La campagne du partiel du vieux Gouin

Une pantalonnade magistrale

Quand les sans-dents se font passer un sapin

Chronique de Patrice-Hans Perrier

Nous avons fermé la boutique de notre chronique le temps de mettre notre nez dans les partielles du Comté de Gouin, le patelin des jeunes vieux.

Cette savoureuse campagne nous aura permis de mieux comprendre le modus operandi de la caste des politicards au manettes. Une campagne diffusée par les grands médias à la botte d’un agenda bien balisés, bien lissé, avec les fonctionnaires du « vivre-ensemble » toujours prêts à intervenir. Mais, laissez-nous donc le plaisir de dresser la table, avant que notre mémoire défaillante ne trahisse cette médiocre histoire.

Une répétition générale

La campagne des partielles de Gouin a été escamotée par les médias … alors que les tractations entre le Parti québécois et Québec solidaire s’attiraient les feux des projecteurs. Sorte de répétition générale, cette mise-en-scène allait permettre aux troupes de Gabriel Nadeau-Dubois de tester la mécanique de leur machine partisane sur un terrain laissé vacant par la bienveillance équivoque d’un Jean-François Lisée qui joue au chat et à la souris avec la gauche caviar du Plateau.

Toujours est-il que GND remportera, sans grande surprise, une victoire avec tout près de 70 % du vote dans son escarcelle. Les grands médias vont saluer ce « couronnement » magistral du jeune premier appelé aux plus hautes destinées. On se prend à faire des parallèles avec la victoire quasiment truquée d’un Emmanuel Macron, candidat libéral-libertaire moussé par les médias aux ordres. Plus ça va, plus les élections ressemblent à une pièce de théâtre de mauvais goût.

La démocratie est confisquée

Soyons clair, sans vouloir jouer au mauvais coucheur, les troupes de Québec Solidaire n’ont rien gagné dans Gouin. Les deux tiers des électeurs potentiels sont restés chez eux à regarder les mouches tourner autour de la télé, alors que les affairistes de la gauche-caviar occupaient tout le terrain de la joute électorale. Gabriel Nadeau-Dubois n’a convaincu que 22,5 % des électeurs inscrits, ce qui ne représente pas grand-chose en bout de ligne. Gouin étant un château-fort pour QS, on peut donc en déduire que la quasi-totalité des supporters de GND se sont rendus jusqu’aux urnes afin d’assurer leurs arrières.

Et pourtant, certains candidats mouton-noirs se sont fendus en quatre pour distribuer des milliers de dépliants et rencontrer une tonne de citoyens qui leur ont exprimé leur franche antipathie face au jeune candidat de la gauche-caviar du Plateau. Ce qui veut dire, en clair, que la très grande majorité des contempteurs de Québec solidaire n’a pas jugé utile de se prévaloir de son droit de vote. Comme d’habitude, seuls ceux qui tirent les marrons du feu – spéculateurs urbains, technocrates adoubés par la banque, bobos de service, pseudo-artistes ou fonctionnaires de l’industrie de la pauvreté – se déplacent pour aller voter pour la caste des politicards qui spolient l’argent public afin de garantir les prébendes de leurs petits amis. Le peuple des sans-dents – ceux qui ne possèdent pas l’espace nécessaire pour composter – reste tranquillement chez lui à jouer au dards en attendant que la joute électorale se dissolve.

La démocratie représentative : du théâtre de boulevard

On parle de démocratie représentative – comme dans une représentation théâtrale – et non pas d’un système de démocratie effective. Plus ça va, plus les gouvernements sont élus avec une portion ridicule de l’électorat réel – moins de 25 % des électeurs inscrits pour QS dans Gouin et les Libéraux à l’échelle du Québec – alors que la masse des abstentionnistes se gonfle chaque jour d’avantage. Il est à craindre – ou à espérer, c’est selon – que le peuple finisse par organiser des élections virtuelles pour le compte d’une démocratie 2.0, dans un contexte où le Parlement n’est plus qu’une salle de théâtre mettant en scène de mauvais acteurs.

Et, tant qu’à parler de théâtre, qu’il nous soit permis de mettre un point d’orgue à notre petit reportage. En effet, cette calamiteuse campagne nous aura permis d’humer l’odeur fétide de ce Comté édenté par la spéculation immobilière et la charia d’une gauche-caviar qui perd les pédales par les temps qui courent. Triste pantalonnade que cette élection qui ne défrayait aucunes manchettes, alors que les inondations et le milliard gaspillé pour les festivités du Maire de Montréal obnubilaient l’imaginaire médiatique.

Une autre élection bidon

Comme il s’agit d’un mandat de très courte durée, on peut, conséquemment, anticiper que le Parti québécois ne se gênera pas pour présenter un poids lourd face à Gabriel Nadeau-Dubois lors de la prochaine élection générale prévue pour … 2018. Les Libéraux et tutti quanti risquent fort de piétiner, alors que tous les autres petits partis seront conviés à rejouer, pour une énième fois, le rôle des ineffables bouche-trous. Parce que c’est la triste réalité : les petits partis n’existent que pour donner la réplique aux grandes formations qui ont été programmées par les metteurs en scène de la politique spectaculaire.

