Vaudou à l'Élysée - La poupée de Sarko

Nicolas Sarkozy - une caricature

C'est une histoire de pique sans effusion de sang. Une histoire de poupée gonflée à l'humour de potaches, donc sujette à la désapprobation de ceux et celles qui estiment que potache est synonyme de mauvais goût. On l'aura certainement deviné, la poupée en question, qui soit dit en passant n'est pas de grandeur nature, rassurez-vous, ressemble presque trait pour trait à Nicolas Sarkozy, ci-devant président de la République française et de l'Union européenne lorsqu'il en a le temps.
Bon. Le topo est le suivant: une société au nom tout ce qu'il y a de plus français, Tear Prod, a dessiné le modèle du jouet en question avant de le faire fabriquer, évidemment, en Chine. Elle a surtout accompagné ce concurrent de Barbie ou Ken, c'est au choix, d'un éventail d'épingles que le gamin peut planter dans des expressions inscrites sur le corps de la poupée, conformément au rite vaudou. Là, ça se corse quelque peu. Car...
Car certains de ces mots sont gros. Il faut insister sur le fait que ces derniers ont été prononcés par le président en personne, toujours devant témoins, donc irréfutables. Cela souligné, les formulations retenues sont les suivantes: «Casse-toi, pauvre con», «racaille», «travailler plus pour gagner plus» et autres expressions d'oiseaux qui permettent de rappeler ce constat du fin Raymond Queneau: «Ce n'est la faute des mots si certains d'entre eux sont gros.» Encore moins lorsqu'on est président.
Bien. Entre un aller-retour entre Moscou et la Géorgie et une tape sur le dos très austère de la chancelière Angela Merkel, qu'insupportent les familiarités du petit Nicolas, ce dernier a porté plainte. Au nom de quoi? Le droit à l'image, la sienne évidemment. C'est la sixième fois que le successeur de Jacques Chirac, dit Jacquou le Croquant, entame une procédure.
Après avoir pesé le pour et le contre de la plainte, après avoir écouté les avocats des parties en présence, le tribunal de grand instance de Paris a débouté le président. Dans le camp adverse, soit chez les socialistes, Ségolène Royal avait été le sujet d'un traitement analogue à celui de Sarko par Tear Drop. La veille ou l'avant-veille du jugement, son avocat avait déclaré qu'elle envisageait un geste identique à celui de Sarkozy, pour atteinte à la dignité de la personne humaine. Mais voilà, une fois la décision des juges rendue, elle a changé d'avis comme on tourne une crêpe, félicitant ces derniers d'avoir protégé «la liberté de caricaturer». Comme quoi, Royal et la cohérence, ça fait deux. Et même deux de pique.
Au fond, l'un et l'autre devraient implorer les services du légendaire Haïtien Baron Samedi, dont la fonction est de veiller sur l'esprit des morts un certain jour de la semaine. Ainsi, la République économiserait les louis d'or dépensés jusqu'alors à des fins inutiles.


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