Vivre c'est agir

Réponse à Monsieur Bousquet

Tribune libre


Pour être interdépendant, pour tenir compte des autres il faut d’abord agir par soi-même.
Dans votre réponse vous dites : ’’il ne suffit pas d’en parler’’ et vous invoquez l’argument économique de la peur.
Voyez-vous, vous utilisez le terme ’en parler’, ce que l’on ne fait pas, au demeurant, alors qu’il s’agit d’informer, d’expliquer et finalement de convaincre, ce que l’on fait encore moins…
Et de convaincre de quoi finalement ? Il existe une vérité fondamentale : vivre c’est agir. C’est vrai au plan individuel, c’est vrai au plan familial, c’est vrai au régional et c’est vrai au plan national.
Un peuple qui se fait remplacer perd de l’initiative, des occasions d’agir et de penser et surtout perd de l’expérience. Il ne prend pas de risque , il ne tire pas de leçon.
Agir par soi au plan économique, politique et culturel permet de se développer, de s’épanouir. De vivre. Chaque fois qu’un autre agit à notre place, nous sommes diminués. Les facteurs économiques, culturels et politiques sont reliés, leur interaction peut être positive ou négative selon que l’on est remplacé avec plus ou moins de force ou selon notre indépendance dans l’exercice de notre agir dans chacun de ces facteurs.
En somme, vous proposez l’Union européenne, mais celle-ci s’est faite souvent contre le gré des population, l’Irlande n’avait-elle pas votée non ? Vous voulez passer de la province à l’État du Québec dans une espèce d’union confédérale idéale sans même prendre la peine de la définir et en faisant passer cela pour un changement politique mineur au reste du Canada, de manière à rassurer économiquement les Québécois pour qu’ils soient majoritaires dans l’appui à cette réforme, parce sans risque ?
Pourquoi ne pas plutôt montrer aux Québécois que l’économie québécoise est à risque tant que nous ne disposons pas de tous les pouvoirs politiques possible pour la diriger là où cela nous avantage ?
Un oui fera peut-être exploser le Canada, peut-être que cette crise donnera envie à l’Ontario de réclamer des pouvoirs, peut-être que trois blocs économiquement distincts se dessineront ? Nous contribuerons plus facilement à la construction d’une entente qui nous satisfasse en étant un État qu’en étant une province. Mais nous n’avons pas le pouvoir de changer le Canada, nous avons le pouvoir de nous donner un État.
Si c’est trop difficile de convaincre les Québécois, alors qu’un État est supérieur comme instrument politique pour un peuple qu’à tout autre institution, nous reverrons les options.
Mais pour l’instant, la seule option valable consiste à travailler pour communiquer un projet cohérent et infaillible au plan argumentaire.
On est passé d’un concept curieux de souveraineté-association à un concept plus clair de souveraineté et pourtant l’option a pris 10%.
La conciliation, le pacte, le partenariat, c’est une bouillie difficile à définir, à vendre puisqu’elle dépend de la bonne foi du Canada, DONC DE LA VOLONTÉ D’UN AUTRE PEUPLE SOUVERAIN. Cette position est un maillon philosophiquement faible, tandis que l’argument économique peut être renversé quand le quidam comprend qu’agir pas soi-même permet de mieux développer l’économie.
D’ailleurs, Si vous voulez négocier avec un peuple souverain, vous devez être son égal, pas une extension de son propre corps politique.
Garder la monnaie canadienne est un geste souverain, NOUS DÉTENONS 20% DES DEVISES. LES CANADIENS NE PEUVENT FAIRE DE GESTES DE MENACES SANS COMPROMETTRE DANGEREUSEMENT LEUR ÉCONOMIE, DE SAINT-JEAN À VANCOUVER. À l’ère de la mondialisation, on ne lance pas une nouvelle devise sans une préparation minutieuse, on peut parier sur une nouvelle devise et les Canadiens ne manqueraient pas de ses servir de cette menace pour nous mettre un couteau sous la gorge.
En tant qu’aspirant à l’indépendance, nous détenons un certain pouvoir, nous l’utilisons, souverainement pour garder la monnaie canadienne le temps que cela nous arrange. Cela n’a rien d’un ’partenariat-veux-tu-être-mon-ami’, c’est l’expression d’un rapport de force.
Ce qui est idiot, quand on nous menace de relancer l’échéancier référendaire et de faire la séparation, c’est justement de se taire.
On doit tendre la perche et dire OUI, nous voulons un pays, ça serait bien mieux que le Canada et forcer l’adversaire justement à débattre.
En définitive, les fédéralistes ne pourront que convenir que leur attachement est sentimental et qu’ils aiment le Canada en dépit des désavantages qu’il génère pour le Québec. Lorsque les fédéralistes admettront cela, il sera facile ensuite d’expliquer que l’identité canadienne est une construction fallacieuse, mais d’ici là, ce sont eux qui nous forcent à reconnaitre nos intentions cachées et nos plans alambiqués.


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    25 novembre 2010

    Je suis plein d'admiration pour votre constance pédagogique. 100 fois sur le métier, disait un certain Boileau.
    Oui, il faut constamment débarrasser M. Bousquet de ses tics bonententistes, de sa propre peur, de ses sophismes et de son messianisme.Lui redonner confiance, courage, détermination.
    Certaines gens sont des porteurs de doutes au point que ça fige leur pensée; telle une vérité révélée, leur foi refuse l'évolution, donc d'apprendre, d'enseigner, d'être pédagogue, bref d'agir.
    J'apprécie infiniment de vous lire. Merci
    Gaëtan Dostie

  • Archives de Vigile Répondre

    25 novembre 2010

    M. L'engagé, félicitations pour le ton modéré de votre intervention qui porte sur l'agir à la place du dire.
    D'accord avec vous mais le 49,6 % de OUI en 1995 a été une réponse qui était en faveur de la souveraineté-partenariat, pas pour une souveraineté simple.
    La souveraineté seule ne va chercher qu'environ 40 % dans les sondages depuis 1995. Je crois que c'est au-delà de la réalité parce que, dans l'idée des sondés québécois, l'association ou le partenariat est sous-entendu parce que le mot séparation "l'équivalant" n'allait chercher qu'environ 25 %. C'est la raison pour laquelle l'option de la souveraineté-association a été choisie par M. Lévesque, à la place d'indépendance ou de simple souveraineté.
    Dès que les fédéralistes relieraient souveraineté simple avec séparation, ce qu'ils ne manqueraient pas de faire à profusion, le prochain référendum serait perdu à l'avance, selon moi.
    En passant, en parler’ signifie aussi : informer, expliquer et convaincre. Essayez donc de convaincre, aux vertus de la souveraineté du Québec, votre voisin fédéraliste, à la première occasion, vous allez vous rendre compte de la difficulté de la chose. La peur n'est pas souvent une affaire de raisonnement
    Agir, pour moi, c’est, tenter de changer l’objectif constitutionnel du PQ vers une solution plus rassembleuse, à la place de tenter à l’infini, de changer les fédéralistes pour en faire des « séparatistes » solides, ce qui me semble une inutile perte de temps.
    Avant de tenter de deviner comment convaincre le roc à notre solution, faudrait commencer à convaincre les Québécois, ce qui n'a pas encore été fait pour autre chose que la fédération actuelle.