Une nouvelle architecture mondiale émergera d’un nouveau conflit global.

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«La destruction du «monde de Yalta» est entrée dans sa phase finale»

Texte d’Andrei I. Foursov, membre du Club d’Izborsk, Directeur de l’IFPI, Institut des recherches fondamentales et appliquées de l’Université des Sciences Humaines de Moscou, historien, publiciste et sociologue. Ce texte, publié sur le site du Club d’Izborsk, est extrait d’un entretienaccordé le 04 février au journal « Svobodnaia Pressa ».
Le 4 février 2015 correspond au 70e anniversaire de l’ouverture de la Conférence de Yalta. Au cours de celle-ci, trois grandes puissances de l’époque, vainqueurs de la deuxième guerre mondiale, l’URSS, les États-Unis et la Grande Bretagne convinrent des principes de base d’une nouvelle architecture mondiale.En 1989, avec la destruction du mur de Berlin et la réunion des Allemagne, commença l’érosion du «monde de Yalta». Celle-ci se prolongea jusqu’à la chute de l’URSS et de la Yougoslavie.
Le reste d’ordre et les espèces de règles encore admises aujourd’hui dans les relations internationales sont liés à la Conférence de Yalta. Ce fut Mikhaïl Gorbatchev qui en 1989 commença à détruire ce monde, fondé en résultat des accords des trois grands États en février 1945, lorsqu’il autorisa la réunification de l’Allemagne. Après la destruction du mur de Berlin, le « monde de Yalta » commença à s’effondrer peu à peu. Aujourd’hui, un quart de siècle plus tard, il est détruit. Pas entièrement, mais au moins dans une très grande mesure.
Ils sont naïfs, ceux qui aujourd’hui espèrent en la conclusion de quelque nouvel accord qui serait respecté par la communauté mondiale. C’est uniquement suite à des secousses sérieuses et des guerres mondiales qu’ont émergé les nouveaux système mondiaux: Westphalie, Vienne, Versailles et Yalta. Chaque fois, les vainqueurs dictèrent leurs conditions aux vaincus. Quand l’URSS fut «perdue» par Gorbatchev et sa bande, personne n’a formellement évoqué la destruction du «monde de Yalta». La Russie succéda à l’URSS. On ne l’exclut pas des rangs des grandes puissances, mais comme le montra l’expérience yougoslave, les États-Unis et leurs alliés ne voulaient plus tenir compte de notre avis. Une seule chose contribuait à maintenir en vie le «monde de Yalta»: la possession par la Russie de l’arme atomique, en quantité telle qu’elle nous permettait de détruire les États-Unis. Ces derniers temps, la confrontation entre la Russie et l’Occident s’est de nouveau aggravée. Récemment encore, Obama a déclaré que, sous le prétexte de la crise ukrainienne, les États-Unis allaient renforcer la pression sur la Russie. A mon avis, tout cela indique que la destruction du «monde de Yalta» est entré dans sa phase finale. Une nouvelle architecture mondiale ne pourra émerger que d’un nouveau conflit global, lorsque les vainqueurs imposeront leur volonté aux vaincus.
Un nouveau conflit ne doit pas forcément adopter une dimension nucléaire. Ce pourrait être un conflit du type de la guerre de trente ans, au XVIIe siècle, qui de fait fut la première guerre mondiale. Elle se déploya à travers une série de conflits locaux, dispersés dans l’espace et dans le temps, et concerna pratiquement toute l’Europe. Aujourd’hui, nous observons des foyers locaux de guerre au Proche Orient et en Ukraine. On pourrait nous en imposer d’autres dans le Caucase et en Asie Centrale. Cela nous placerait dans une situation où le périmètre de nos frontières serait encerclé par une sérieuse zone de conflits.
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