Il est tout de même savoureux de remonter les ficelles de ce théâtre de Guignol pour réaliser que, de Paris à Montréal, c’est l’hyperclasse cool et hypocrite qui donne le la. Les élections partielles de Gouin ont servi, dans les faits, à conforter l’oligarchie face à l’avachissement de la masse informe des électeurs « dûment » homologués par le système.

Le « vivre-ensemble » aura sauvé les apparences !

Patrice-Hans Perrier

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Patrice-Hans Perrier est un journaliste indépendant qui s’est penché sur les Affaires municipales et le développement urbain durant une bonne quinzaine d’années. De fil en aiguille, il a acquis une maîtrise fine de l’analyse critique et un style littéraire qui se bonifie avec le temps. Disciple des penseurs de la lucidité – à l’instar des Guy Debord ou Hannah Arendt – Perrier se passionne pour l’éthique et tout ce qui concerne la culture étudiée de manière non-réductionniste. Dénonçant le marxisme culturel et ses avatars, Patrice-Hans Perrier s’attaque à produire une critique qui ambitionne de stimuler la pensée critique de ses lecteurs. Passant du journalisme à l’analyse critique, l’auteur québécois fourbit ses armes avant de passer au genre littéraire. De nouvelles avenues s’ouvriront bientôt et, d’ici là, vous pouvez le retrouver sur son propre site : patricehansperrier.wordpress.com





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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    7 juin 2017

    ( svp publier cette version et non la précédente )
    La démocratie est de déléguer le pouvoir aux décisions, pas à quelques décideurs.
    Nous ne sommes pas en démocratie.
    Le présent système est une fraude, masquant la spoliation du pouvoir sous couvert d'apparence de choix populaire.
    Il est conçu pour spolier au peuple son pouvoir et le remettre aux aristos, larbins gestionnaires de la volonté de sa Majesté ( n'est-ce pas que GND a été larbin de ne pas refuser de lui jurer fidélité ? ), manipulés par leurs vanités.
    Le refus de voter est un vote de refus.
    Massivement ne pas voter, ferait s'effondrer ce système frauduleux, en créant chez le peuple la claire perception-compréhension que quoi qu'il exprime, le système installe sans légitimité, sans pouvoir délégué, des candidats prédéterminés.
    Son effondrement est requis à son remplacement, car on ne peut reconstruire sans effondrer des fondations viciées.
    On peut être chanceux et avoir accès à une quasi-proportionnelle bricolée, permettant d'instancier une proportionnelle, permettant d'instancier une démocratie.
    Mais le refus de voter, ou voter pour les marginaux, est requis à exsanguer les pouvoirophages installés faisant obstruction au changement.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 juin 2017

    La démocratie est de déléguer le pouvoir aux décisions, pas à quelques décideurs.
    Nous ne sommes pas en démocratie.
    Le système est conçu pour spolier le pouvoir du peuple, pour le remettre aux aristos, larbins gestionnaires de la volonté de sa Majesté ( n'est-ce pas que GND a été larbin de ne pas refuser de lui jurer fidélité ? ), manipulés par leurs vanités.
    Le refus de voter est un vote de refus.
    Massivement ne pas voter ferait s'effondrer le système, en créant chez le peuple la claire perception-compréhension que quoi qu'exprime le peuple, le système installe sans légitimité par pouvoir réellement délégué des élus prédéterminés.
    Le système est une fraude, masquant la spoliation du pouvoir sous couvert d'apparence de choix populaire.
    Massivement ne pas voter ferait s'effondrer cette fraude, ce qui est requis à son remplacement, car on ne peut remplacer sans effondrer des fondations viciées.
    On peut être chanceux et avoir accès à une quasi-proportionnelle bricolée, permettant d'instancier une proportionnelle, permettant d'instancier une démocratie.
    Mais le refus de voter, ou le vote de protestation vers les marginaux, est requis à exsanguer les pouvoirophages installés et faisant obstruction totale.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    7 juin 2017

    "...le milliard gaspillé pour les festivités du Maire de Montréal "... et de son bouffon Rozon: lumières sur le pont (pour 10 ans, disent-ils) comme signature de Montréal, au lieu d'un toit sur un Stade déjà Signature mais qui rapporterait au centuple.

  • Archives de Vigile Répondre

    3 juin 2017

    C'est malheureusement un texte fort réaliste. Depuis quelques années, la démocratie, la vraie, n'existe plus, remplacée par le ploutocratie, c'est une évidence. Il n'y a qu'un point que je voudrais relever c'est que Emmanuel Macron a été élu par un truquage éhonté de la volonté et le désir des électeurs. C'est le mot ''presque'' avec lequel je ne suis pas d'accord. Les médias de masse sont au service du système, c'est de plus en plus clair. En France et même au Québec, Marine Le Pen s'est fait salir méchamment par la presse pour ouvrir la voie royale à ce Macron. Tout sauf le FN disait-on. Comment peut-on encore appeler ça de la démocratie.
    Ivan Parent