Quoi qu'en pense le ministre des Finances Michel Audet, la redevance sur l'eau coûtera cher à Hydro-Québec, qui devra refiler une facture annuelle de 500 millions $ aux consommateurs d'électricité, estiment les industriels québécois.
Hier, au lendemain du dépôt du deuxième budget Audet, peu d'observateurs croyaient aux propos du ministre à l'effet que la redevance perçue sur l'eau turbinée par les barrages d'Hydro-Québec n'aura pas d'impact sur les tarifs d'électricité.
"C'est de la frime de dire que cela ne coûtera rien. Les consommateurs vont passer à la caisse et la facture sera salée", a indiqué Luc Boulanger, de l'Association québécoise des consommateurs industriels d'électricité (AQCIE).
À partir de 2008, la division Production de la société d'État devra notamment verser plus de 500 millions $ par année dans le Fonds des générations, une cagnotte qui servira au fil du temps à éponger une partie de la dette du Québec.
Les industriels québécois, qui consomment des quantités significatives d'électricité, craignent que le gouvernement Charest modifie d'une façon ou d'une autre la loi garantissant aux Québécois un bloc d'électricité dit "patrimonial" à 2,79 ¢ le kilowattheure (KWh) pour assumer cette nouvelle facture refilée à Hydro-Québec.
Créé en 2000 par la loi 116, le bloc dit patrimonial vise à protéger les consommateurs québécois contre des fluctuations importantes de prix tout en les faisant profiter des retombées de la construction de barrages hydroélectriques. "Il y a un danger que l'on tente de nous faire croire toutes sortes de choses, mais les faits demeurent, la facture devra être assumée par quelqu'un", a souligné le porte-parole de l'AQCIE.
Du côté de l'Union des consommateurs aussi, l'heure est à l'inquiétude. "On est sceptique. On craint que cette redevance ne se traduise dans les faits par de nouvelles hausses de tarifs déguisées", a fait valoir Charles Tanguay.
Hydro persiste
Chez Hydro-Québec, on dit avoir pris acte de la nouvelle commande du ministre Audet de générer 500 millions $ supplémentaires pour le Fonds des générations, et ce, dès 2008. La société d'État estime être capable de trouver cet argent sans procéder à des compressions, ni à des hausses de tarifs, ni à une baisse du dividende remis au gouvernement.
"On profite d'un marché d'exportation très favorable et qui va le demeurer. On va pouvoir assurer le maintien de la rentabilité tout en faisant de l'accélération, de la mise en service accélérée de certaines installations qui vont produire de nouveaux revenus", a laissé entendre hier le pdg d'Hydro-Québec, Thierry Vandal.
Pour Hydro-Québec, il ne fait pas de doute que le démarrage des nouveaux projets hydro-électriques comme ceux d'Eastmain-Rupert, la Romaine et de Péribonka vont aider à remplir le défi lancé par le ministre Michel Audet.
Il y a aussi le lucratif marché ontarien qui demeure toujours dans la mire de la société d'État. Au cours des prochains mois, Hydro-Québec pourrait d'ailleurs annoncer la construction d'une nouvelle interconnexion de 1250 mégawatts avec le réseau électrique ontarien. La facture de ce lien avec l'Ontario s'élèverait à 350 millions $.
Redevance sur l'eau
Une facture salée pour Hydro
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