Une rue Mordecai-Richler?

Richler-Amherst : les indésirables



Gabriel Béland - Les funérailles de Mordecai Richler ont eu lieu loin des caméras en juillet 2001. L'écrivain controversé est parti en catimini et Montréal n'a jamais pu lui dire adieu. Jusqu'à aujourd'hui.
Deux conseillers d'Union Montréal, le parti du maire Gérald Tremblay, veulent qu'on honore la mémoire de Mordecai Richler. Alors qu'approche le 10e anniversaire de sa mort, ils demandent à Montréal de nommer en son honneur une rue ou un lieu de la ville sur laquelle il a tant écrit.
«J'espère que parmi les gens qui n'ont pas apprécié certains de ses commentaires sur la souveraineté, certains reconnaissent sa valeur en tant qu'écrivain, a fait valoir hier Marvin Rotrand, leader de la majorité à l'hôtel de ville. Je pense que les gens raisonnables vont se concentrer sur sa contribution littéraire. Montréal vivait avec passion dans ses livres. Voilà pourquoi les Montréalais se reconnaissent dans son oeuvre.»
M. Rotrand et le maire de l'arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, Michael Applebaum, ont transmis leur demande au service de toponymie de la Ville. Ils entendent déposer une pétition à la séance du conseil municipal du 14 décembre. Hier soir, la pétition en ligne comptait moins de 150 signatures.
La sortie des deux conseillers coïncide avec la première, qui a eu lieu hier au cinéma Impérial, du film Barney's Version, tiré d'un des grands succès de l'auteur.
Propos controversés
«C'est une bonne idée», a lancé hier son fils, Noah Richler, qui a dit «espérer que les conseillers vont avoir le courage» de porter ce projet jusqu'au bout. «Je sais que plusieurs seraient choqués qu'une rue porte le nom de mon père. Mais ces gens-là n'ont probablement pas lu son oeuvre, ou entretiennent du ressentiment à cause de ce que d'autres personnes ont dit de lui», a-t-il ajouté.
Noah Richler, qui est écrivain et habite Toronto, ne tient pas absolument à ce qu'une rue soit renommée, précisant qu'une simple plaque au 5257, rue Saint-Urbain, indiquant que son père y a vécu, serait suffisante.
«De toute manière, la meilleure façon de se souvenir d'un écrivain, c'est encore de lire son oeuvre», croit-il.
Mais plusieurs Québécois se souviennent davantage des commentaires acerbes de Mordecai Richler sur le nationalisme québécois que de son oeuvre. «C'est un très grand auteur québécois, qui a, dans ses essais, dit des choses abominables sur le Québec», note l'ex-conseiller politique et blogueur pour L'actualité, Jean-François Lisée. Il estime néanmoins que Mordecai Richler mérite un lieu à son nom. «Je pense qu'on doit reconnaître la grande qualité de son oeuvre et je n'aurais aucune objection à ce qu'il y ait une rue Mordecai-Richler à Montréal. Au contraire, je trouverais ça normal.»


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