souligne le premier magistrat de la ville. Un hangar de la ville – qui jouxte le terrain acheté par l’association – a donc été mis à la disposition du Cercle de la Fraternité Musulmane de Blagnac. À terme, une fois le chantier de la mosquée terminé, le hangar sera détruit pour permettre l’aménagement d’un parking. 


Qui finance les lieux de culte en France ?

En France, la loi de séparation des Églises et de l’État interdit au pouvoir public de participer au financement des édifices religieux. En revanche, pour les édifices du culte construits avant 1905, les frais d’entretien reviennent à la commune. L’État a lui la charge des cathédrales. Quand l’édifice est construit après 1905, c’est à l’autorité religieuse de financer son entretien. Les musulmans s’étant implantés en France principalement dans les années 1960, ces derniers doivent donc se débrouiller seuls… Des artifices juridiques permettent toutefois de « contourner » la loi de 1905. Une ordonnance de 2006 permet aux collectivités territoriales de recourir au bail emphytéotique administratif (BEA) pour la construction d’édifices religieux et affecter des terrains leur appartenant aux associations cultuelles pour leur permettre d’exercer leur culte, parfois pour un loyer symbolique. En contrepartie, les constructions réalisées sur le terrain concerné doivent intégrer le patrimoine de la collectivité à la fin du bail.

À Toulouse, la municipalité dit ne pas avoir encore eu recours à ce dispositif. Elle préfère donner aux associations cultuelles l’opportunité d’acquérir directement des terrains lui appartenant.