Bataille des plaines

Verner dit qu'elle ne pliera pas sous la menace

1759-2009: 250e de la bataille des Plaines d'Abraham


La Presse Canadienne Rémi Nadeau - La ministre fédérale responsable de la région de Québec, Josée Verner LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot - archives
Ceux qui s'offusquent de la commémoration de la bataille des plaine d'Abraham n'ont qu'à rester chez eux, avertit la ministre fédéral responsable de la région de Québec, Josée Verner.
Mme Verner a vertement répliqué vendredi au cinéaste Pierre Falardeau, qui a promis de perturber la reconstitution de la défaite de la Nouvelle-France aux mains des Britanniques, en compagnie d'autres militants du Réseau de résistance du Québec.

Après une allocution prononcée devant les membres de la Chambre de commerce de Québec, la ministre a refusé de remettre en question sa présence à l'événement, malgré la controverse et les risques de débordement.
«Il y a bien peu de gens qui me font fléchir sous la menace; l'ordre public, c'est l'ordre public», a-t-elle lancé avec fermeté, avant de s'adresser directement au cinéaste Falardeau.
«S'il est pour venir faire ce genre de choses à Québec qu'il reste donc chez lui, on n'a pas besoin de lui.»
Mme Verner a continué de défendre la commémoration préparée par la Commission des champs de bataille nationaux, affirmant qu'elle ne se déroulera pas dans un cadre festif, ni politique.
«On rappelle un fait historique, on le sait qu'on en a mangé toute une cette année-là (1759)», a martelé celle qui estime qu'il est du devoir de la commission de «préserver et de raconter l'histoire».
Elle réfute que la défaite française sera célébrée, même si la programmation du 250e anniversaire du tragique affrontement propose cet été un bal masqué et une croisière thématique.
Même si la ministre en défend la tenue bec et ongles, la délicate question de la commémoration de la bataille ayant fait plus de 1200 morts crée un malaise même au sein de son gouvernement.
Interrogé à ce sujet vendredi, après qu'il eut prononcé une allocution devant les membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le lieutenant québécois de Stephen Harper, Christian Paradis, a assuré qu'il n'assisterait pas à la reconstitution de la bataille.
«Moi, je n'irai pas, carrément pas», a-t-il confié, refusant aussi de lancer la pierre au groupe de Pierre Falardeau, qui promet de perturber l'événement.
«Ce n'est pas à moi de dire aux gens s'ils ont le droit de se mobiliser ou pas.»
En entrevue à La Presse Canadienne plus tôt dans la semaine, M. Falardeau avait attaqué l'événement de sa langue au vitriol, promettant de transformer la commémoration-spectacle en cauchemar.
«On va leur en faire une célébration. Tu vas voir qu'il y en a qui vont se faire brasser le cul. Les touristes à Québec j'en ai rien à crisser. Arrêtez de rire de nous autres», avait-t-il dit en substance.
De passage dans la capitale nationale vendredi, le lieutenant du Parti libéral du Canada au Québec, Denis Coderre, n'a pas exclu la possibilité qu'il assiste lui aussi à la controversée reconstitution historique, même s'il soutient que l'événement ne doit pas être politisé.
Le député libéral fédéral de Bourassa a déclaré qu'il pourrait se rendre sur les lieux en tant que «touriste» et non à titre de politicien.
M. Coderre a aussi jugé déplorable que certains groupes manifestent leur intention d'empêcher la tenue de l'événement, en faisant référence aux propos du cinéaste Falardeau.
Comme Mme Verner, le lieutenant québécois de Michael Ignatieff affirme que l'événement planifié n'a rien d'une célébration.
«Ce n'est pas une fête de la défaite, c'est un devoir de mémoire. S'il y a des événements dans notre vie qui ne font pas notre affaire, on ne doit pas les effacer, on doit apprendre d'eux», a commenté M. Coderre.
Au gouvernement du Québec, le premier ministre Jean Charest a fait savoir d'emblée qu'il n'assisterait pas à la reconstitution.
Le ministre responsable de la région de Québec, Sam Hamad, a également confirmé qu'il ne serait pas de la partie vendredi, alors qu'il prenait part au dîner de la chambre de commerce avec Josée Verner.
«Je ne serai pas là parce que j'ai choisi de ne pas être là, c'est tout. Avez-vous d'autres questions sur d'autres sujets?», a-t-il dit devant l'insistance des journalistes.
Il a refusé catégoriquement de porter un jugement sur les politiciens qui ont exprimé la possibilité d'assister à la reconstitution de la bataille.


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